Négociations sur le financement climatique à la COP 29: Les pays en développement protestent et quittent la table
Les négociations climatiques à la COP29 de Bakou ont atteint un point critique, marqué par une profonde division entre pays riches et pays en développement sur la question cruciale du financement. Les pays occidentaux, menés par l’Union européenne et les États-Unis, ont dévoilé leur proposition financière lors du dernier jour officiel de la conférence, suggérant d’augmenter leur contribution annuelle des 100 milliards de dollars actuels à 250 milliards d’ici 2035. Cette offre a cependant été accueillie avec un rejet catégorique de la part des pays en développement, provoquant une prolongation des négociations et une crise diplomatique significative. La tension a atteint son paroxysme hier, lorsque les représentants des pays les plus vulnérables au changement climatique ont quitté les consultations avec la présidence azerbaïdjanaise, protestant contre un nouveau projet d’accord jugé encore insuffisant. Ce texte, présenté à huis clos et non publié officiellement, propose désormais une augmentation à 300 milliards de dollars annuels d’ici 2035 de la part des pays occidentaux, incluant l’Europe, les États-Unis, le Canada, l’Australie, le Japon et la Nouvelle-Zélande. Malgré cette révision à la hausse, l’écart reste considérable avec les attentes des pays en développement, qui réclament entre 500 et 1.300 milliards de dollars annuels pour faire face aux défis climatiques. La fracture s’est particulièrement manifestée dans la réaction des pays africains, qui ont qualifié l’offre d' »inacceptable » au regard des catastrophes qu’ils subissent et de leurs besoins énergétiques colossaux. Les petits États insulaires, par la voix du Samoan Cedric Schuster représentant le groupe Aosis, ont dénoncé un « mépris » envers leurs « peuples vulnérables », soulignant que l’inflation réduirait considérablement la valeur réelle de l’aide proposée. Cette position est renforcée par l’analyse d’économistes réputés mandatés par l’ONU, dont Amar Bhattacharya, Vera Songwe et Nicholas Stern, qui estiment que même le chiffre de 300 milliards reste insuffisant. Le projet final tente de concilier les positions en fixant un objectif global de 1.300 milliards de dollars annuels d’ici 2035 pour les pays en développement, englobant diverses sources de financement au-delà des contributions directes des pays développés. Cette somme inclurait les 300 milliards promis par les pays riches, complétés par des financements multilatéraux, privés, des taxes spécifiques et des contributions d’autres pays du Sud. Cependant, cette proposition composite n’a pas suffi à apaiser les tensions, comme en témoigne le soutien de plus de 350 ONG appelant les pays en développement à quitter la table des négociations, jugeant préférable l’absence d’accord à un mauvais compromis. La situation reste particulièrement tendue, avec une séance de clôture repoussée et les délégués se préparant à une seconde nuit de prolongation. L’émissaire américain John Podesta a tenté de temporiser en qualifiant la crise de « tempête avant le calme », mais l’issue des négociations demeure incertaine. La nécessité d’un consensus entre les près de 200 pays participants pour adopter tout accord final complique davantage la situation, d’autant que de nombreuses délégations avaient prévu de quitter l’Azerbaïdjan avant dimanche.
R.I.