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L’héritage du président Houari Boumediene au cœur d’une conférence à L’INESG

Une vision pour l’Algérie et le tiers-monde

Quarante-six ans après sa disparition, la figure du président Houari Boumediene continue d’incarner une période charnière de l’histoire algérienne, marquée par des transformations profondes et une vision ambitieuse pour le pays. À l’occasion de la commémoration de son décès, l’Institut national d’études de stratégie globale (INESG) a organisé une conférence à Alger, rassemblant universitaires et experts pour analyser l’héritage de cette personnalité marquante. Le parcours révolutionnaire de Boumediene débute dans les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN), où il s’impose rapidement comme un stratège militaire de premier plan. Nommé commandant de l’État-major général de l’ALN, il démontre des qualités de leader qui le conduiront plus tard à la tête de l’État algérien. Sa vision du monde était profondément ancrée dans l’anticolonialisme et la défense des peuples opprimés, faisant de lui une figure emblématique du mouvement des non-alignés.

Présidant l’ouverture de cette conférence, le directeur général de l’INESG, Abdelaziz Medjahed, a appelé à la nécessité d' »approfondir et d’examiner » minutieusement le riche parcours militant du président Boumediene, qui, « grâce à sa perspicacité, a occupé plusieurs responsabilités durant la glorieuse Révolution de libération, dont le commandement de l’Etat-major général de l’Armée de libération nationale (ALN) ». Dans ce sens, il a mis en avant que « la sagesse et la présence remarquable de cet homme sur la scène internationale lui ont permis de s’imposer au double plan régional et international, notamment à la lumière de ses positions constantes soutenant les peuples opprimés dans leur lutte pour la liberté et l’émancipation du joug colonial ».

Sur le plan économique, Boumediene a initié une politique de développement ambitieuse, caractérisée par l’industrialisation massive et la révolution agraire. Cette dernière visait à moderniser l’agriculture et à redistribuer les terres, dans une optique de justice sociale. La nationalisation des hydrocarbures en 1971 marque un tournant décisif, permettant à l’Algérie de prendre le contrôle de ses ressources naturelles et de financer son développement.

Dans ce sens , le directeur général de la Bibliothèque nationale d’Algérie, Mounir Behadi, a évoqué « la stratégie de développement adoptée par le défunt président Boumediene, notamment en ce qui concerne la révolution agraire et ses impacts sociaux, ainsi que la problématique de l’exode rural », saluant « l’attention particulière qu’il portait à la formation du capital humain et à l’amélioration de son efficacité, l’encourageant ainsi à contribuer à la construction du pays ». Pour leur part, les académiciens Abdeslam Mekhloufi et Ammar Houri ont présenté une étude analytique des plans nationaux adoptés par le défunt président Boumediene, mettant en lumière les répercussions de ces programmes sur le développement local. Quant au professeur universitaire Benabdelkader Hadjoudja, il a évoqué les mécanismes de mise en œuvre sur le terrain de ces plans de développement, en particulier les plans des communes, appelant les jeunes à approfondir les études dans ce domaine pour en tirer des enseignements et mieux planifier l’avenir.

Sa vision pour le monde arabe était celle d’une unité fondée sur la solidarité et l’indépendance économique. Il a joué un rôle crucial dans la création de l’OPEP et a constamment œuvré pour le renforcement de la coopération entre pays arabes. Concernant l’Afrique, Boumediene a fait de l’Algérie un pilier du mouvement de libération des peuples africains, soutenant activement les mouvements indépendantistes et promouvant l’unité africaine. L’une des priorités majeures de Boumediene était le développement du capital humain. Il a massivement investi dans l’éducation, rendant l’enseignement gratuit et obligatoire, et a lancé une campagne d’alphabétisation d’envergure nationale. La formation professionnelle et l’enseignement supérieur ont connu un essor sans précédent, avec la création de nombreuses universités et instituts techniques. Sur le plan international, Boumediene s’est imposé comme un leader du tiers-monde, défendant avec force l’idée d’un nouvel ordre économique mondial plus équitable. Ses discours aux Nations Unies et dans d’autres forums internationaux témoignent d’une vision claire des relations Nord-Sud et d’une volonté de rééquilibrer les rapports de force mondiaux. Les réalisations concrètes de son mandat incluent l’industrialisation massive du pays, la création d’infrastructures modernes, l’établissement d’un système de santé publique gratuit, et la mise en place de programmes de logements sociaux ambitieux. La politique des « villages socialistes » visait à moderniser les zones rurales et à freiner l’exode rural, bien que les résultats aient été mitigés. Le modèle de développement initié par Boumediene, basé sur la planification centralisée et l’intervention étatique, a profondément marqué l’Algérie contemporaine. Si certaines de ses politiques ont été remises en question par la suite, sa vision d’une Algérie forte, indépendante et industrialisée continue d’influencer la réflexion sur le développement national. L’héritage de Boumediene reste aujourd’hui un sujet d’étude et de débat, comme en témoigne la conférence de l’INESG. Sa vision du développement, son engagement pour la justice sociale et son combat pour l’émancipation des peuples constitue des références importantes pour comprendre l’histoire de l’Algérie moderne et ses défis contemporains.

Hocine Fadheli

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