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Colombie : Le gouvernement veut un cessez-le-feu avec la guérilla de l’ELN

Le gouvernement colombien aura pour priorité dans ses prochaines négociations avec la guérilla de l’ELN de s’accorder sur un cessez-le-feu, a souligné le chef de la délégation gouvernementale à ces discussions, estimant qu’à défaut la poursuite de pourparlers n’aurait « aucun sens ». « Il est nécessaire de s’accorder sur un cessez-le-feu bilatéral avec l’ELN lors du prochain round de négociations », a déclaré Otty Patino, dans un entretien avec une radio nationale. « Il ne suffit pas de parler, il faut parvenir à un accord de cessez-le-feu. C’est la première chose » à faire. « Être à la table (des négociations) et ne voir aucun progrès vers la fin du conflit, cela n’aurait aucun sens de continuer » de négocier, a estimé M. Patino. Sous l’impulsion du nouveau président de gauche Gustavo Petro (élu à l’été 2002), le gouvernement négocie depuis fin 2022 avec la guérilla d’extrême gauche et d’inspiration guévariste de l’Armée de libération nationale, dernière guérilla constituée comme telle encore active en Colombie. La mort de neuf soldats colombiens le 29 mars, tués par l’ELN dans une embuscade, a cependant suscité le doute sur la suite de ces discussions, le président Petro annonçant des « consultations » sur la suite des pourparlers. Un premier cycle de négociations avait pris fin en décembre à Caracas avec l’annonce de la libération d’otages et des actions humanitaires. Le président Petro avait alors annoncé un cessez-le-feu avec l’ELN et plusieurs autres groupes armés mais l’ELN avait immédiatement démenti un tel accord. Au terme d’un deuxième cycle au Mexique, le 10 mars, les deux parties se sont engagées à entamer des pourparlers en vue d’un cessez-le-feu. Un troisième cycle est prévu cette fois-ci à Cuba, qui pourrait débuter le 26 avril, a précisé mardi M. Patino. L’ELN a justifié l’embuscade du 29 mars par son droit à « riposter aux attaques » de l’armée colombienne, tant qu’aucun accord de cessation des hostilités n’a été conclu. Elle a cependant réitéré sa « volonté » et sa « disposition à travailler pour arriver à un cessez-le-feu ». Le compte Twitter d’Antonio Garcia, le chef de l’ELN, a par ailleurs été suspendu mardi, après ce qui a été interprété comme des menaces contre deux journalistes colombiennes qui avaient critiqué la guérilla ces derniers jours dans leurs colonnes dans El Pais et l’hebdomadaire Semana. M. Garcia a interpellé les deux femmes, Maria Alejandra Villamizar et Vicky Davila, en citant une chanson d’un chanteur populaire colombien disant « tu souffriras, tu pleureras (…) ». « Nous condamnons catégoriquement les intimidations du commandant de l’ELN contre » ces deux journalistes, a réagi la FLIP, principale organisation de défense de la presse en Colombie. « Nous rejetons les messages menaçants contre » ces journalistes, a commenté sur Twitter le président Petro. « Tout homme armé qui parle à des journalistes désarmés doit savoir que sa seule présence, sa seule parole peut représenter une menace potentielle », a jugé M. Petro, parlant dans ce cas précis d’une « atteinte à la liberté de la presse ».

R.I.

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