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L’incertitude plane sur la présidentielle américaine : Le « D » Day

L’élection présidentielle américaine prévue officiellement aujourd’hui est plus que jamais incertaine. Selon les derniers sondages, la vice-présidente démocrate Kamala Harris et l’ancien président républicain Donald Trump sont au coude-à-coude, notamment dans les sept États décisifs surnommés « swing states ».

Après une campagne riche en rebondissements, les deux candidats ont intensifié leurs efforts dans la dernière ligne droite pour convaincre les électeurs indécis. Kamala Harris, 60 ans, a pris la tête de la campagne démocrate après le retrait de Joe Biden, contraint d’abandonner sa réélection après un débat désastreux face à Donald Trump. De son côté, l’ancien président républicain, 78 ans, est revenu en force dans la course, porté par un débat télévisé où il s’est montré à son avantage. Mais les lignes n’ont guère bougé depuis, dans un pays profondément divisé. Plus de 77 millions d’Américains ont déjà voté par anticipation, que ce soit par correspondance ou en personne. Les dernières heures avant la fermeture des bureaux de vote ce mardi soir seront donc cruciales pour mobiliser les électeurs restants, notamment dans les sept États décisifs : Arizona, Géorgie, Michigan, Nevada, Caroline du Nord, Pennsylvanie et Wisconsin.

Sur le terrain, les deux équipes de campagne ont multiplié les déplacements, les publicités politiques et le démarchage auprès des électeurs. Côté démocrate, on se dit « très satisfait » de la dynamique, avec notamment de nombreux électeurs indécis qui auraient choisi le camp de Kamala Harris, en particulier les femmes dans les États-clés. Côté républicain, Donald Trump a concentré ses efforts sur les électeurs habituellement les moins mobilisés, plutôt que de tenter de convaincre les indécis. Mais l’issue du scrutin pourrait ne pas être connue dès mardi soir, en raison des délais de dépouillement, notamment pour les votes par correspondance. Dans plusieurs États, les résultats préliminaires devraient initialement placer Donald Trump en tête, avant que Kamala Harris ne revienne dans la course avec la prise en compte des bulletins envoyés par la poste. C’est notamment le cas en Arizona, où près de 90% des électeurs avaient voté par anticipation en 2020. Les agents électoraux sont autorisés à traiter ces bulletins dès leur réception, mais les résultats ne pourront être communiqués qu’une heure après la fermeture des bureaux de vote. Et les « votes anticipés tardifs » arrivés le jour du scrutin nécessiteront plusieurs jours de dépouillement. Même dynamique attendue en Géorgie, où le vote anticipé en personne devrait représenter 65% à 70% des bulletins. Les votes par correspondance, qui représenteront environ 5% des suffrages, ne seront comptabilisés que le jour de l’élection. Là encore, l’objectif est d’avoir tous les résultats, y compris ceux des bureaux de vote, avant minuit dans la nuit de mardi à mercredi.

Résultats tardifs

Au Michigan, les autorités espèrent que les nouvelles mesures permettront d’accélérer le dépouillement par rapport à 2020, lorsqu’un « mirage rouge » en faveur de Donald Trump s’était inversé avec la prise en compte des bulletins envoyés par courrier. Dans le Nevada, le dépouillement avait été très lent en 2020, au point que les médias n’avaient signalé la victoire locale de Joe Biden que cinq jours après l’élection. Les autorités assurent que des changements devraient permettre d’aller plus vite cette année, avec la possibilité de prendre en compte dès le 5 novembre les bulletins anticipés remis en personne. En Caroline du Nord, Kamala Harris pourrait apparaître en tête dans un premier temps grâce aux votes par correspondance, avant que Donald Trump ne refasse son retard avec les suffrages du jour du scrutin. Mais le vainqueur ne sera probablement pas connu avant plusieurs jours, le temps de comptabiliser les bulletins arrivés après le 5 novembre. La Pennsylvanie, considérée comme l’État le plus crucial des « swing states », devrait connaître une situation similaire. Davantage de démocrates que de républicains ayant recouru au vote par correspondance, les premiers résultats devraient placer Donald Trump en tête, avant que l’avantage de Kamala Harris ne se dessine dans les jours suivants. Même scénario envisagé dans le Wisconsin, où de nombreux bulletins par correspondance seront traités le matin du 5 novembre, ce qui pourrait initialement favoriser l’ancien président républicain avant que la tendance ne s’inverse. Dans ce contexte, l’issue du scrutin reste très incertaine. Et les soupçons de fraude électorale agitées par Donald Trump en 2020 alimentent les craintes d’un nouveau bras de fer judiciaire en cas de défaite du républicain. L’ancien président et ses alliés affirment d’ores et déjà être prêts à contester les résultats.

Lyes Saïdi

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