Culture

Eth’thaïroun (les révoltés), Arezki Oulbachir » présentée au Théâtre régional de Constantine

L’épopée historique de héros oubliés

L’actualité théâtrale algérienne s’est enrichie ce dimanche d’une représentation marquante avec l’entrée en compétition du Théâtre régional de Constantine « Mohamed-Tahar-El Fergani » au 17e Festival national du Théâtre professionnel (Fntp) à Alger. Le spectacle « Eth’thaïroun (les révoltés), Arezki Oulbachir » s’inscrit dans la programmation spéciale célébrant le 70e anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale, ajoutant une dimension mémorielle particulière à l’événement.

Cette épopée historique, mise en scène par Karim Boudchiche sur un texte de Djallal Khechab, met en lumière la figure héroïque d’Arezki Oulbachir (1857-1895), personnage emblématique des soulèvements populaires du XIXe siècle. Durant près de 90 minutes, la pièce dévoile un pan méconnu de l’histoire nationale, celui de la période post-résistances populaires contre l’occupation française, où des héros souvent oubliés ont marqué leur époque de leur engagement. Le récit se déroule en Grande Kabylie, où Arezki Oulbachir, sa famille et les habitants de son village, confrontés à l’oppression coloniale, se voient contraints de prendre le maquis. La rencontre déterminante avec les frères Abdoun donnera naissance à une force de résistance redoutable, infligeant des pertes significatives à l’occupant. La mise en scène ambitieuse mobilise une distribution intergénérationnelle remarquable de trente comédiens, parmi lesquels figure le vénérable Abdellah Hamlaoui, 85 ans, aux côtés d’artistes chevronnés comme Amar Thaïri, Rabie Oudjaout, Oussama Boudchiche, Najla Tarli, Atika Belezma, Ramzi Labiod, Said Boulmerka, El Hadi Guira, et Racha Saadallah. Mohamed Tahar Zaoui assure quant à lui le rôle crucial du narrateur, tissant le fil conducteur de cette fresque historique.

L’esthétique scénographique, signée Boukhari Hebbal, s’articule autour de symboles forts du patrimoine algérien : la terre et l’olivier, magnifiés par un travail d’éclairage subtil qui accompagne les différentes atmosphères du spectacle. La dimension sonore et musicale, confiée à Bensalah Zekri, vient sublimer l’ensemble, notamment lors des séquences chorégraphiques de combat orchestrées par Riadh Beroual, créant une symbiose parfaite entre le mouvement et le son.

Le public nombreux présent au Théâtre national algérien a manifesté son enthousiasme par des applaudissements nourris, témoignant de l’impact émotionnel de cette œuvre qui ravive la mémoire collective. Cette représentation s’inscrit dans la programmation dense du 17e Fntp, un festival qui, depuis son ouverture le 20 décembre, a présenté 19 spectacles en compétition, auxquels s’ajoutent plusieurs représentations hors concours et des animations de rue. Le festival, qui s’est achevé hier, a également proposé un volet pédagogique avec l’organisation de Masters Class destinés aux jeunes talents, ainsi qu’un cycle de conférences principalement axé sur la commémoration du 70e anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération. Cette adaptation théâtrale de l’histoire d’Arezki Oulbachir représente ainsi plus qu’un simple spectacle : elle incarne la volonté persistante du théâtre algérien de conjuguer création artistique et devoir de mémoire, tout en offrant aux nouvelles générations des repères historiques essentiels à travers le prisme de l’art dramatique.

Mohand Seghir

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