À la UneActualité

Tebboune à propos de l’Accord d’association avec l’UE : « La révision vise à renforcer nos bonnes relations »

Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé hier lors de la réunion du Conseil des ministres que la révision de l’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne est dictée par des réalités économiques. Depuis son entrée en vigueur en 2005, les exportations algériennes étaient principalement axées sur les hydrocarbures. Aujourd’hui, elles se sont diversifiées, englobant des secteurs comme la production agricole, les minerais, le ciment et les produits alimentaires.

Le chef de l’État a tenu à préciser que cette révision n’est nullement motivée par un différend, mais vise plutôt à consolider les relations entre l’Algérie et l’Union européenne sur la base d’un partenariat équilibré, selon le principe du « gagnant-gagnant ». Le Président Tebboune a affirmé que « la révision de cet accord est dictée par des réalités économiques, car depuis son entrée en vigueur en 2005, les exportations de l’Algérie reposaient essentiellement sur les hydrocarbures, alors qu’aujourd’hui, nos exportations hors hydrocarbures se sont diversifiées et élargies, notamment dans les secteurs de la production agricole, des minerais, du ciment et des produits alimentaires ». Il a rappelé que l’Algérie n’a interdit l’importation d’aucun produit, à l’exception de ceux dont la production locale satisfait les besoins du marché national. Et d’ajouter que « l’objectif fixé est d’optimiser et d’organiser les importations par filière et de freiner les tentatives répétées de spéculation sur les produits importés, tels que les pièces de rechange, dont l’importation n’a fait l’objet d’aucune interdiction et demeure autorisée à ce jour ».

 Dans ce contexte, le président Tebboune a donné des instructions strictes au gouvernement afin de lutter contre toute tentative de nuire à l’image de l’Algérie auprès des grandes marques mondiales. Il a ainsi encouragé les investissements, notamment de la part des jeunes, dans la commercialisation des marques internationales très prisées dans les grands centres commerciaux. L’objectif est d’optimiser et d’organiser les importations par filière, tout en luttant contre la spéculation sur les produits importés, tels que les pièces de rechange, dont l’importation demeure libre.

Pour rappel, le Président de la République avait déjà présidé le 14 janvier dernier une réunion consacrée aux préparatifs de la révision de cet accord. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie annoncée dès octobre 2024 par le chef de l’État, qui avait prévu un réexamen de l’accord à partir de 2025. Lors de cette annonce, il avait insisté sur la nécessité de mener cette révision « avec souplesse et dans un esprit amical, sans entrer en conflit », tout en rappelant que l’Algérie entretient des relations normales avec l’ensemble des États de l’Union européenne. Le président Tebboune avait alors justifié cette révision par l’évolution économique de l’Algérie. En 2005, l’industrie ne représentait que 3 % du PIB, et le pays était fortement dépendant des importations agricoles. Aujourd’hui, l’Algérie produit et exporte une variété croissante de produits manufacturés et électroménagers.

Un accord déséquilibré

Il faut dire que les déséquilibres de l’accord entravent aujourd’hui les ambitions de diversifications de l’Algérie. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a récemment décrit l’accord d’association comme un « boulet au pied de l’économie nationale ». Lors d’une conférence de presse en décembre 2024, il a critiqué l’attitude de l’UE, qu’il accuse de considérer que l’économie algérienne est restée figée depuis 2005. Il a dénoncé le système de quotas qui limite les exportations algériennes, notamment avec la mise en place de la taxe carbone. Les chiffres qu’il a avancés sont éloquents : entre 2005 et 2023, l’accord a permis des échanges commerciaux de près de 1000 milliards de dollars pour les produits européens en Algérie, alors que les investissements européens n’ont atteint que 13 milliards de dollars, dont 12 milliards ont été rapatriés sous forme de dividendes. En clair, l’Algérie n’aurait bénéficié que d’un milliard de dollars sur cette période. Face à cette situation, le Président Tebboune a ordonné une révision article par article de l’accord afin de rétablir un équilibre basé sur un partenariat mutuellement avantageux. L’Algérie critique notamment les barrières non tarifaires imposées par l’UE qui freinent l’accès des produits algériens au marché européen, ainsi que les restrictions sur la libre circulation des citoyens et des opérateurs économiques algériens dans l’espace Schengen.

L’UE semble aussi disposée à revoir les termes de l’Accord. Le nouvel ambassadeur de l’UE à Alger, Diego Mellado Pascua, a réaffirmé récemment l’importance stratégique de l’Algérie pour l’Europe. Lors d’une rencontre avec la presse nationale le 1er janvier, il a mis en avant le rôle crucial de l’Algérie dans la réindustrialisation européenne. Les chiffres illustrent cette dynamique positive : les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’UE ont atteint un niveau record de 50 milliards d’euros en 2023, dépassant largement la moyenne des deux dernières décennies, qui oscillait entre 30 et 40 milliards d’euros. Les investissements européens en Algérie s’élèvent aujourd’hui à 23 milliards d’euros. L’ambassadeur a annoncé le lancement en 2025 du « Pacte pour la Méditerranée », visant à renforcer la coopération avec les pays du sud de la Méditerranée. Les consultations techniques pour la révision de l’accord, prévues début 2025, devront tenir compte des intérêts de l’Algérie, avec pour objectif principal de faciliter l’accès des produits algériens au marché européen.

Hocine Fadheli

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *