Gaz: Le GECF avertit contre les appels au désinvestissement
La 26e réunion ministérielle du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), qui s’est tenue le dimanche à Téhéran a mis en lumière les enjeux complexes et urgents du secteur gazier mondial.
Dans un contexte géopolitique particulièrement tendu, les pays exportateurs de gaz ont délivré un message clair et sans équivoque : tout arrêt des investissements dans la filière gazière serait une erreur stratégique aux conséquences potentiellement désastreuses. Le GECF dénonce ainsi l’attitude de l’Agence internationale de l’énergie qui appel au retrait des investissements dans le secteur. La déclaration finale de la réunion souligne avec force que les appels à suspendre les financements dans le secteur gazier sont non seulement irresponsables mais représentent une menace directe pour la sécurité énergétique mondiale. Le GECF « insiste sur l’importance d’investir en temps opportun dans la chaîne de valeur du gaz naturel, soulignant que les appels à suspendre les investissements sont malavisés et porteront atteinte à la sécurité énergétique », est-il indiqué. En outre, ces appels risquent d’accentuer la volatilité des marchés et d’entraver les progrès vers les objectifs de réduction des émissions mondiales, selon la déclaration finale, qui appelle par ailleurs à une collaboration multilatérale « plus forte » pour garantir une approche équilibrée et inclusive de la gouvernance mondiale de l’énergie, tout en répondant aux défis liés à la sécurité énergétique, à l’accessibilité financière et à la durabilité environnementale. Les perspectives présentées par le GECF sont à la fois ambitieuses et pragmatiques. Les projections à l’horizon 2050 anticipent une augmentation significative de 34 % de la consommation de gaz naturel, avec une part croissante dans le mix énergétique mondial, passant de 23 % à 26 %. Cette prévision souligne l’importance stratégique du gaz naturel comme ressource énergétique de transition, capable de répondre aux défis climatiques tout en assurant la stabilité des approvisionnements. Dans ce contexte, la Déclaration a réaffirmé l’objectif du GECF de soutenir « la souveraineté permanente des pays membres et observateurs sur leurs ressources naturelles, ainsi que le développement durable, efficace et respectueux de l’environnement, l’utilisation et la conservation des ressources en gaz naturel au bénéfice de leurs populations ».
La réunion s’est déroulée dans un environnement international particulièrement complexe, marqué par des tensions géopolitiques aiguës, notamment au Moyen-Orient. Les ministres ont exprimé leur profonde préoccupation face à l’escalade des conflits, soulignant les impacts négatifs sur la stabilité énergétique mondiale. Ils ont notamment appelé à une résolution juste et durable de la question palestinienne, faisant explicitement référence à l’avis consultatif de la Cour internationale de justice du 19 juillet 2024 qui souligne les violations du droit international dans les territoires occupés. Au-delà des enjeux géopolitiques, le GECF a réaffirmé sa vision holistique de l’énergie. L’organisation considère le gaz naturel comme un levier essentiel pour le développement économique, le progrès social et la protection environnementale. Les ministres ont souligné le lien crucial entre sécurité énergétique et sécurité alimentaire, mettant en avant le rôle du gaz dans le soutien à la production agricole et la lutte contre la faim. L’innovation technologique a également été placée au cœur des discussions. Le Forum a reconnu le rôle clé des nouvelles technologies pour optimiser l’efficacité des opérations gazières, réduire les émissions et renforcer la résilience énergétique mondiale. Cette approche démontre la volonté des pays producteurs de s’inscrire dans une démarche de transition énergétique responsable et mesurée.
Sécurité des infrastructures gazières
Un point central de la déclaration concerne la protection des infrastructures gazières. Les ministres ont insisté sur l’importance cruciale de garantir un flux sécurisé et ininterrompu de gaz naturel, tant au niveau national qu’international. Cette préoccupation traduit la nécessité de maintenir des chaînes d’approvisionnement stables dans un monde marqué par des tensions géopolitiques croissantes. La réunion a également acté plusieurs décisions. La prochaine réunion ministérielle se tiendra à Doha au dernier trimestre 2025, tandis que le 8e Sommet des chefs d’État et de gouvernement est programmé en Russie en 2026. Le Sultanat d’Oman a par ailleurs été salué pour sa participation, ouvrant potentiellement la voie à une future adhésion.
La 26e réunion ministérielle du GECF a envoyé un message clair : le gaz naturel demeure une composante essentielle du mix énergétique mondial, et tout désinvestissement serait contre-productif. Face aux défis énergétiques, climatiques et géopolitiques actuels, les pays exportateurs plaident pour une approche collaborative, inclusive et pragmatique, plaçant le gaz naturel comme un vecteur de développement durable et de stabilité internationale. Les pays membres du Forum ont ainsi réaffirmé leur engagement à contribuer à la sécurité énergétique mondiale, tout en défendant les intérêts de leurs populations et en promouvant une transition énergétique équitable et réaliste.
Samira Ghrib