ContributionDébats

Impact des tensions géostratégiques au Moyen Orient sur l’économie mondiale

Par Abderrahmane Mebtoul

Professeur des universités, expert international, ancien directeur des études au ministère de l’Énergie et à la Sonatrach, et président de la commission transition énergétique des 5+5+Allemagne/BM/FMI (2019/2021).

Le contrôle de l’énergie autant que de l’eau, l’or bleu, est au cœur de la sécurité des Nations et le monde entre 2025 et 2050 est à l’aube d’une profonde reconfiguration des relations internationales tant sur le plan géostratégique, militaire qu’économique.

Les tensions au Moyen Orient et les perspectives de l’économie mondiale interpellent l’Algérie fortement connectée aux réseaux mondiaux, à travers les importations de matières premières et équipements tant pour les entreprises publiques que privées représentent environ 85% des processus en 2023. Idem pour 2024 le taux d’intégration ne dépassant pas 15%, sans compter l’importation d’une fraction des biens finis pour la consommation des ménages. Elle est également à ces réseaux par ses exportations dont les recettes en devises provient des hydrocarbures pour environ 98% , selon les données tant de la Banque d’Algérie et les statistiques douanières, si on inclut les dérivées d’hydrocarbures comptabilisés dans la rubrique hors hydrocarbures pour 67% en valeur qui a été de 5,01 milliards de dollars en 2023 contre 6,9 milliards de dollars en 2022. J’aborderai cette présente contribution en trois parties interdépendantes. Premièrement , les perspectives de la croissance de l’économie mondiale facteur déterminant de la demande d’hydrocarbures , qui est actuellement extrêmement fragile. Deuxièmement, les principales réserves prouvées de gaz et de pétrole et troisièmement, les impacts des tensions au Moyen Orient notamment le conflit Iran/Israël sur les cours des hydrocarbures qui menace la croissance future l’économie mondiale.

Les perspectives de la croissance de l’économie mondiale

Selon la Banque mondiale, le PIB mondial en 2023 est estimé à 105.435 milliards de dollars avec un taux de croissance prévisionnel en 2024 de 3,2 % et 3,3% en 2025, contre 3,0% en 2023). La légère accélération dans les pays avancés (où la croissance devrait passer de 1,6 % en 2023 à 1,7 % en 2024 et à 1,8 % en 2025) sera neutralisée par une légère décélération dans les pays émergents et les pays en développement (4,3 % en 2023 à 4,2 % en 2024 et 2025). La croissance mondiale devrait s’établir à 3,1 % d’ici 5 ans, le niveau le plus faible enregistré depuis plusieurs décennies. L’inflation mondiale devrait régulièrement reculer de 6,8 % en 2023 à 5,9 % en 2024, puis à 4,5 % en 2025. Les pays avancés retrouveront leur niveau cible plus rapidement que les pays émergents et les pays en développement. Globalement, l’inflation hors énergie et alimentation devrait ralentir plus progressivement. Bien que l’économie chinoise a des difficultés à redémarrer, les pays émergents seront le principal moteur de l’économie mondiale en 2024 en contribuant à hauteur de 1,7 point de pourcentage aux 3,2 % de croissance du PIB mondial. Plus de 70 % de la croissance mondiale sera donc imputable aux économies émergentes, un plus haut depuis 2013. Les 20 pays les plus riches du monde en termes de PIB courant encore qu’il faille diviser par la population respective pour avoir une appréciation objective et ce dernier éclaté par la répartition par couches sociales, un ratio global voilant la concentration du PIB par tête d’habitant. En voici le classement décroissant par PIB :  -USA 26.185 milliards de dollars- Chine 21.643 milliards de dollars – Japon 4.385 milliards de dollars – Allemagne 4.120 milliards de dollars – Inde 3.820 milliards de dollars – Royaume Uni 3.479 milliards de dollars – France 2.806 milliards de dollars – Canada 2.326 milliards de dollars -Russie 2.136 milliards de dollars – Brésil 2.029 milliards de dollars – Iran 2.044 milliards de dollars -Italie 1.991 milliards de dollars -Corée du Sud 1.792 milliards de dollars – Australie 1.787 milliards de dollars – Mexique 1.476 milliards de dollars – Espagne 1.421 milliards de dollars -Indonésie 1.388 milliards de dollars – Pays Bas 1.019 milliards de dollars -Arabie Saoudite 996 milliards de dollars et enfin Turquie 941 milliards de dollars. Sur 195 pays dans le monde: dont 54 en Afrique, 48 en Asie, 44 en Europe, 32 en Amérique latine et aux Antilles, 14 en Océanie et trois en Amérique du Nord, les USA et la Chine représentent 46,43% du PIB mondial, USA/Europe pour moins d’un milliard d’habitants représentent plus de 40% du PIB mondial et les 20 pays les plus riches de la planète ont un PIB de 87.784 milliards de dollars soit 85,22% du PIB mondial. La répartition du PIB est également très inégale par zones géographiques.

