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Maroc: Une oligarchie en progression et une crise sociale aggravée

Dans un contexte politique marocain de plus en plus tendu, le gouvernement d’Aziz Akhannouch cristallise aujourd’hui les pratiques ancrées dans le régimes du Makhzen ayant érigé la corruption et les conflits d’intérêts en un système qui alimente et aggrave la crise politique et sociale au Maroc.

À travers un récent remaniement ministériel, le chef du gouvernement a dévoilé une stratégie de consolidation du pouvoir aggrave la nature autoritaire et autocratique du pouvoir marocain. Dans ce sens, le quotidien français Le Monde a publié en analyse qui met en lumière la progressive mainmise d’intérêts privés sur l’appareil gouvernemental marocain. Les nominations récentes apparaissent moins comme des choix stratégiques motivés par la compétence que comme l’expression d’un clientélisme assumé, où les liens économiques et personnels priment sur les considérations méritocratiques. Mohamed Saâd Barada, propulsé ministre de l’Éducation, en est l’archétype le plus flagrant : homme d’affaires issu de l’industrie du chocolat, sans aucune expérience préalable dans l’éducation ou l’administration publique, il incarne les travers du régime marocain qui consolide l’oligarchie au détriment du peuple marocain. Un fait d’autant plus grave que le secteur de l’éducation au Maroc est secoué par une grave crise sociale et des manifestations qui durent depuis des mois.  Ce qui se dessine n’est rien de moins qu’une capture progressive de l’État par des intérêts économiques privés, souligne le Monde. Le Monde ajoute que Barada est un proche d’Akhannouch depuis les années 1980. Il siège depuis 2019 au conseil d’administration d’Afriquia Gaz, filiale du groupe « Akwa » détenu par la famille Akhannouch. Cette nomination, a noté le journal, illustre l’influence accrue de l’argent sur les décisions de l’Etat. Akwa Group, holding détenu par la famille Akhannouch, qui a transformé l’appareil gouvernemental en un prolongement stratégique de ses ambitions économiques. La nomination d’Amin Tahraoui, ancien cadre du groupe, au ministère de la Santé, et celle de Wafa Jamali, ancienne employée, à la tête de l’Agence de soutien social, illustrent parfaitement cette porosité inquiétante entre sphères publique et privée. L’agence de soutien social, gérant des aides dépassant deux milliards d’euros destinées aux populations vulnérables, devient potentiellement un instrument de manipulation électorale. Cette instrumentalisation des mécanismes sociaux révèle une stratégie politique cynique où les populations les plus fragiles sont réduites à de simples pions dans un jeu électoral calculé. Le journal a affirmé que ces pratiques témoignent d’une « mainmise oligarchique sur l’exécutif, suscitant de vives critiques de l’opposition qui considère ces nominations comme un grave dévoiement des principes de transparence et d’intégrité censés régir la vie politique. Ces pratiques renforcent la prééminence des intérêts personnels sur les institutions de l’Etat ».

Ces pratiques ne sont pas sans rappeler les accusations de connivence entre élites politiques et économiques qui avaient secoué le Maroc en 2011. Elles traduisent une continuité dans un système où la transparence reste un vœu pieux et où les conflits d’intérêts sont la norme plutôt que l’exception. L’oligarchisation croissante de l’appareil d’État menace directement ses fondements mêmes. L’opposition politique dénonce avec force ces pratiques, considérant ce remaniement comme une grave atteinte aux principes de transparence et d’intégrité censés régir la vie publique. La prééminence des intérêts personnels sur l’intérêt général est désormais une réalité tangible et pleinement assumée au Maroc. Le danger réside dans cette transformation insidieuse où la corruption et les conflits d’intérêts ne sont plus des exceptions mais semblent être érigés en système. Chaque nouvelle nomination, chaque décision gouvernementale est d’ailleurs un nouveau verrou posé réduisant progressivement les espaces de contestation et de contre-pouvoir.

 Sur le plan social, la situation devient critique. L’augmentation significative du coût de la vie, un taux de chômage élevé et l’endettement croissant des ménages dessinent un tableau particulièrement sombre, alors que le gouvernement Akhannouch ne fait rien pour répondre aux préoccupations des Marocains. Le journal a conclu que le gouvernement Akhannouch fait face à des difficultés majeures pour honorer ses promesses, ce qui le place devant un test populaire difficile lors des prochaines élections, dans un climat de préoccupations croissantes quant à une aggravation continue de la crise sociale

Lyes Saïdi

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