L’Algérie se place sur le marché européen de l’hydrogène vert
Le ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des Energies renouvelables, Mohamed Arkab, s’apprête à participer aujourd’hui à Rome à un événement majeur pour l’avenir énergétique de la région : la première réunion ministérielle consacrée au projet SoutH2 Corridor.
Cette rencontre, qui fait suite à une invitation conjointe du vice-président du Conseil des ministres italien Antonio Tajani et du ministre de l’Environnement Gilberto Pichetto Fratin, rassemblera les représentants de l’Algérie, la Tunisie, l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche, avec la Commission européenne et la Suisse en tant qu’observateurs. Le ministre sera accompagné d’une délégation de haut niveau, comprenant notamment le secrétaire d’État aux Énergies renouvelables, Noureddine Yassaâ, ainsi que les PDG de Sonatrach et Sonelgaz. Cette réunion s’inscrit dans la continuité du protocole d’accord signé le 14 octobre 2024 à Oran, qui marque une étape décisive dans la concrétisation de ce corridor énergétique ambitieux. Le projet SoutH2 Corridor représente bien plus qu’une simple infrastructure de transport d’énergie : il incarne la vision stratégique de l’Algérie pour devenir un acteur majeur dans le marché émergent de l’hydrogène vert. En effet, l’Algérie a élaboré en 2023 une stratégie nationale ambitieuse visant à se positionner comme un fournisseur clé pour l’Europe, dont les besoins en hydrogène vert sont estimés à 10 millions de tonnes à l’horizon 2030. Dans ce contexte, l’Algérie affiche des objectifs particulièrement audacieux : elle prévoit d’exporter 1,2 million de tonnes d’hydrogène vert vers l’Europe d’ici 2040, tout en développant une production de 300 000 tonnes d’hydrogène vert et bleu destinée à la décarbonation de ses secteurs d’activités prioritaires. Le SoutH2 Corridor jouera un rôle central dans la réalisation de ces objectifs, avec une capacité prévue de transport de 4 millions de tonnes d’hydrogène vert par an depuis l’Algérie vers l’Union européenne. Ce projet s’appuiera sur des infrastructures existantes tout en prévoyant la création de nouvelles installations si nécessaire. La participation d’Arkab à la réunion de Rome souligne l’engagement fort de l’Algérie dans ce projet structurant, qui représente un véritable pont énergétique entre l’Afrique et l’Europe. Cette initiative s’inscrit parfaitement dans la stratégie algérienne de transition énergétique et de diversification économique, tout en répondant aux objectifs européens de sécurité énergétique et de lutte contre le changement climatique. L’Algérie, forte de ses avantages comparatifs, notamment en termes de potentiel solaire et d’infrastructures existantes, vise ainsi à capturer 10% du marché européen de l’hydrogène vert. En marge de cette rencontre ministérielle, un forum d’affaires réunira les entreprises des pays concernés pour élaborer une feuille de route détaillée, démontrant la volonté commune d’accélérer la mise en œuvre de ce projet stratégique. Cette initiative témoigne de l’engagement de l’Algérie à jouer un rôle de premier plan dans la transition énergétique mondiale, en développant des partenariats durables avec l’Europe tout en contribuant activement aux objectifs climatiques internationaux.
Samira Ghrib