Pour l’Amérique du Nord, USA/ Canada,  la croissance de l’économie américaine a été dynamique en 2023 (+2,5 % après +1,9 % en 2022 et le Canada a évité la récession à laquelle s’attendaient de nombreux prévisionnistes, le PIB réel ayant augmenté de 1,1 % en 2023 avec une prévision 1,5% en 2024. Pour l’Amérique latine et Caraïbes , la croissance devrait tomber à 1,8 % en 2024 contre 2,2% en 2023 avant de remonter à 2,7 % en 2025, le Brésil ayant connu une croissance molle de 2,9 % en 2023 pour s’établir à 1,8% en 2024 et 2,0% en 2025 . Du côté des Caraïbes, la croissance est quasiment divisée par deux entre 2022 et 2023, passant de 6,4 % à 3,4 %. L’Amérique centrale s’en sort mieux : 3,5 % contre 4,1 % en 2022. Pour le Brésil, après un redressement vigoureux qui l’a porté à 5 % en 2021, la croissance du PIB a sensiblement ralenti en 2022 pour s’établir à 0.6 %, avant d’accélérer à nouveau pour atteindre 1.2 % en 2023. Pour le Mexique, la croissance économique devrait s’établir à 2.5 % en 2024 et à 2 % en 2025, après une croissance de 3.4 % en 2023. Pour le Venezuela, faute d’indicateurs précis avec une inflation élevée,  avec une prévision gouvernementale à 59,2 % sur un an en mai 2024, son plus bas niveau en dix ans ayant enregistré une inflation de 189,8 % en 2023, contre 234 % en 2022 et 686,4 % en 2021, . Selon le FMI le PIB s’est contracté de près de 80% entre 2013 et à fin 2021 de 16% en 2017, de 18% en 2018, de 27% en 2019 et plus de 20% en 2020. Après l’assouplissement des sanctions américaines et européennes, le président vénézuélien prévoit une croissance de 5% en 2024 mais par rapport aux taux de croissance négatifs précédents c’est extrêmement faible

L’Union européenne a enregistré un taux de croissance de 0,4 % en 2023, échappant de peu à une récession. 11 pays ont connu une contraction de leur croissance et il est prévu un taux de 1,0% en 2024 dont la zone euro 0,8%. Dans le même temps, l’inflation dans l’UE a connu une baisse spectaculaire après avoir enregistré un pic en 2022 s’ étant établi à 2,8 % en janvier 2024 et à 2,6 % en février 2024, contre 2,9 % en décembre 2023 et bien moins que les 8,6 % observés en janvier 2023, ce taux restant supérieur à l’objectif fixé par la Banque centrale européenne (BCE), qui est de 2 %. Pour les deux principales locomotives, les prévisions pour l’Allemagne sont de 0% en 2024 contre 0,7% et 1,4% en 2005. La France devrait enregistrer un taux de 0,7% en 2024 contre 1,0% en 2023 . Le Royaume Uni, la croissance du PIB devrait s’établir à 0.64 % en 2024, contre 0,48% en 2023 prévision à 0,50 % en 2025. Les prévisions de croissance de la Russie pour 2024 viennent d’être de nouveau révisée à la hausse par le Fonds monétaire international (FMI) qui anticipe désormais un rebond de 3,2% contre 3,6% en 2023. Pour la Turquie les prévisions pour 2024 tablent sur une croissance du PIB réel de 3%, contre 4,5% en 2023 accompagnée d’une baisse progressive de l’inflation à 43% fin 2024 contre 65% en 2023

