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Les agissements de certains membres du gouvernement français envers l’Algérie vertement critiqués : De Villepin dénonce un déni de l’histoire

Alors que plusieurs voix s’élèvent au sein de la classe politique française pour dénoncer la campagne algérophobe menée par l’extrême droite et la droite dure, l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin s’est livré à une critique cinglante du gouvernement français, particulièrement concernant sa gestion des relations diplomatiques avec l’Algérie. Dans un entretien accordé à Mediapart, il a fermement condamné la rhétorique provocatrice du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qu’il accuse de bafouer l’histoire commune entre les deux nations. « Quelque chose qui m’afflige tous les jours, c’est la façon dont les grandes affaires diplomatiques sont traitées aujourd’hui par les hommes politiques français, par Twitter en quelques phrases », a déclaré De Villepin, dénonçant une diplomatie réduite à des formules choc sur les réseaux sociaux.

L’ancien chef de la diplomatie française s’est particulièrement insurgé contre les propos de Retailleau appelant à « dénoncer l’accord de 1968 avec l’Algérie ». Pour De Villepin, cette position reflète un mépris profond de l’histoire : « Quand on a l’histoire que nous avons avec l’Algérie, est-ce qu’on peut la ramener à une formule comme celle-là ?! Qu’est-ce que cela veut dire ? Il faut supprimer l’accord de 1968 ? C’est ça une diplomatie ? C’est ça une politique vis-à-vis d’un pays avec lequel nous sommes liés par la culture, par l’histoire, par la géographie, et par le peuple ? » De Villepin a particulièrement insisté sur la dangereuse dérive d’une politique basée sur la surenchère médiatique : « On ne peut pas aujourd’hui prétendre parler au monde en employant uniquement le langage de la surenchère. » Il dénonce une stratégie politique cynique où « on progresse dans les sondages, on progresse dans les vues et dans les likes, parce qu’on emploie les bons marqueurs » au détriment d’une vraie diplomatie constructive.

Cette prise de position intervient dans un contexte de tensions croissantes, marqué par les déclarations controversées de Retailleau qualifiant certains citoyens issus de l’immigration de « Français de papiers », une rhétorique ouvertement hostile qui a suscité l’indignation de nombreux élus. La députée Mathilde Panot (LFI) a notamment qualifié le ministre de l’Intérieur de « piètre agitateur », tandis que l’ex-ministre Ségolène Royal a rappelé la « dette morale » de la France envers l’Algérie, liée aux crimes de la colonisation. La Fédération franco-algérienne de consolidation et du renouveau (FFA) a exprimé sa « plus vive indignation face à la campagne politico-médiatique dirigée contre l’Algérie et les Algériens », rejoignant ainsi un concert de voix qui s’élèvent contre la montée d’un discours extrémiste au sein du gouvernement français. Catherine Tricot, directrice de la revue Regards, a appelé la France à « se calmer et à considérer ses relations avec le monde », soulignant l’urgence d’un retour à une diplomatie responsable et respectueuse de l’histoire partagée entre les deux nations.

Cette escalade verbale et ce déni historique de la part de certains membres du gouvernement français marquent un tournant préoccupant dans les relations franco-algériennes, d’autant plus inquiétant qu’il s’inscrit dans une stratégie politique privilégiant la provocation et la surenchère médiatique au détriment d’un dialogue constructif basé sur la reconnaissance mutuelle et le respect de l’histoire commune.

Azzedine Belferag

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