Ouverture du 15e Festival de la musique et de la chanson oranaises: Le patrimoine musical célébré
Le folklore musical oranais déploie ses trésors artistiques lors de la quinzième édition d’un festival qui célèbre avec passion l’âme musicale algérienne.
La 15e édition du festival de la musique et de la chanson oranaises s’est ouverte dimanche soir à El Bahia. Sous les arpèges envoûtants d’une tradition séculaire, vingt-neuf artistes ont fait vibrer les murs la capitale de l’Ouest, transformant l’espace en un sanctuaire où résonnent les échos d’une mémoire vivante. Zouhir Ballalou, ministre de la Culture et des Arts, dont les propos ont été élégamment transmis par la directrice culturelle, a dépeint cet événement comme un miroir reflétant l’engagement national : « L’organisation de cet évènement culturel illustre l’engagement de l’État à encourager la créativité artistique et à soutenir les jeunes talents, de même qu’il met en lumière le rôle crucial de la culture comme pont de dialogue et de communication entre les générations. » Telle une métaphore vivante, le festival incarne la continuité et la renaissance artistique. M. Ballalou a, en outre, mis en exergue l’importance de ce festival culturel local qui est devenu une tradition culturelle attendue chaque année par les amateurs de musique. Il n’est pas seulement un évènement artistique, a-t-il dit, mais une occasion pour célébrer la beauté de l’art algérien et la diversité culturelle, un des piliers de l’identité nationale ».
La musique oranaise a traversé les époques en conservant son authenticité. Souad Bouali, commissaire du festival, évoque avec une tendresse nostalgique cette évolution : « La chanson oranaise, bédouine et authentique, a évolué au fil du temps, en passant de la Gasba et du Gallal au violon, à l’accordéon, à la flûte et autres et en remplaçant la poésie du Melhoun par des paroles modernes. » Chaque note devient ainsi un pont entre tradition et contemporanéité. Souad Bouali, a appelé à « préserver les différents styles de la musique algérienne dont la chanson oranaise et à affirmer la profondeur culturelle et civilisationnelle de l’Algérie (..) ainsi qu’à la sauvegarde du patrimoine culturel matériel et immatériel ».
Sous le slogan poétique « Notre patrimoine, notre identité », la manifestation déroule un tapis rouge aux artistes, rendant hommage aux figures tutélaires de la musique oranaise. Abdellah Benahmed, compagnon musical de légendes comme Ahmed Wahby, et Bouzid El Hadj, gardien des chants bédouins, sont célébrés comme des sentinelles d’une mémoire sonore irremplaçable.
Le programme, savamment orchestré, propose cinq soirées où chaque artiste – Jahida Youcef, Houari Bachir, Fatima Msirdi – interprétera une chanson, créant un kaléidoscope musical où chaque fragment raconte une histoire. Une soirée spéciale en solidarité avec le peuple palestinien et une autre exclusivement dédiée aux femmes « meddahates » viendront enrichir cette fresque artistique.
Né en 2008, ce festival est plus qu’un simple événement : c’est un acte de résilience culturelle, une déclaration d’amour à un patrimoine musical qui transcende les générations. Comme le soulignait le ministre, « la musique et la chanson oranaise sont un art authentique porteur d’un riche patrimoine incarnant l’esprit de l’Algérie et sa culture ancestrale ».
Ainsi, durant ces cinq jours, Oran se transforme en cathédrale musicale où chaque mélodie devient un hymne à l’identité, chaque note un récit, chaque artiste un gardien de mémoire.
Mohand Seghir