Culture

192e anniversaire de la première allégeance à l’Émir Abdelkader : Un héritage vivant, une mémoire à transmettre

À l’approche du 192e anniversaire de la première allégeance à l’Émir Abdelkader, « la Moubayaa », et qui sera célébré comme chaque année le 26 novembre, la wilaya de Mascara s’apprête à célébrer cette figure emblématique qui dépasse largement le cadre historique. Bien plus qu’un simple héros de la résistance, l’Émir Abdelkader incarne l’essence même de la dignité nationale et la promesse d’un État moderne.

Le wali Fouad Aïssi a clairement tracé la feuille de route des commémorations : « Élaborer un programme culturel varié, reflétant l’importance de cet événement ». Mais au-delà des discours officiels, l’enjeu est de faire vivre véritablement l’héritage du père de l’État algérien moderne. Cette année, la célébration prend une dimension particulière avec le lancement d’un projet de réhabilitation du site historique de la Zmala, cette capitale mobile qui symbolise la résilience et l’adaptabilité de l’Émir Abdelkader. La Zmala, qui a accueilli jusqu’à 30 000 personnes devient un formidable récit de résilience. Elle raconte non seulement la résistance militaire, mais aussi la capacité à construire une communauté, à maintenir un projet politique dans les conditions les plus difficiles.

Située dans la commune de Sidi Kada, ce lieu chargé d’histoire va renaître grâce à un investissement de 30 millions de dinars, permettant de restaurer non seulement les infrastructures physiques, mais aussi la mémoire collective. Les travaux prévus sont révélateurs de cette volonté de transmission : restauration du mur d’enceinte, rénovation du hammam ancien, traitement des oliviers historiques, création d’espaces pour les enfants et zones d’activités. Chaque pierre, chaque arbre raconte une partie de l’histoire de l’Émir Abdelkader. Mais la vraie force de cette commémoration réside dans sa capacité à intéresser les jeunes générations. Trop souvent, les festivités historiques se cantonnent à des expositions confidentielles et des rencontres académiques. Cette année, l’ambition est différente : impliquer directement les établissements scolaires et universitaires. Les élèves ne doivent plus être de simples spectateurs, mais des acteurs de cette mémoire. Des activités pédagogiques sont imaginées pour leur faire découvrir la vie et l’œuvre d’Abdelkader, au-delà des récits héroïques. L’université, lieu de savoir et de réflexion critique, est invitée à approfondir les recherches, à organiser des conférences qui mettent en lumière la complexité de ce personnage. Des sites symboliques seront mis à l’honneur : l’arbre de Derdara à Ghriss, où les tribus de l’ouest ont prêté allégeance, le tribunal et le commandement militaire de Mascara. Ces lieux ne sont pas de simples vestiges, mais des témoins vivants de l’organisation étatique imaginée par l’Émir Abdelkader.

L’Émir Abdelkader dépasse largement le statut de héros national. Diplomate avant l’heure, stratège militaire, penseur politique, il a incarné des valeurs universelles de tolérance, de dignité et de respect. Ses écrits, sa correspondance avec des figures internationales témoignent d’une ouverture d’esprit remarquable pour son époque. La commémoration de cette année ne doit pas être un énième exercice formel, mais une opportunité de réinterroger notre histoire, nos valeurs, notre capacité à résister et à construire. Pour les jeunes générations, l’Émir Abdelkader ne doit pas être une statue froide, mais un exemple vivant : un homme qui a su conjuguer résistance et ouverture, combat et humanisme, enracinement et universalité. Sa vie est une leçon permanente de dignité et de courage. Le célébrer, c’est faire vivre un héritage, transmettre une mémoire, mais surtout puiser dans son histoire les ressources pour construire le présent et imaginer l’avenir.

Mohand Seghir

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