L’UE ne reconnaît pas la souveraineté de l’entité sioniste sur les territoires palestiniens occupés en 1967
L’Union européenne a réaffirmé sa position ferme concernant les territoires palestiniens occupés, marquant une évolution notable dans son approche diplomatique face à la tragédie qui se poursuit à Ghaza. Répondant à une interpellation de Lynn Bonline, présidente de la Commission des relations avec la Palestine du Parlement européen, sur l’avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ) de juillet 2024, le commissaire européen Marosh Chevtchou a confirmé la décision de l’UE d’exclure les marchandises produites dans les colonies de l’entité sioniste des préférences commerciales européennes. Cette prise de position s’inscrit dans le prolongement de l’avis historique de la CIJ déclarant l’occupation des territoires palestiniens illégale au regard du droit international. L’Union européenne a par ailleurs engagé des discussions sur les implications plus larges de cet avis consultatif, laissant présager d’autres mesures concrètes en soutien au droit international. La vice-présidente de la Commission européenne, Kaja Kalas, a notamment souligné l’engagement de l’UE envers le droit international humanitaire, rappelant que des sanctions avaient déjà été prises à l’encontre des colons impliqués dans des crimes avérés. Cette fermeté diplomatique intervient dans un contexte marqué par une escalade sans précédent de la violence des colons en Cisjordanie occupée. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), l’année 2024 a été la plus meurtrière jamais enregistrée, avec pas moins de 1.400 incidents recensés, soit une moyenne effarante de quatre agressions quotidiennes. Ces violences ont pris des formes diverses, allant des agressions physiques aux incendies criminels, en passant par des raids contre des communautés palestiniennes et la destruction systématique d’arbres fruitiers.
Le bilan humain est particulièrement lourd : sept Palestiniens ont été tués par des colons au cours du premier semestre 2024, tandis que près de 4.700 personnes ont été contraintes au déplacement interne en Cisjordanie. Parmi ces déplacés, 12% citent directement la violence des colons et les restrictions d’accès comme motif de leur exode. Cette violence, bien que structurelle en Cisjordanie occupée, s’est considérablement intensifiée depuis le déclenchement de l’agression génocidaire contre Ghaza en octobre 2023.
70 morts en une journée à Ghaza
La situation à Ghaza demeure catastrophique, comme en témoignent les derniers développements rapportés hier. Les frappes de l’occupation dans la bande de Ghaza ont tué au moins 70 personnes en une journée, ont déclaré samedi des médecins palestiniens, alors que les médiateurs tentent de parvenir à un cessez-le-feu pour mettre fin à la guerre qui dure depuis 15 mois. Au moins 17 personnes ont été tuées dans des frappes aériennes qui ont touché deux maisons de la ville de Ghaza, ont indiqué des médecins et des habitants. Les gens ont fouillé les décombres à la recherche d’éventuels survivants coincés sous les décombres et les médecins ont déclaré que des enfants figurent au nombre des tués. Quelques flammes et fumées continuaient à s’élever dans les ruines plusieurs heures après l’attaque. « Vers deux heures du matin, nous avons été réveillés par une énorme explosion », a déclaré à Reuters Ahmed Ayyan, un voisin de la famille Al-Ghoula dont la maison où vivaient 14 ou 15 personnes a été détruite tôt dans la matinée. « La plupart sont des femmes et des enfants, ce sont tous des civils, il n’y a personne là-bas qui a tiré des missiles ou qui soit membre de la résistance », a-t-il ajouté. Une autre frappe a fait cinq morts dans une maison de la ville de Ghaza, a indiqué le Service civil palestinien d’urgence, selon lequel une dizaine de victimes pouvaient être prisonnières des décombres. À Khan Younès, dans le sud du territoire, cinq agents de sécurité chargés d’accompagner des convois humanitaires ont été délibérément visés, selon Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile, qui y voit une volonté délibérée d’entraver l’acheminement de l’aide humanitaire. Le bilan global de cette agression génocidaire s’élève désormais à 45.658 martyrs et 108.583 blessés depuis le 7 octobre 2023. La gravité de la situation sanitaire a été soulignée lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU convoquée par l’Algérie. Le Dr Rik Peeperkorn, Représentant de l’Organisation mondiale de la santé pour la Cisjordanie et Ghaza, a dressé un tableau alarmant : 7% de la population a été tuée ou blessée, et plus d’un quart des 105.000 civils blessés font face à des séquelles permanentes. La lenteur des évacuations médicales aggrave encore la situation, avec plus de 12.000 patients en attente de soins à l’étranger. Au rythme actuel, il faudrait entre cinq et dix ans pour évacuer l’ensemble des cas critiques. L’OMS a par ailleurs documenté 654 attaques contre des établissements de santé, causant des centaines de victimes parmi le personnel soignant et les patients. Lors de cette même réunion, Riyad Mansour, Représentant permanent de l’État de Palestine auprès des Nations unies, a dénoncé avec force le génocide en cours et les crimes de guerre flagrants commis à Ghaza. Il a rendu un hommage appuyé au personnel médical palestinien qui continue de sauver des vies sous les bombardements, tout en déplorant l’incapacité de la communauté internationale à faire preuve d’un courage comparable. La situation humanitaire continue de se dégrader, comme le souligne l’ONG Action Aid, qui dénonce l’obstruction systématique de l’aide par l’armée d’occupation. Sa directrice des ressources et de la défense, Reham Jaafari, a souligné le caractère particulièrement cruel de ces entraves en période hivernale. L’Organisation internationale pour les migrations s’est également dite « profondément alarmée » par l’impact des conditions météorologiques sur les déplacés, rapportant notamment la mort d’au moins sept nourrissons d’hypothermie. Ces développements soulignent l’urgence d’une action internationale résolue pour mettre fin à cette tragédie qui se poursuit depuis plus d’un an. Si l’évolution de la position européenne marque un pas dans la bonne direction, l’ampleur des souffrances endurées par la population palestinienne appelle des mesures plus fermes encore de la part de la communauté internationale.
Lyes Saïdi