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Nouveau scandale au complexe El Hadjar !

Une onde de choc secoue le complexe sidérurgique Sider El Hadjar avec l’arrestation de son PDG, Karim Boulaioun, marquant un nouveau chapitre troublant dans l’histoire de ce fleuron de l’industrie nationale.

L’intervention des enquêteurs du centre territorial des recherches et investigations d’Alger mercredi dernier ne s’est pas limitée au seul dirigeant d’El Hadjar, puisqu’elle a également concerné Noureddine Salhi, PDG de l’Entreprise Publique Économique (EPE) FONDAL, une autre filiale du Groupe des Industries Métallurgiques et Sidérurgiques (IMETAL), ainsi qu’un opérateur économique du secteur des déchets ferreux.  Selon des sources sécuritaires proches du dossier, l’ex-PDG d’El Hadjar serait impliqué dans plusieurs affaires suspectes, notamment la conclusion de marchés douteux, des recrutements contestables et des pratiques de gestion questionnables. Parmi les griefs retenus figurent le recrutement de plusieurs employés externes à l’entreprise avec des salaires particulièrement élevés, la location de villas comme logements de fonction pour les nouvelles recrues, ainsi que la mise à disposition de véhicules loués pour leur transport. Plus grave encore, la direction est accusée d’avoir mis à l’écart et au chômage technique plusieurs sidérurgistes reconnus pour leurs compétences, assurent nos sources.

Cette situation intervient dans un contexte particulièrement délicat pour le complexe qui, malgré les investissements massifs consentis par l’État, peine à atteindre ses objectifs de production. Les incidents successifs, notamment une série d’incendies enregistrés sur une courte période cette année, ont nécessité plusieurs interventions du ministre de l’Industrie, Ali Aoun. Ce dernier n’avait d’ailleurs pas mâché ses mots lors de sa dernière visite, accusant la direction de « dilapidation des fonds publics », des propos qui résonnent aujourd’hui comme prémonitoires. L’arrestation de Karim Boulaioun, nommé à la tête du complexe en novembre dernier, s’inscrit dans une série d’affaires de corruption impliquant des cadres dirigeants du groupe IMETAL. Les investigations ont révélé que depuis son installation, les pratiques douteuses associées à l’ancien système de gestion auraient repris de plus belle, avec notamment une mainmise sur le pouvoir décisionnel. Le cas du président du syndicat local de l’UGTA, qui continue d’exercer et de cumuler plusieurs fonctions malgré les incompatibilités avec la nouvelle loi syndicale, illustre cette dérive, nous explique-t-on.

L’enjeu est d’autant plus crucial que le complexe El Hadjar dispose d’un important carnet de commandes, incluant un contrat stratégique avec Sonatrach pour la livraison de 1000 kilomètres de tubes casing destinés aux forages. Ce contrat, d’une valeur de 21,7 milliards de dinars (158,5 millions de dollars), représente un plan de charge de plus de cinq ans pour l’unité de production de Tuberie sans soudure (TSS). La stabilité de l’entreprise est donc cruciale pour honorer ces engagements majeurs. Suite à ces événements, une assemblée générale extraordinaire a procédé à la nomination de Bellili Messaoud, directeur général adjoint, comme responsable par intérim du complexe. Cette transition intervient à un moment où le complexe fait face à de nombreux défis, notamment l’approvisionnement en coke, la baisse de production et les tensions sociales liées aux mouvements de personnel. Les trois prévenus ont été présentés au magistrat instructeur près le pôle pénal de Sidi M’Hamed et placés en détention, après leur transfert initial au pôle économique et financier de Constantine. Cette affaire soulève des questions fondamentales sur la gouvernance du complexe et sa capacité à se moderniser, comme l’avait souhaité le ministre de l’Industrie en évoquant le passage à la réduction directe du minerai de fer (DRI) pour abandonner la technologie du haut-fourneau.

Sofia Chahine

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