Le Président Tebboune devant le Parlement: Un dialogue politique inclusif dans le calme
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est adressé hier aux deux chambres du Parlement réunies au Palais des Nations, perpétuant ainsi une tradition institutionnelle qu’il a lui-même instaurée en décembre 2023.
Cette intervention devant les représentants de la nation s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle approche de gouvernance visant à renforcer le dialogue avec les institutions et à consolider la démocratie. « Cette tradition institutionnelle ravive et renforce le fait d’être au service de l’opinion publique, des citoyens et de la patrie et illustre la place du pouvoir législatif ainsi que le rôle des parlementaires qui portent les espoirs et les préoccupations des citoyennes et des citoyens », a souligné le président Tebboune. Le président de la République a précisé que ce discours se veut « un engagement qui traduit la volonté politique sur laquelle repose une nouvelle approche de gestion de la chose publique pour la consécration des principes de la bonne gouvernance-Dans son discours, le chef de l’État a dressé un bilan exhaustif de son action et présenté sa feuille de route pour l’année 2025, mettant l’accent sur plusieurs chantiers prioritaires. Sur le plan politique, il a annoncé le lancement prochain d’un dialogue national, conformément aux engagements pris lors de sa prestation de serment le 17 septembre dernier. « La prochaine étape verra le lancement du dialogue politique auquel je me suis engagé, et qui sera à la hauteur des enjeux internes », a-t-il déclaré, précisant qu’il souhaite un dialogue « profond et inclusif et non purement discursif ». Ce dialogue devra, selon lui, renforcer les droits fondamentaux à travers les lois consacrées par la Constitution. « . Il a également souligné que « le dialogue nécessite du calme, sans tapage ni marchandage », avant d’ajouter que « certains demandent le changement, mais ces mêmes personnes se considèrent exemptes de tout effort pour y parvenir ». La réforme des collectivités locales constitue un autre axe majeur de son programme. Le président a annoncé « la révision prochaine des lois sur les collectivités locales pour rebâtir l’État de droit et la démocratie véritable », soulignant que « la loi sur les communes et les wilayas constitue le début d’une véritable démocratie et complète la construction de la pyramide de l’État ». La lutte contre la corruption demeure une priorité absolue du gouvernement. « Nous ne cesserons de lutter de toutes nos forces contre la corruption », a martelé le président Tebboune, rappelant les changements opérés dans le domaine de la justice « afin de rétablir la confiance des citoyens en l’État, de consacrer le principe de séparation entre argent et politique ».
L’Algérie en passe de devenir un pays émergent »
Sur le plan économique, le président s’est félicité des résultats positifs enregistrés, soulignant que « tous les indicateurs économiques et financiers de l’Algérie sont au vert, comme le reconnaissent des instances internationales ». Il a notamment mis en avant le nouveau modèle économique qui « commence à porter ses fruits selon les statistiques positives de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et des autres institutions internationales ». « Tous nos indicateurs économiques montrent que nous sommes en passe de devenir un pays émergent dans les mois à venir ». Cette performance repose notamment sur les petites et moyennes entreprises et les start-up. Le président a détaillé plusieurs grands projets structurants en cours de réalisation. Dans le secteur minier, il a annoncé que « le port d’Oran recevra les premières cargaisons de fer de Gara Djebilet en 2026 ». Il a également évoqué la future ligne ferroviaire qui reliera Tamanrasset, soulignant qu’elle permettra « d’exploiter d’importantes ressources minières ». Dans le domaine énergétique, Tebboune a souligné les progrès réalisés : « L’Algérie importait de l’essence jusqu’en 2021, mais aujourd’hui, elle en produit toutes les variétés grâce au savoir-faire algérien ». Il a ajouté que « l’Algérie est autosuffisante en électricité et dispose d’un surplus de 12 000 mégawatts destiné à l’exportation ». Le secteur agricole n’est pas en reste, avec « une production équivalant à 37 milliards de dollars ». Le président a fixé comme prochain objectif l’autosuffisance en blé tendre, après avoir atteint celle en blé dur. Concernant le logement, Tebboune a défendu sa politique, affirmant que « la distribution des logements est une question de dignité pour le citoyen, et non un gaspillage d’argent comme certains le prétendent ». Il a précisé que « le logement n’est plus un fardeau pour l’État, car les projets sont construits avec des matériaux exclusivement algériens, contrairement au passé où nous dépendions des importations ». Le président a particulièrement mis l’accent sur le rôle de la jeunesse dans le développement économique : « La jeunesse algérienne a relevé le défi à travers les start-ups et s’oriente désormais vers la production au service de son pays dans de nombreux domaines ». Il a salué « une nouvelle génération, intègre et éloignée des pratiques de surfacturation ». S’adressant à la diaspora, le président a lancé une invitation : « J’invite les Algériens vivant à l’étranger à investir dans leur pays », assurant que « la loi sur l’investissement ne changera pas avant 10 ans ».
