Les services de sécurité déjouent une opération de la DGSE française : Ces complots qui visent l’Algérie !
La géopolitique du monde arabe et musulman est marquée par une instabilité chronique dont les ressorts complexes impliquent des ingérences extérieures savamment orchestrées. Les derniers évènements en Syrie livré à l’inconnu après une offensive éclair de groupes armés de l’opposition menés par des transfuges d’Al-Qaïda et soutenue par plusieurs grandes et moyennes puissances ne sont que l’un des produits de ces ingérences. Des tensions qui s’inscrivent dans le contexte plus large du projet de refonte la région Moyen-Orient et Afrique du Nord et dont les contours ont commencé à être dessinés il y a plus de deux décennies avec l’invasion américaine de l’Irak pour ce qu’on a appelé « le printemps arabe » dès 2011 et qui ont plongé plusieurs pays de la région dans le chaos. Un contexte qui met en lumière les défis et les menaces auxquels l’Algérie est confrontée et qui est actuellement ciblée en raison de sa politique souverainiste et de ses prises de position de principe. C’est loin d’être une vue de l’esprit et le récent témoignage d’un jeune Algérien que les services de renseignements français ont tenté de recruter dans le cadre d’un complot visant à déstabiliser le pays. Le témoignage de Mohamed Amine Aïssaoui, jeune Algérien originaire de Tipaza ayant vécu un parcours personnel dramatique, illustre de manière saisissante les mécanismes subtils de déstabilisation utilisés par certaines puissances occidentales, dans ce cas la France en complicité avec le régime marocain, dans une stratégie de déstabilisation des États comme l’Algérie. Les services de la sureté nationale ont en effet, réussi à déjouer un complot orchestré par les services de renseignement français visant à déstabiliser l’Algérie, à travers l’enrôlement d’un jeune algérien ayant grandi à l’étranger pour servir leurs desseins hostiles. Ce dernier, cependant, a montré une grande vigilance face aux activités malveillantes qui ciblaient son pays. Ces derniers ont exploité les épreuves douloureuses qu’il a vécues auparavant lorsqu’il avait été instrumentalisé en Europe pour rejoindre une organisation terroriste. Dans un documentaire diffusé par la Télévision algérienne (EPTV) et la chaîne internationale « AL24 », un dénommé Aïssaoui Mohamed Amine, âgé de 35 ans, a dévoilé les détails sur les tentatives des services de renseignement français de le recruter. Le parcours de Mohamed Amine Aïssaoui apparaît comme un révélateur emblématique des confrontations géopolitiques contemporaines, assises sur les guerres hybrides et qui instrumentalisent les réseaux dans leurs manœuvres. Ayant émigré très jeune en Espagne avec sa famille, il devient progressivement la cible de mécanismes de manipulation qui le conduiront aux confins les plus sombres du terrorisme international. Son histoire personnelle réfléchit les stratégies de déstabilisation systématique mises en œuvre au Moyen-Orient depuis le début des années 2000, particulièrement en Irak, en Libye et en Syrie, où des groupes armés ont été instrumentalisés pour fragiliser des États souverains. Sa trajectoire bascule lorsque, par le truchement des réseaux sociaux, il entre en contact avec un membre de l’organisation terroriste Daech. Cette rencontre virtuelle le propulse dans un engrenage qui le conduira à combattre en Syrie et en Irak, devenant un combattant sous le pseudonyme d’Abou Rayan. Son expérience sur le terrain sera brutalement interrompue par un bombardement des forces de la coalition irakienne et des milices Hachd al-Chaabi, le conduisant à la capture puis au transfert en Turquie. L’épisode turc de son parcours révèle les mécanismes administratifs et diplomatiques complexes entourant la gestion des individus impliqués dans des réseaux terroristes. Identifié par les consulats français et espagnols qui procèdent à ses relevés biométriques, il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. C’est alors qu’un représentant consulaire algérien lui propose un rapatriement, proposition qu’il accepte sans hésitation. En Algérie, il purgera une peine de trois ans d’emprisonnement, achevée en 2019, avant de tenter de reconstruire une vie normale. Mais son parcours prend un tournant décisif lorsque les services de renseignement français tentent de le recruter, révélant une stratégie systématique de manipulation des individus ayant un passé judiciaire ou terroriste. En 2022, l’association française « Artémis », dirigée par Jean Gilles Bouyad, un ancien conseiller de Bernard Cazeneuve, entre en contact avec lui. Cette structure, aux contours particulièrement opaques, semble spécialisée dans l’approche et le recrutement d’individus ayant des antécédents liés au terrorisme. Mohamed Amine Aïssaoui relate avec précision les modalités de ce recrutement. On lui fait miroiter une possible régularisation administrative lui permettant de retourner en Espagne, dans sa maison familiale. Les services français, par le biais d’un agent de la direction générale de la sécurité extérieure travaillant à l’ambassade de France à Alger, lui proposent une série de missions déstabilisatrices : se rendre au Niger, approcher des groupes extrémistes à Alger, collecter des informations sur les dispositifs de surveillance et les patrouilles policières. Ce qui distingue le parcours de Mohamed Amine, c’est sa capacité à déjouer ces tentatives. Collaborant étroitement avec les services de sécurité algériens, il transmet l’intégralité des communications, transformant ce qui devait être un piège en une opération de contre-espionnage. Sa vigilance et le professionnalisme des services algériens permettent de neutraliser ce complot.
Son témoignage met en lumière une réalité géopolitique brutale : la déstabilisation systématique des pays du « front du refus » passe par des stratégies de manipulation complexes, utilisant des individus fragilisés par leurs parcours personnels comme outils de déstabilisation. Les exemples de l’Irak, de la Libye et de la Syrie illustrent tristement cette doctrine où des groupes armés sont instrumentalisés pour fragiliser des États souverains, avec des conséquences humanitaires désastreuses. Mohamed Amine conclut avec lucidité : son histoire révèle « une rancœur profonde » et « l’ampleur des complots » contre l’Algérie. Il souligne que seule « la prise de conscience du peuple algérien, la cohésion du front interne, la vigilance et le professionnalisme des services de sécurité » permettent de contrer ces tentatives de déstabilisation.
Hocine Fadheli