En Asie, la Chine a connu une croissance de 5,2% en 2023 bien qu’en hausse par rapport à 2022 où elle a été 3%, soit le rythme le plus faible pour le géant asiatique depuis trois décennies hors période de Covid. La Banque populaire de Chine (BPC) a annoncé, le 24 septembre 2024, une série d’assouplissements monétaires afin de soutenir l’économie chinoise et atteindre les 5 % de croissance réelle en 2024, malgré les doutes émis par de nombreux analytes. L’Inde table sur une croissance de 7,2 % 2024, contre 8,2 % en 2023. Le Japon prévoit une croissance du PIB réel de 0,95 % pour 2024, contre 1,9% en 2023 et 1% en 2022 et en Corée du S ud, en 2023, le PIB réel a augmenté d’environ 1,36% contre 1,36% en 2022. L’’Asie du Sud-Est sera, une fois encore, l’un des pôles de la croissance mondiale avec une prévision de 4,6 %, en 2024, contre 4 % en 2023. En 2023, la croissance de l’ASEAN (+4,2%) a légèrement fléchi par rapport à son rythme historique de 5%, demeurant néanmoins supérieure d’un point à la croissance mondiale. L’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) regroupe 10 Etats membres. : l’Indonésie, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande, les Philippines, le Brunei Darussalam, le Vietnam, le Laos, le Myanmar et le Cambodge. 

L’Afrique compte 1,4 milliard d’habitants, existant non pas une Afrique mais des Afriques avec d‘importantes disparités. Selon la Cnuced la part du commerce intra-africain dans le commerce mondial est passée de 14,5 % en 2021 à 13,7 % en 2022 avec un taux d’intégration intra africain en 2023 ne dépassant pas 17% pour un PIB estimé à 2700 milliards de dollars soit environ 2,7% du PIB mondial ,moins que celui de la France 2800 milliards de dollars de PIB 2023 pour une population de 68 millions d’habitants. Pourtant, les prévisions du FMI, de la Banque mondiale et de la CNUCED montrent que la mise en œuvre de la ZLECAf pourrait stimuler le commerce intra-africain d’environ 33 %. L’Afrique est au deuxième rang mondial des régions à la croissance la plus rapide avec 41 pays en forte croissance en 2024, selon les Perspectives économiques de l’Afrique de la Banque africaine de développement. L’Afrique de l’Est est la région qui connaît la croissance la plus rapide, l’Afrique de l’Ouest connaîtra une reprise et l’Afrique australe enregistrera une légère augmentation de sa croissance.  Ainsi, la croissance moyenne de l’Afrique va connaître un bond de 3,7 % en 2024 et 4,3 % en 2025, dépassant la moyenne mondiale projetée de 3,2 %. Sur ce chiffre, 17 économies africaines devraient connaître une croissance supérieure à 5 % en 2024. Ce nombre pourrait atteindre 24 en 2025, à mesure que le rythme de croissance s’accélère et pour le FMI, la croissance devrait passer de 3,4 % en 2023 à 3,8 % en 2024 . Pour l’ensemble des pays du Maghreb dont le taux d’intégration ne dépasse pas 3%, pour une population dépassant légèrement 100 millions d’habitants le PIB avoisine en 2023, 500 milliards de dollars, moins que celui de la Belgique 585 milliards de dollars qui a une population de 11,7 millions d’habitants . Cependant pour le FMI dans son édition du 16 avril 2024, les dévaluations monétaires opérées courant 2024 dans plusieurs pays africains et la persistance de l’inflation sont en train de modifier le classement des principales puissances économiques du continent, l’Égypte, qui avait accédé au rang de 1ère économie africaine en 2023, devrait tomber à la 2ème place en 2024 alors le Nigeria devrait passer de la 2ème à la 4ème position. Dans le même temps, l’Afrique du Sud redeviendra première tandis que l’Algérie se hissera sur la 3ème marche du podium, notamment grâce à la hausse des prix des hydrocarbures. Ainsi, le produit intérieur brut du Nigeria devrait s’élever en 2024 à 253 milliards USD sur la base des prix courants. Le PIB de l’Algérie devrait se situer à 267 milliards USD contre 248 en 2023 . Celui de l’Égypte s’établira à 348 milliards USD contre 373 milliards USD pour l’Afrique du Sud.

