Mahieddine Khalef s’éteint à l’âge de 80 ans : L’adieu à une autre légende
Mahieddine Khalef, figure monumentale et véritable légende du sport national, s’est éteint hier à l’âge de 80 ans, laissant derrière lui un héritage qui dépasse largement les limites des terrains de football.
Sa trajectoire est celle d’un homme qui a incarné l’âme du football algérien. Né à une époque charnière, Khalef a traversé plusieurs générations du sport, passant du statut de joueur prometteur à celui d’entraîneur légendaire. Sa carrière débute en 1967 à la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), un club qui deviendra indissociable de son nom et avec laquelle il accède en première division, puis sera sacré champion d’Algérie lors de la saison 1972-1973 sous la houlette de l’entraineur roumain Virgil Popesco. Lors de la saison 1970-1971, le défunt rejoint le Nasr Hussein-Dey, avant de revenir à la JSK en fin de saison pour y rester jusqu’à 1974. Bien que sa carrière de joueur ait été remarquable, c’est véritablement sur le banc de touche que Mahieddine Khalef a révélé son génie. Sa période à la tête de la JSK entre 1977 et 1990 est désormais considérée comme l’âge d’or du club. Pendant 11 années consécutives, il a régné en maître, établissant un record national de longévité qui témoigne de sa constance et de son excellence. Son palmarès est simplement vertigineux : 13 titres qui font de lui l’entraîneur algérien le plus titré de l’histoire. Huit championnats nationaux, deux coupes d’Algérie, une Coupe d’Afrique des clubs champions, une Supercoupe d’Afrique. Chaque trophée raconte une histoire de passion, de travail et de vision stratégique. Un moment crucial de sa carrière fut sa collaboration avec l’entraîneur polonais Stefan Zywotko. Ensemble, ils ont forgé l’équipe mythique surnommée les « Jumbo JET », qui a dominé le football algérien durant les années 1980. Dès leur première année, ils remportent le championnat national en 1979, inaugurant une ère de succès sans précédent. Sa contribution à l’équipe nationale fut tout aussi remarquable. En 1979, aux côtés de Zdravko Rajkov, il qualifie les Verts pour les Jeux olympiques de Moscou et la Coupe d’Afrique des Nations. Mais son moment de gloire restera à jamais la Coupe du monde 1982 en Espagne. Aux côtés de Rachid Mekhloufi, l’autre légende qui nous a quittés il y a quelques jours, il guide l’équipe nationale vers un exploit historique : une victoire mémorable contre l’Allemagne (2-1) qui a fait trembler le monde du football. Cette performance a révélé au monde entier le talent et la détermination du football algérien. En 1984, lors de la Coupe d’Afrique des Nations en Côte d’Ivoire, il décroche une brillante troisième place, battant l’Égypte 3-1 lors du match de classement. Ces performances ont révélé sa capacité à inspirer et à élever le niveau de jeu de ses équipes.
Mahieddine Khalef était bien plus qu’un entraîneur. C’était un véritable pédagogue, un formateur qui a contribué à forger l’identité du football algérien. Sa rigueur, son intelligence tactique et sa passion étaient légendaires. Il a formé des générations de joueurs, les transformant en véritables ambassadeurs du sport national. Sa philosophie dépassait le cadre strict du football. Il croyait en la transmission, en l’importance de développer non seulement des compétences techniques, mais aussi un esprit de groupe, de discipline et de dépassement de soi. La Fédération Algérienne de Football a rendu un hommage appuyé, soulignant la perte immense pour le monde du football. Le président Walid Sadi a exprimé ses condoléances, saluant une « grande figure » du sport national.
Mahieddine Khalef sera inhumé aujourd’hui au cimetière d’El Alia, mais son héritage continuera de vivre à travers les nombreux joueurs et supporters qu’il a inspirés. Il restera à jamais un modèle de réussite, de passion et de détermination. Le nom de Mahieddine Khalef avec sa rigueur, son palmarès et ses exploits, restera gravé dans les mémoires, rappelant à tous qu’avec de la détermination et une vision claire, les sommets peuvent être atteints.
Moncef Dahleb