Culture

Il y a 20 ans, Yahia Benmabrouk nous quittait: L’Apprenti, une figure tutélaire de la culture algérienne

Il y 20 ans, jour pour jour, Yahia Benmabrouk, cette icône incontournable du théâtre et du cinéma algériens, nous quittait. Connu sous son célèbre nom d’artiste « L’Apprenti », il a laissé une empreinte indélébile sur la culture algérienne grâce à son talent créatif et son engagement passionné.

Né le 30 mars 1928 à Alger, Yahia Benmabrouk a fait ses premiers pas sur les planches en 1940, lorsque le légendaire Mustapha Kateb l’a appelé à remplacer un jeune comédien. Dès lors, une étoile montante était née, destinée à briller de mille feux au service de la révolution algérienne. En 1956, victime d’un attentat perpétré par des extrémistes français, Benmabrouk a dû interrompre temporairement sa carrière. Cependant, en 1958, il a fait un retour remarqué en rejoignant la troupe artistique du Front de Libération Nationale, fondée en Tunisie. Après l’indépendance, « L’Apprenti » a connu une carrière prolifique au Théâtre national algérien, incarnant des rôles mémorables dans des pièces emblématiques telles que « Hassan Terro », « L’homme aux sandales de caoutchouc » et bien d’autres. Sa présence sur scène, aux côtés de grands noms comme Rouiched, Allel El Mohib et Sid Ali Kouiret, a fait de lui un pilier incontournable du théâtre algérien post-indépendance.

Au cinéma, son duo légendaire avec Hadj Abderrahmane a marqué les esprits dès 1967. Ensemble, ils ont offert aux Algériens des pièces cultes comme « L’Inspecteur Tahar » et ses suites, où Benmabrouk incarnait avec brio le personnage décalé et humoristique de « L’Apprenti ». Ces films ont connu un immense succès populaire et sont devenus des classiques intemporels. Mais au-delà de la comédie, Yahia Benmabrouk a aussi brillé dans des rôles dramatiques. Son interprétation poignante dans le chef-d’œuvre « Chroniques des années de braise » de Mohammed Lakhdar-Hamina, Palme d’Or au Festival de Cannes 1975, restera gravée dans les mémoires. Il y incarnait la dure réalité des Algériens sous l’oppression coloniale française.

Après le décès de son ami Hadj Abderrahmane en 1981, Benmabrouk s’est fait plus discret, avant un retour remarqué dans « Le Clandestin » de Benamar Bakhti en 1989. Dans les années 90, il a continué à partager son talent dans des films comme « Cheb » de Rachid Bouchareb et la suite très attendue « Les Vacances de l’Apprenti ». Tout au long de sa carrière prolifique, Yahia Benmabrouk a été la voix du peuple algérien, célébrant son identité, ses luttes et ses espoirs à travers un vaste répertoire d’œuvres marquantes. Son décès le 9 octobre 2004 a laissé un vide immense dans le paysage culturel algérien.

Vingt ans après sa disparition, « L’Apprenti » reste une figure tutélaire, symbole de la résilience artistique d’un pays qui a su transformer les cendres de la colonisation en flammes créatrices. Son héritage continuera d’inspirer les générations futures d’artistes algériens.

Mohamed Seghir

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