École : des défis qui persistent
Le rapport annuel de la Cour des comptes publié cette semaine consacre un chapitre détaillé et important à l’évaluation des efforts de l’État en vue de garantir un enseignement obligatoire, gratuit, équitable et de qualité. Une évaluation menée en collaboration avec l’ARABOSAI, qui a porté sur la période 2018-2022 et visait à apprécier les efforts de l’État pour garantir un enseignement fondamental gratuit, équitable et de qualité pour tous les enfants de moins de 16 ans. Les résultats globaux sont jugés satisfaisants par rapport aux objectifs intermédiaires fixés. Cependant des insuffisances persistent
Selon les conclusions de la Cour, l’État a déployé des efforts significatifs pour créer les conditions nécessaires à la réalisation de ces objectifs. Ces efforts ont notamment concerné le développement des infrastructures scolaires, l’équipement technique et pédagogique, la formation des enseignants et les services sociaux scolaires. Une attention particulière a été portée à la réforme des programmes et des cours à tous les niveaux d’enseignement.
Néanmoins, le rapport met en lumière plusieurs défis persistants dans le système éducatif algérien. En termes de programmes et de méthodes pédagogiques, des dysfonctionnements subsistent. Le temps scolaire apparaît insuffisant, avec seulement 32 semaines théoriques par an, contre 36 à 38 semaines en moyenne mondiale et européenne. Les performances des élèves révèlent des difficultés dans la maîtrise des compétences fondamentales, particulièrement en langues, mathématiques et éducation scientifique. L’éducation préscolaire constitue un enjeu majeur. Malgré son caractère non obligatoire, sa généralisation est considérée comme stratégique pour assurer la qualité et l’équité de l’enseignement fondamental. Les statistiques montrent un taux de couverture national d’environ 59% en 2020-2021, avec un report de l’objectif de généralisation à 2024. Les infrastructures scolaires ont connu un développement continu, avec 20 113 écoles primaires et 5 818 établissements d’enseignement moyen en 2022. Cependant, des défis persistent en termes de coordination et d’équipement. De nombreuses écoles manquent d’infrastructures essentielles comme des salles informatiques, des bibliothèques ou des espaces sportifs. La formation des enseignants représente un autre axe crucial. Bien que le niveau de qualification académique se soit amélioré, des lacunes subsistent. Les écoles supérieures de formation, avec une capacité d’accueil de 4 500 places, peinent à répondre aux besoins quantitatifs. Les enseignants diplômés de ces écoles ne représentent que 5% des enseignants du primaire et 8% de ceux du cycle moyen. Les ressources humaines et financières du secteur de l’éducation sont considérables. En 2021, le secteur comptait près de 850 000 employés, représentant environ un tiers des effectifs de la fonction publique. Le financement public est globalement conforme aux standards internationaux, avec 15% à 17,4% des dépenses publiques totales consacrées à l’éducation. Le rapport souligne également l’importance des services sociaux scolaires. L’État a mis en place des dispositifs de soutien, incluant le transport scolaire, les cantines, les internats, et des aides financières pour les élèves défavorisés. Ces mesures visent à garantir l’équité et l’égalité des chances. Enfin, le système national d’évaluation est pointé du doigt. Basé principalement sur des tests semestriels et des examens officiels, il ne permet pas réellement de mesurer l’acquisition des compétences fondamentales des élèves. En conclusion, malgré des progrès significatifs, le système éducatif algérien doit encore relever de nombreux défis pour atteindre pleinement les objectifs de développement durable en matière d’éducation.
Salim Benisid