Culture de graines oléagineuses: 400.000 hectares mobilisés
Dans un contexte mondial marqué par des tensions croissantes sur les marchés agricoles, l’Algérie intensifie ses efforts pour consolider sa sécurité alimentaire. Au cœur de cette stratégie se trouve le développement ambitieux des cultures oléagineuses et du maïs-grains, un enjeu majeur pour réduire la dépendance aux importations et stimuler la production nationale. Dans ce contexte, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a lancé une série d’initiatives visant à promouvoir et à développer les cultures oléagineuses sur l’ensemble du territoire national et notamment via le développement de l’agriculture saharienne. Cette démarche s’inscrit dans le cadre du plan agricole 2025-2029, qui vise à encourager les opérateurs agricoles à investir dans ces cultures stratégiques.
Pour concrétiser cette vision, le ministère a organisé une cette semaine des journées de sensibilisation dans plusieurs wilayas du Sud du pays, rassemblant agriculteurs, opérateurs agricoles et autres acteurs clés du secteur. Hier et lors d’une rencontre organisée à Timimoune, Hanane Labiad, directrice de la valorisation et de la promotion des produits agricoles au ministère, a souligné l’importance de l’adhésion de tous les acteurs à ce programme national. L’appel à la mobilisation s’étend au-delà des agriculteurs traditionnels. Les grandes entreprises nationales telles que Cosider et Agrodiv, ainsi que des partenaires étrangers, sont invités à participer activement à cette initiative.
Pour faciliter l’accès des investisseurs aux terres agricoles, le gouvernement a mis en place des mesures incitatives. Une superficie impressionnante de 400 000 hectares a été mise à disposition des investisseurs potentiels via une plateforme numérique gérée par l’Office national de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes (ODAS) et l’Office national des terres agricoles (ONTA). Cette initiative s’accompagne d’efforts pour récupérer le foncier agricole non exploité, dans le but de maximiser le potentiel productif du pays. Ces mesures témoignent de la volonté des autorités de lever les obstacles administratifs et logistiques qui pourraient freiner le développement du secteur. Les premiers résultats de cette politique sont encourageants. À Timimoun, dans le périmètre agricole d’Amguiden, l’expérience de développement des cultures oléagineuses a donné des résultats qualifiés de « probants » par Yacine Karimi, secrétaire de la Chambre de l’agriculture locale. Sur une superficie de 700 hectares, les rendements obtenus la saison dernière ont dépassé les attentes, incitant à une extension des surfaces cultivées pour la saison à venir. Ce succès local illustre le potentiel de développement des cultures oléagineuses dans les régions sahariennes, traditionnellement peu exploitées pour l’agriculture intensive. Il ouvre la voie à une valorisation des terres arides, contribuant ainsi à la diversification géographique de la production agricole algérienne.
Le développement des cultures oléagineuses va au-delà d’un simple projet agricole. Il s’agit d’un véritable enjeu stratégique pour le pays, touchant à la fois à la sécurité alimentaire, à l’indépendance économique et au développement rural. En réduisant sa dépendance aux importations de produits oléagineux, l’Algérie cherche à se prémunir contre les fluctuations des marchés internationaux et à renforcer sa résilience face aux crises alimentaires mondiales. Cette stratégie s’inscrit également dans une logique de développement durable, en valorisant les ressources naturelles du pays et en créant des emplois dans les zones rurales.
Lyna Larbi