Quelles sont les réserves de gaz et de pétrole le monde ?

Selon le rapport de BP, publié le 8 juillet 2021, les réserves de gaz naturel dites « prouvées » dans le monde se chiffrait à 188,1 milliers de milliards de m3. Le Forum des pays Exportateurs de Gaz (GECF), composé de 12 membres permanents (Algérie, Bolivie, Égypte, Guinée Équatoriale, Iran, Libye, Nigeria, Qatar, Russie, Trinité-et-Tobago, Émirats arabes unis, Venezuela) et 7 membres observateurs (Angola, Azerbaïdjan, Irak, Malaisie, Mauritanie, Mozambique, Pérou) dont le 7e Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement s’est tenu à Alger, du 29 février au 2 mars 2024, représentant les principaux pays exportateurs de gaz au monde, représente 70% des réserves mondiales prouvées de gaz, plus de 40% de la production commercialisée, 47% des exportations par gazoduc et plus de la moitié des exportations de GNL dans le monde. Nous avons ainsi pour les réserves à ne pas confondre avec la production et les exportations fonction du rythme et du coût d’extraction et de l’évolution du vecteur prix international très fluctuant, pouvant découvrir des milliards de mètres cubes mais non rentables financièrement(idem pour le pétrole) : Russie 37.400 milliards de mètres cubes gazeux -Iran 32.100 milliards de mètres cube- Qatar 24.700milliards de mètres cube- Turkménistan 13.600milliards de mètres cube- USA 12.600 milliards de mètres cube- Chine 8.400 milliards de mètres cube- Venezuela 6.300 milliards de mètres cube- Arabie Saoudite 6.000milliards de mètres cube- les Emirats 5.900 milliards de mètres cube- Pour l’Afrique, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’Afrique détient plus de 5.000 milliards de m3 de réserves de gaz naturel inexploitées :Nigeria 5500 milliards de mètres cube , Mozambique 4.500milliards de mètres cube- Algérie 2.400milliards de mètres cube – Libye 1.500 milliards de mètres cube et loin derrière le Sénégal et la Mauritanie 450 milliards de mètres cube  et enfin le Gabon 29 milliards de mètres cubes gazeux. Qu’en est-il des réserves de pétrole ? En 2023, les réserves mondiales de pétrole étaient estimées à plus de 1.569 milliards de barils. Outre les réserves prouvées de pétrole de la Norvège estimées par l’Agence fédérale allemande pour les sciences de la terre et les matières premières (BGR) à 934 Mt (millions de tonnes) fin 2022, soit 0,2 % des réserves mondiales, et le Venezuela (pétrole lourd) 315 milliards de barils , le Canada 172 milliards de barils , la Russie 80 milliards de barils et les USA, 43,8 milliards de barils, le magazine Oil & Gas Journal a publié une  liste des pays du Moyen Orient qui détiennent les plus importantes réserves de pétrole en 2023, exprimées en milliards de barils donne classement suivant : :Arabie Saoudite : 267,19 milliards de barils- Iran 200 milliards de barils ,-l’Irak : 145,01 milliards de barils – Émirats arabes unis : 113 milliards de barils – Koweït : 101,5 milliards de barils -Qatar : 25,24 milliards de barils -Sultanat d’Oman : 4,90 milliards de barils- Égypte : 3,30 milliards de barils- Oman 5,7 milliards de barils -le Yémen : 3,00 milliards de barils. Pour les pays du Maghreb et l’Afrique nous avons la Libye 48,36 milliards de barils, l’Algérie : 12,20 milliards de baril, le Nigeria 37 milliards de barils, l’Angola 7,78 , le Soudan 5 milliards de barils et le Sénégal 2,5 milliards de barils .

