Faye : « fin de toutes présences militaires étrangères dès 2025 »
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a fixé lors de son discours du Nouvel an 2025 une échéance précise pour le départ de toutes les forces militaires étrangères de son pays.
Cette décision, qui s’inscrit dans une dynamique régionale plus large de remise en cause de la présence militaire française sur le continent, concrétise les promesses de campagne du nouveau chef d’État sénégalais, élu en mars 2024 sur un programme souverainiste. Le président Faye, qui se réclame d’un panafricanisme de gauche, avait déjà annoncé le 28 novembre 2024 que la présence de bases militaires françaises sur le territoire sénégalais était incompatible avec la souveraineté nationale. En fixant désormais l’échéance à 2025, il franchit une étape supplémentaire en donnant une date butoir claire pour ce retrait. Cette décision s’accompagne d’une instruction donnée au ministre des Forces armées de proposer une nouvelle doctrine de coopération en matière de défense et de sécurité. Le président sénégalais a toutefois tenu à préciser que tous les amis du Sénégal seront considérés comme des partenaires stratégiques, dans le cadre d’une coopération qu’il souhaite « ouverte, diversifiée et décomplexée ». Cette annonce s’inscrit dans un contexte régional particulièrement délicat pour la France, qui voit son influence militaire reculer rapidement sur le continent africain. Après avoir été contrainte de retirer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger, Paris est forcé à une reconfiguration majeure de son dispositif en Afrique. Le Tchad, longtemps considéré comme un allié stratégique de la France dans la région, a également annoncé le départ des militaires français de son sol. Une première concrétisation de ce retrait a eu lieu le 26 décembre avec la rétrocession de la base militaire de Faya, située dans l’extrême nord désertique du pays. En Côte d’Ivoire, autre pays historiquement proche de la France, le président Alassane Ouattara a annoncé que la base militaire française d’Abidjan sera rétrocédée aux forces armées ivoiriennes dès janvier 2025, dans le cadre d’un « retrait concerté et organisé ». Cette série de retraits constitue un bouleversement majeur de la présence militaire français en Afrique, établi depuis les indépendances dans le cadre des accords de défense. Elle témoigne d’une volonté croissante d’affirmation de la souveraineté nationale de la part des États africains, particulièrement visible dans la nouvelle génération de dirigeants comme Bassirou Diomaye Faye, qui revendiquent une rupture avec l’ancien système de dépendance vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale. Le cas du Sénégal est particulièrement symbolique, car le pays entretenait jusqu’ici des relations fortes avec l’Occident et était considéré comme un partenaire stable et fiable. La décision du président Faye, tout en restant dans un cadre diplomatique courtois comme en témoigne sa volonté de maintenir des partenariats stratégiques, marque néanmoins une rupture claire avec le passé. Elle illustre la volonté des pays africains de redéfinir leurs relations internationales sur des bases plus équilibrées, 64 ans après les indépendances.
Lyes Saïdi