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L’Algérie fait le pari de l’hydrogène

Les géants énergétiques nationaux Sonatrach et Sonelgaz ont signé hier à Oran des accords avec des entreprises italienne, allemande, autrichienne, mais aussi espagnol. En ligne de mise la concrétisation du projet « SoutH2 Corridor » devant permettre l’acheminement d’hydrogène vert algérien vers l’Europe centrale via l’Italie, mais aussi l’exportation d’hydrogène vers l’Espagne.

Le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab a souligné, hier lors de l’ouverture des travaux de la 12e édition du Salon et Conférence Afrique et Méditerranée sur l’Énergie et l’Hydrogène, tenue au Centre de conférences « Mohamed Ben Ahmed » à Oran, l’importance de cette manifestation en tant que plateforme de discussion sur les questions actuelles liées à l’énergie traditionnelle et aux énergies propres, ainsi que sur les innovations technologiques à faible émission de carbone qui contribueront à réduire l’empreinte carbone à long terme.

Organisé cette année sous le thème « Équilibrer les hydrocarbures et les énergies propres pour atteindre un mix énergétique efficace », cet événement constitue, selon le ministre, une opportunité précieuse pour échanger des expériences entre les participants et présenter les dernières technologies et solutions énergétiques, notamment dans les domaines de l’hydrogène et du gaz naturel, ajoutant que l’Algérie, grâce à ses ressources diversifiées et à son potentiel énorme en énergie solaire, est un leader dans la transition énergétique, en particulier dans le développement de l’hydrogène vert.

A cet effet, le ministre a annoncé l’organisation d’un symposium international sur l’hydrogène vert en Algérie en avril 2025, qui sera l’occasion de présenter les derniers développements technologiques et économiques dans le domaine de l’hydrogène aux niveaux régional et international, soulignant au passage que l’Algérie œuvre à une transition énergétique progressive et responsable, en s’appuyant sur un mix énergétique plus diversifié, incluant les énergies propres et renouvelables, telles que l’hydrogène vert.

Continuant dans le même sens, Mohamed Arkab a précisé que la transition énergétique ne signifie pas l’abandon des hydrocarbures, mais souligne plutôt le rôle essentiel du gaz naturel en tant que carburant de transition permettant au monde d’accompagner les transformations des systèmes énergétiques mondiaux.

D’ailleurs, le ministre de l’énergie et des mines, a supervisé la cérémonie de signature d’un mémorandum d’entente pour la réalisation conjointe d’études de faisabilité du projet de pipeline d’hydrogène “SoutH2 Corridor”, qui reliera l’Algérie à l’Allemagne via l’Italie et l’Autriche et renforcera les capacités de production d’hydrogène vert et permettra de transporter environ 4 millions de tonnes d’hydrogène par an vers l’Europe.

Ce mémorandum d’entente a été signé, selon un communiqué du ministère de l’Énergie et des Mines, par M. Ferhat Ounoughi, vice-président chargé du développement commercial et marketing du groupe Sonatrach, M. Mourad Adjal, président-directeur général du groupe Sonelgaz, M. Hans-Joachim Polk pour la société allemande VNG, M. Sergio Molisani pour la société italienne SNAM, M. Francesco Caria, président de la société italienne SEA CORRIDOR, ainsi que M. Franz Helm, directeur général de la société autrichienne VERBUND. La cérémonie s’est déroulée en présence des ambassadeurs de Tunisie, d’Italie, d’Autriche et d’Allemagne en Algérie.

Un hub énergétique en transition

Ainsi, ce mémorandum prévoit, selon la même source, la réalisation d’études de faisabilité conjointes pour l’exécution d’un projet intégré couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur de l’hydrogène, expliquant qu’à travers le “SoutH2 Corridor”, les parties visent à fournir de l’hydrogène vert à l’Union européenne, avec un objectif de transport annuel d’environ 4 millions de tonnes d’hydrogène vert depuis l’Algérie.

Et d’ajouter : “ce projet exploitera les infrastructures existantes ou des infrastructures nouvelles pour transporter l’hydrogène et revêt une importance régionale pour l’interconnexion énergétique entre l’Europe et l’Afrique via l’Algérie”.