Impact des tensions au Moyen Orient sur le cours des hydrocarbures

Selon la fondation de la recherche scientifique Paris, les réserves de gaz extractibles dans le bassin Est de la Méditerranée sont estimées à environ 35 milliards de mètres cubes gazeux avec une capacité annuelle de production de 1,5 milliard de m3 sur une période de 12 ans, pour cet espace. On y a jusqu’à présent découvert près de 2 000 milliards de m3 de gaz naturel et le même volume, ou presque, serait encore enfoui sous le plateau continental du bassin levantin, ce qui pourrait également expliquer, en partie, les tensions actuelles pour contrôler ces réserves. Les tensions géostratégiques avec la transition énergétique et la croissance de l’économie mondiale sont les principaux déterminants des prix des hydrocarbures traditionnels gaz et pétrole. Le conflit en Ukraine a bouleversé toute la carte énergétique avec la décision du G7 plus l’Australie de plafonner prix du pétrole par voie maritime à 60 dollars le baril et les dérivées à compter de février 2023, ainsi que la décision de la commission européenne de plafonner le prix du gaz à 180 dollars le mégawattheure, la Russie pour contourner les sanctions comme l’Iran se tournent vers l’Asie , remettant en cause la stratégie expansionniste russe avant ces conflits, à travers le North Stream et le South Stream d’une capacité de plus de 125 milliards de mètres cubes gazeux pour approvisionner l’Europe, la part du gaz russe en Europe étant passé de plus de 45% avant les tensions à 17% en 2023. Comme mis en relief précédemment, les pays du Moyen Orient recèlent une grandes réserves de pétrole et de gaz inégalement répartis avec des populations différentes : pour 2023, Égypte 105 millions, Iran 90 millions d’habitants , Arabie Saoudite 33 millions, les Émirats 10 millions, Oman 5 millions et le Qatar estimation FMI 2,8 millions. Tout conflit dans la région risque assurément d’affecter la production, 60 % des « super-géants » des hydrocarbures sont au Moyen-Orient et représentant 40 % des réserves prouvées de la planète alors que les 2/3 des réserves mondiales de pétrole sont concentrées au Moyen-Orient, plus de 871 milliards de barils en 2022/2023. Pour le gaz conventionnel le Moyen-Orient concentre selon le site Antargaz 40,3%des réserves de gaz prouvées soit 75,8 milliers de milliards de mètres cubes gazeux.

Les tensions au Moyen Orient ont montré l’importance du détroit d’Ormuz contrôlé par l’Iran , situé au sud -est de Bandar Abbas avec des pays frontaliers qui sont au nord l’Iran, et au Sud-est les Emirats arabes unis, depuis Jazirah al Hammra , suivis du sultanat d’Oman d’ une largeur d’une trentaine de milles marins (55 km) avec un tracé de deux couloirs de navigation de deux milles (3,5 km) de large chacun, l’un montant, l’autre descendant, les couloirs de navigation étant séparés par un couloir tampon de deux miles, bien que ses rails de navigation sont considérés comme étroits pour les supertankers, pour les porte-conteneurs ainsi que pour les méthaniers géants contemporains. Avec Gibraltar, le Bosphore, Malacca et le canal de Suez, il est un des grands détroits de la planète. Situé sur une très ancienne route commerciale entre l’Asie, la Méditerranée et l’Europe permettant le passage du Golfe Persique au Golfe d’Oman, puis à la mer d’Arabie et à l’océan Indien. La fermeture du détroit de d’Ormuz, affecterait le transit du gaz et du pétrole car « porte de sortie » du pétrole de la région du Golfe qui compte 5 des 10 plus gros producteurs du pétrole au monde localisé au Moyen Orient comme mis en relief précédemment, où transitent plus de 30% des produits pétroliers dont plus de 20% du GNL. Le détroit d‘Ormuz constitue une des principales voie de navigation connectant les pays pétroliers du Moyen Orient avec les marchés asiatiques, européen et nord-américain, et l’idée de canalisations pour le contourner exigerait un investissement colossal. En 2022, environ 21 millions de barils de brut y circulaient quotidiennement, selon l’Agence américaine de l’Energie (EIA). Il faut également tenir compte des tensions qui perturbé le trafic en Mer rouge par où 12 % du commerce mondial de marchandises, une voie de transit qui concentre 30% du trafic mondial de conteneurs et environ 8% de produits pétroliers, qui ont fait augmenter le coût du transport maritime du transport de 15 à 20%. Conjointement aux tensions en mer rouge, avec la possible fermeture du détroit d’Ormuz pourrait pousser les prix des hydrocarbures à la hausse. Le prix du baril dépasserait les 100/120 dollars et le prix du GNL doublerait voire triplerait, accentuant l’inflation mondiale où selon le FMI, une hausse de 20/25 % du prix du pétrole/gaz entraînerait une hausse de l’inflation entre 0,8/ et 1% et par ricochet accroîtrait le coût des marchandises, les pays pétroliers mono exportateurs et gros importateurs, perdant plus que ce qu’ils ont gagné et d’une manière générale. Cela menacerait la croissance de l’économie mondiale y compris la Chine, un des plus gros importateurs d’hydrocarbures.

