Rachid Mekhloufi s’éteint à l’âge de 88 ans : L’adieu à une légende
Le football national est en deuil. Rachid Mekhloufi, figure emblématique de l’équipe du FLN et héros de l’Indépendance, vendredi à l’âge de 88 ans, des suites d’une longue maladie. Avec sa disparition, c’est une page majeure de l’histoire du football algérien et de la lutte pour l’indépendance qui se tourne.
Né le 12 août 1936 à Sétif, Rachid Mekhloufi a incarné dès ses débuts l’excellence du football algérien. Ses premiers pas, il les fait dans sa ville natale, d’abord à l’USMF Sétif (1950-1952) en catégorie juniors, avant de briller avec l’USMS (1952-1954) en équipe première. Son talent exceptionnel le propulse rapidement vers l’Europe, où il rejoint l’AS Saint-Étienne en 1954, club avec lequel il va écrire quelques-unes des plus belles pages de sa carrière. À Saint-Étienne, le jeune prodige s’impose comme un attaquant d’exception. À seulement 20 ans, il décroche son premier titre de champion de France en 1957, démontrant déjà l’étendue de son talent. Mais c’est en 1958, en pleine de guerre d’indépendance, que Rachid Mekhloufi va prendre une décision qui marquera à jamais l’histoire du football et du pays.
En avril 1958, alors au sommet de sa carrière en France, Mekhloufi fait le choix du cœur et de la patrie. Avec d’autres joueurs algériens comme Mohamed Maouche, Abdelhamid Zouba et Saïd Amara, il quitte tout pour rejoindre l’équipe du Front de Libération Nationale. Cette formation, créée pour porter la voix de l’Algérie combattante sur les terrains du monde entier, devient un puissant instrument de la diplomatie algérienne au cours de la Révolution. Cette décision, qui aurait pu signifier la fin de sa carrière sportive, révèle la grandeur d’âme de l’homme. Sacrifiant une carrière prometteuse en France, Mekhloufi choisit de mettre son talent au service de la cause de l’indépendance, transformant le football en arme pacifique de résistance. Après l’indépendance, Mekhloufi reprend sa carrière en club, d’abord brièvement au Servette de Genève (1962) avant de retourner à Saint-Étienne, où il remporte un second titre de champion en 1964. Il termine sa carrière de joueur au SEC Bastia, mais son histoire avec le football ne s’arrête pas là. Reconverti en entraîneur, il prend les rênes de l’équipe nationale à plusieurs reprises, conduisant les Verts à des succès mémorables : la médaille d’or des Jeux méditerranéens 1975 à Alger, remportée face à la France (3-2 après prolongation), puis celle des Jeux Africains en 1978 contre le Nigeria (1-0). Il participe également à l’aventure du Mondial 1982 en Espagne au sein du staff technique, avant de présider la Fédération algérienne de football.
La disparition de Rachid Mekhloufi a suscité une vive émotion dans le monde du football et au-delà. Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a rendu un vibrant hommage au « moudjahid » et à la « légende du football algérien », présentant ses condoléances à la famille du défunt et à la famille du football algérien. Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a appris avec une profonde affliction, le décès de la légende du football algérien, le moudjahid, Rachid Mekhloufi, joueur de l’équipe du Front de libération nationale, ancien entraineur de l’équipe nationale et ancien président de la Fédération algérienne de football », lit-on dans le message de condoléances. En cette douloureuse épreuve, le président de la République, « présente ses condoléances les plus sincères à la famille du défunt et à la famille du football algérien, priant Allah le Tout-Puissant d’accorder au défunt Sa sainte miséricorde, de l’accueillir en Son vaste paradis et de prêter patience et réconfort à ses proches ».
Le Dr Patrice Motsepe, président de la Confédération africaine de football, a souligné dans son message de condoléances l’engagement total de Mekhloufi « pour le développement du football en Algérie et sur le continent africain, en tant que dirigeant, entraîneur et joueur. »
Rachid Mekhloufi laisse derrière lui un héritage qui dépasse largement le cadre sportif. Il incarne cette génération de footballeurs qui ont su allier l’excellence sportive à l’engagement patriotique, faisant du football un vecteur d’émancipation et de dignité. Son parcours exceptionnel, jalonné de choix courageux et de réussites éclatantes, continuera d’inspirer les générations futures. Plus qu’une légende du football, Rachid Mekhloufi restera dans l’histoire comme un homme qui a su mettre son talent au service des plus nobles causes, prouvant que le sport peut être un formidable outil de liberté et de résistance. Sa disparition laisse un vide immense dans le cœur des Algériens, mais son exemple continuera d’éclairer le chemin des générations à venir.
Moncef Dahleb