Répondant aux attaques et aux tentatives de déstabilisation, Tebboune a rappelé que « certains espéraient notre effondrement face au FMI lorsque nous avons recruté des enseignants et exempté les petits salaires d’impôts, mais l’Algérie reste debout ». « Ils prédisaient la chute de l’Algérie à cause de sa politique du logement et de la baisse des réserves d’eau dans les barrages. L’Algérie a répondu par des projets ambitieux de dessalement de l’eau de mer », a-t-il ajourté. Il a annoncé la poursuite du renforcement du pouvoir d’achat « avec une augmentation prévue des salaires de 53 %, grâce à une accélération de la production nationale ».
« Le colonialisme n’a laissé que destruction en Algérie »
Sur le plan international, le président a réaffirmé les positions constantes de l’Algérie, notamment son soutien indéfectible à la cause palestinienne : « Nous continuerons à soutenir le peuple palestinien dans sa lutte pour le recouvrement de ses droits légitimes » et « l’Algérie demeurera aux côtés de la Palestine jusqu’à l’établissement de son État indépendant avec El-Qods pour capitale ». Concernant la question du Sahara occidental, Tebboune a maintenu la position algérienne en faveur de l’autodétermination, dénonçant les propositions d’autonomie Depuis le début de son mandat en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, l’Algérie mène une bataille pour la cause palestinienne », a souligné le président de la République, assurant que « l’Algérie demeurera aux côtés de la Palestine jusqu’à l’établissement de son Etat indépendant avec El-Qods pour capitale ». Le président de la République a également réaffirmé la position constante de l’Algérie à l’égard de la question du Sahara occidental, soulignant que cette position « ne changera pas tant que le peuple sahraoui n’aura pas exercé son droit à l’autodétermination ». Cette position « ne revêt aucune animosité envers une quelconque partie ou un Etat », a-t-il dit. Et de rappeler que la question du Sahara occidental est inscrite au niveau de l’ONU « en tant que question de décolonisation » et que « son dossier est soumis à la Commission onusienne de décolonisation ». « L’idée d’autonomie est une idée française et non marocaine. Nous le savons depuis des décennies », a soutenu le président de la République. Et d’ajouter que les options de règlement qu’ils proposent sont « des choix entre le mal et le pire alors qu’il s’agit d’une question de décolonisation et d’autodétermination », réaffirmant le respect par l’Algérie de la légalité internationale et du droit international.Le président n’a pas manqué d’aborder la question mémorielle avec la France, rappelant les atrocités de la colonisation : « Le colonialisme n’a laissé que destruction en Algérie, et nos droits demeurent, indéfectibles ». « Ceux qui prétendent avoir laissé une Algérie prospère doivent se rappeler qu’à l’indépendance, 90 % du peuple algérien était analphabète. Le général Bugeaud a exterminé des Algériens… », a-t-il ajouté. Il a notamment exigé « le nettoyage des déchets nucléaires sur les sites des essais effectués dans notre Sahara » et dénoncé les pratiques coloniales : « Ils se disent civilisés tout en se vantant d’avoir pris des crânes en guise de trophées ». Ce discours marathon devant le Parlement a ainsi permis au président Tebboune de réaffirmer ses engagements, de défendre son bilan et de tracer les perspectives pour l’année à venir, tout en répondant aux critiques et en réaffirmant les positions de principe de l’Algérie sur les questions internationales.
Salim Amokrane