Des pourparlers sont actuellement en cours pour éviter un embrasement de la région qui affecterait le cours du pétrole et du gaz, principales sources d’énergie au niveau mondial. Selon Energy Institute la production mondiale d’énergie commercialisée était en 2023, de 620 EJ, en progression de 15,3 % depuis 2013, se répartissant en 31,7 % de pétrole, 26,5 % de charbon, , 23,3 % de gaz naturel, 4,0 % pour le nucléaire et 14,6% d’énergies renouvelables dont l’hydroélectricité 6,4%, éolien, solaire, biomasse, géothermie et biocarburants 8,2%. Aussi , je ne pense pas, après analyse et consultation de nombreux experts internationaux, sauf en cas d’imitatives suicidaires, contrairement à certaines supputations à des tensions énergétiques de grandes ampleurs, aucun pays n’a intérêt à une généralisation du conflit au Moyen Orient : ni les pays du Golfe , ni l’Iran qui a besoin de ressources financières du fait de vives tensions sociales internes et qui menacerait son programme nucléaire, ni les grandes puissances dont la Chine, un des plus gros importateur d’hydrocarbures, ni les USA alors que le président américain a mis en garde Israël le 03 octobre 2024 contre les attaques sur des sites pétroliers alors que les grandes compagnies américaines sont présentes dans la région.

En conclusion, depuis de longues années, je suis convaincu, avec de nombreux intellectuels de différentes sensibilités et nationalités dont des amis juifs qu’il ne faut pas assimiler au sionisme que s’impose la tolérance loin de la culture de la haine. L’ère des confrontations n’a eu cours que parce que les extrémismes ont prévalu dans un environnement fait de suspicion et d’exclusion. Le dialogue est la vertu de la bonne gouvernance. Connaître l’Autre, c’est aller vers lui, c’est le comprendre, mieux le connaître et ce afin de favoriser le dialogue de civilisations. Malgré le drame auquel nous assistons actuellement au Moyen-Orient et dans d’autres contrées du monde, l’histoire millénaire a montré que la symbiose des apports l’Orient et de l’Occident ont favorisé le dialogue des cultures et des civilisations avec des prospérités et des déclins, montrant qu’aucune civilisation n’est supérieure à une autre. Le devenir d’un monde multipolaire, conditionne largement la réussite de cette grande entreprise de cohabitation entre les peuples, qui interpelle notre conscience commune. Il appartiendra pour l’Algérie, au nouveau gouvernement qui selon le président de la République devrait être mis en place courant décembre 2024, d’avoir une planification stratégique tenant compte des nouvelles mutations mondiales avec l’apparition de nouvelles filières et reposant sur la transition énergétique (les impacts du réchauffement climatique n’est pas une vue de l’esprit mais une amère réalité) et numérique dont l’intelligence artificielle qui bouleversera la gestion des institutions civiles et militaire, des entreprises, le comportement des ménages et la future structure de l’emploi, et des aspirations profondes de la société, loin des actions conjoncturelles de court terme, afin de permettre le développement économique conciliant l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale. Existant un lien dialectique entre sécurité nationale et développement, n’existant pas de sentiment dans les relations internationales, une Nation est respectée que si elle a une économie forte. Pour terminer à la veille du 01 novembre 1954, je souhaite bonheur et prospérité à notre chère patrie, l’Algérie et je tiens à rendre hommage à nos valeureux martyrs et à l’ANP et aux forces de sécurité pour leurs efforts inlassables pour protéger la Nation.

A.M.

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *