Faire entendre la voix de l’Afrique
Le ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf s’est rendu hier à Oran à la veille de l’ouverture des travaux de la 11e session du Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, un évènement crucial qui incarne la volonté du continent africain de prendre en main son destin géopolitique.
Inscrite dans le cadre du Processus d’Oran, la 11e session du Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique est l’expression d’une ambition continentale de construire une approche collaborative et souveraine face aux défis sécuritaires contemporains. Lancé en 2013 par l’Algérie, le Processus d’Oran est né de la conviction que les solutions africaines aux problèmes africains ne peuvent émerger que d’une coordination étroite entre les différents acteurs continentaux. Cette initiative s’est progressivement imposée comme une plateforme stratégique unique, permettant aux membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et aux représentants africains du Conseil de sécurité des Nations unies de développer des stratégies communes. Le contexte géopolitique actuel rend cette approche plus nécessaire que jamais. Le continent africain fait face à des défis multiples et complexes : menaces terroristes, conflits internes, instabilités politiques, enjeux économiques et climatiques. Face à cette multiplicité de challenges, le Processus d’Oran se présente comme un mécanisme de résilience et d’action collective. Cette édition 2024 revêt une importance particulière. Elle intervient dans un moment charnière où l’Afrique cherche à redéfinir sa place sur la scène internationale. La participation de membres actuels, entrants et sortants du Conseil de sécurité, ainsi que celle du Guyana représentant l’Amérique latine et les Caraïbes, témoigne de la dimension internationale croissante de cette initiative.
Les thématiques au cœur des discussions illustrent l’ambition stratégique du séminaire. La 11e session abordera nombre de thématiques de grande importance, dont : le renforcement de la coordination entre le CPS de l’UA et les trois membres africains au Conseil de sécurité, en vue de faire entendre la voix de l’Afrique auprès de cette instance et défendre avec efficacité les positions africaines communes autour des questions relatives à la paix et à la sécurité, outre la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, à travers le renforcement des capacités intégrées des Etats africains en vue de faire face à ces défis, en focalisant sur le rôle du Centre de l’Union africaine pour la lutte contre le terrorisme (AUCTC), à l’occasion du 20e anniversaire de sa création. La lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent constituera un axe central, notamment à l’occasion du 20e anniversaire du Centre africain pour la lutte contre le terrorisme. Il ne s’agira pas simplement de dresser un bilan, mais de repenser les stratégies de prévention et de réponse aux menaces sécuritaires.
La mise en œuvre du « Pacte pour l’Avenir », adopté par l’Assemblée générale de l’ONU en septembre dernier, sera également un point focal majeur. Ce pacte représente une opportunité historique pour l’Afrique de peser dans les discussions sur la réforme du Conseil de sécurité et sur le financement des opérations de paix menées par l’Union africaine.
L’Algérie, dans ce processus, joue un rôle moteur. En tant que pays initiateur et membre du groupe A3 au Conseil de sécurité pour la période 2024-2025, elle incarne cette volonté de construire une diplomatie africaine unifiée et influente. Sa démarche s’inscrit dans une vision panafricaine héritée des pères fondateurs, qui rêvaient d’un continent capable de parler d’une seule voix. La coordination entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et les membres africains du Conseil de sécurité des Nations unies constitue un enjeu fondamental. Il s’agit de faire entendre une voix africaine claire et unifiée sur les questions de paix et de sécurité, de défendre des positions communes et de proposer des solutions innovantes. Le renforcement des capacités intégrées des États africains est au cœur de cette démarche. Face aux menaces terroristes et aux défis sécuritaires, l’objectif est de développer des mécanismes de réponse et de prévention qui soient pleinement adaptés aux réalités continentales. Le Processus d’Oran se veut ainsi un laboratoire de l’innovation diplomatique et sécuritaire.
La participation de la Commission de l’Union africaine, de l’ONU et de divers partenaires internationaux confère à cet événement une dimension multilatérale unique. Ce n’est pas qu’une conférence, c’est un moment de construction collective où se dessinent les contours d’une nouvelle gouvernance mondiale plus équitable et plus inclusive. Pour l’Algérie, ce séminaire représente plus qu’un moment diplomatique. C’est l’expression d’un engagement historique en faveur de l’unité africaine et de la résolution endogène des conflits. Le pays réaffirme son rôle de facilitateur et de promoteur du dialogue continental, fidèle à sa tradition de solidarité et de médiation. Les discussions qui se tiendront à Oran dessineront les contours de l’action africaine en matière de paix et de sécurité pour les années à venir. L’Algérie réaffirme, à travers cette session, son engagement à faire entendre la voix de l’Afrique sur la scène internationale, tout en œuvrant au renforcement de la solidarité africaine, pour faire face aux défis communs, incarnant la vision panafricaine des pères fondateurs en vue de réaliser l’unité et la prospérité du continent. Hocine Fadheli