Par ailleurs, Mohamed Arkab a présidé la cérémonie de signature d’un mémorandum d’entente pour renforcer la coopération entre le groupe Sonatrach et la firme espagnole Cepsa dans le domaine de l’hydrogène vert, révélant que cet accord vise à réaliser une étude de faisabilité conjointe pour le développement d’un projet intégré de production d’hydrogène vert et de ses dérivés en Algérie, contribuant ainsi aux objectifs de décarbonation.

Autrement dit, ce projet permettra également d’exporter l’hydrogène vers l’Espagne via les infrastructures existantes ou un nouveau projet, indiquant que l’objectif de ce mémorandum d’entente est de définir les conditions, les domaines et les méthodes de coopération entre Sonatrach et Cepsa dans le développement de l’hydrogène vert et il comprend l’étude, l’analyse et l’évaluation de la faisabilité technique et économique, ainsi que la conception, le développement, la construction, l’exploitation et la maintenance du projet.

Concrètement, ce projet consistera en la réalisation d’une station d’électrolyse à hydrogène d’une capacité de [50 à 200 mégawatts] pour produire de l’hydrogène « vert », la construction de centrales éoliennes et solaires pour alimenter les électrolyseurs en énergie renouvelable, ainsi que la création d’une usine de production de méthanol vert et/ou d’ammoniac vert sachant que des installations de stockage et de transport du méthanol et/ou de l’ammoniac, ainsi que d’autres infrastructures nécessaires à l’exploitation commerciale du projet, y compris des installations portuaires, seront mises en place et le meilleur site pour la construction et l’exploitation commerciale du projet sera également déterminé. Le a d’ailleurs souligné en marge de la cérémonie que l’hydrogène vert est un vecteur stratégique qui contribuera à l’accomplissement des engagements climatiques de l’Algérie, tout en renforçant sa position en tant que hub énergétique majeur dans la région.

En outre, le ministre a supervisé, également, la cérémonie de signature d’un mémorandum d’entente entre l’Algérie et les États-Unis dans le domaine de l’action climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment le méthane., en présence de l’ambassadrice des États-Unis en Algérie et représentante du Département d’État américain, Mme Elizabeth Moore Aubin.   Selon les clauses de ce mémorandum, les deux parties s’engagent à renforcer et à promouvoir la coopération dans le domaine de l’action climatique et de la réduction des émissions de méthane et ce à travers le soutien aux efforts visant à identifier et à réduire les sources d’émissions de gaz à effet de serre, notamment le méthane, au moyen d’une série d’activités collaboratives telles que l’organisation d’ateliers et de conférences, l’échange de connaissances et d’expertises, l’organisation de programmes de formation, la mise en œuvre de projets pilotes dans le domaine des technologies avancées, ainsi que l’identification et le développement de projets communs pour la réduction des émissions de méthane, et l’élaboration de stratégies de réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment dans le secteur des hydrocarbures.

Ce mémorandum vise, aussi, à échanger des informations et des expériences sur les pratiques exemplaires et les applications technologiques liées aux aspects techniques, réglementaires et juridiques de la mesure, de la détection et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en particulier le méthane, afin d’atteindre l’objectif de réduction des émissions de méthane en Algérie et aux États-Unis.

Selon le ministère de l’Énergie et des Mines, il s’agit de renforcer la coopération entre les agences gouvernementales, les institutions académiques, les centres scientifiques et de recherche, les représentants du secteur public et les entreprises nationales des deux pays. Le ministre a réaffirmé l’engagement total de l’Algérie envers les orientations mondiales visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, conformément à ses engagements dans le cadre de l’Accord de Paris et des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies pour 2030, citant parmi les efforts déployés, l’action du groupe Sonatrach qui s’est s’engagé à réduire les émissions de gaz torchés à moins de 1 % d’ici 2030, en plus d’investir dans un projet de reboisement de 520 000 hectares de terres au cours des dix prochaines années, contribuant ainsi au stockage du carbone et au renforcement du développement durable.

Dans ce cadre, l’Algérie met en œuvre le programme national pour les énergies renouvelables, qui vise à produire 15 000 mégawatts d’énergie photovoltaïque d’ici 2035, avec une première phase en cours de mise en œuvre pour une capacité de 3 200 mégawatts alors qu’un projet de raccordement du réseau électrique dans le Grand Sud avec le réseau national, d’un coût de plus de 3 milliards de dollars, est en cours, qui renforcera les approvisionnements en électricité locale et ouvrira des perspectives d’exportation d’énergie vers l’Europe et les pays voisins, consolidant ainsi la position de l’Algérie sur les marchés énergétiques internationaux.

Alnaft lance son premier appel d’offres

Si l’Algérie affiche de grandes ambitions en matière de développement renouvelable, la transition qu’elle prône ne néglige pas pour autant le développement du secteur des hydrocarbures lequel reste l’assise de sa politique énergétique laquelle repose sur un mix énergétique diversifié, en sus du fait que les énergies classiques sont les plus susceptibles de dégager les financements nécessaires à la transition. L’Algérie compte ainsi sur un plan d’investissement massif dans l’amont, notamment gazier. C’est dans ce contexte que Mohamed Arkab a présidé en marge du Napec, au lancement par Alnaft du premier appel d’offres pour l’attribution de blocs d’exploration dans le cadre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. « Cet appel d’offres, présentée par le Président de l’Agence, M. Mourad Beldjehem, constitue une première étape dans une série d’enchères qui se dérouleront au cours des cinq prochaines années, visant à attirer des investisseurs et des entreprises pétrolières, tant locales qu’étrangères, pour le développement des hydrocarbures, qui restent encore insuffisamment explorés », précise le ministère dans un communiqué. Rappelons dans ce contexte, que cet appel d’offres, très attendu, avait été initialement reporté en raison d’un contexte de marché défavorable. Le lancement de cet appel d’offres aujourd’hui marque une étape importante dans l’attraction des investissements et des partenaires étrangers pour le développement du secteur des hydrocarbures.

Coopération avec les compagnies internationales

Notons que le ministre de l’énergie et des mines, Mohamed Arkab, s’est entretenu à Oran avec les délégations de plusieurs sociétés énergétiques mondiales qui ont affiché un vif intérêt pour le marché algérien, en marge du salon, dont la délégation de la compagnie américaine pétrolière et gazière « ExxonMobil », conduite par son vice-président, chargé de la recherche et de la prospection, John Ardill, sur les opportunités de partenariat et d’investissement et les concertations en cours avec Sonatrach pour développer les hydrocarbures, notamment le secteur pétrolier et gazier en amont ainsi que les relations de coopération et d’échange d’expertises et de transfert du savoir-faire. 

Le ministre a examiné, par ailleurs, avec la délégation de la société britannique « Harbour Energy, » conduite par le vice-président pour l’Afrique du nord et le Moyen-Orient, Sameh Sabry, les opportunités de coopération et d’investissement dans le domaine de l’énergie et les perspectives de leur développement, la société britannique ayant affiché sa volonté de renfoncer sa présence en Algérie, notamment dans la prospection des hydrocarbures, l’exploitation et le développement des gisements de gaz naturel avec Sonatrach.

Selon ministère de l’énergie et des mines, les deux parties ont abordé aussi les opportunités de coopération et les grandes opportunités d’investissement dans le domaine des industries pétrolière et gazière et en matière de réduction des émissions, de capture et de stockage du carbone et de réduction de l’empreinte carbonique.  Mohamed Arkab s’est entretenu avec une délégation du groupe norvégien « Equinor » accompagnée de l’ambassadrice de Norvège en Algérie, Therese Loken Gheziel et une autre délégation de la société énergétique espagnole « CEPSA » conduite par son président exécutif, Maarten Wetselaar sur les relations de coopération avec la Sonatrach, se félicitant de la qualité de ces relations, particulièrement dans le domaine des hydrocarbures et du développement de l’hydrogène vert.

Lors de son entretien avec une délégation de la compagnie énergétique américaine « Chevron » conduite par la vice-présidente chargée de l’exploration internationale, Liz Schwartz, le ministre a abordé l’état des relations de coopération avec groupe Sonatrach, après la signature d’un mémorandum d’entente entre les deux sociétés portant les principes de base de l’approche future pour le développement des ressources en hydrocarbures dans les bassins d’Ahnet et de Berkine ainsi que le transfert de connaissance et des technologies modernes ainsi que l’échange d’expertises, en particulier dans les domaines de l’exploration des hydrocarbures et du développement des puits. 

Hakim Aomar

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