Un sommet d’urgence convoqué au Caire : Une position arabe commune face aux plans coloniaux de Trump à Ghaza
Face à la gravité sans précédent de la situation à Ghaza et aux propositions américaines de déplacement forcé de la population palestinienne, l’Égypte accueillera le 27 février un sommet d’urgence des pays arabes. Cette réunion extraordinaire, convoquée à la demande de l’État de Palestine après consultation avec les pays arabes au plus haut niveau, intervient dans un contexte particulièrement alarmant. En effet, le président américain Donald Trump, à l’issue d’entretiens avec Benjamin Netanyahu, a avancé un projet insensé visant à transformer l’enclave palestinienne martyrisée en une « riviera » pour milliardaires, impliquant le déplacement forcé de sa population. Une proposition qui a suscité une vague d’indignation internationale et que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, n’a pas hésité à qualifier de partie intégrante d’un plan colonial visant à « effacer la Palestine ». Lors d’un entretien téléphonique avec son homologue tunisien Mohamed Ali Al-Nefti, le chef de la diplomatie iranienne a appelé à une position « ferme et unifiée » de tous les pays du monde face à cette « dangereuse conspiration », soulignant la nécessité d’une réponse « cohérente et déterminée » des pays islamiques. La proposition de Trump intervient alors que la bande de Ghaza sort à peine de plus de quinze mois d’une agression sioniste génocidaire qui a fait 48.189 martyrs et 111.640 blessés, majoritairement des femmes et des enfants, selon le dernier bilan des autorités sanitaires palestiniennes. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a d’ailleurs rappelé avec force que « nous ne pouvons pas revenir à davantage de morts et de destructions », soulignant qu’un État palestinien viable et souverain reste « la seule solution durable » au conflit.
60 milliards USD pour la reconstruction de Ghaza
Les experts des Nations unies ont également démontré l’inanité des arguments sécuritaires avancés pour justifier le déplacement des Palestiniens. Ainsi, le rapporteur spécial de l’ONU sur le droit au logement, Balakrishnan Rajagopal, a clairement établi que la reconstruction de Ghaza, dont 70% des bâtiments ont été détruits, est parfaitement possible sans déplacer la population. Cette reconstruction, estimée à 60 milliards de dollars, pourrait être achevée dans un délai de 5 à 10 ans. La dimension coloniale du projet américain est d’autant plus évidente que Netanyahu lui-même s’est permis des déclarations provocatrices suggérant la création d’un État palestinien sur le sol saoudien, suscitant une réaction cinglante de Riyad. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a en effet « catégoriquement rejeté » ces propos, les qualifiant de tentative de « détourner l’attention des crimes successifs commis par l’occupation israélienne contre nos frères palestiniens à Ghaza, y compris le nettoyage ethnique auquel ils sont soumis ». Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a pour sa part qualifié les déclarations de Netanyahu d' »inacceptables et déconnectées de la réalité », relevant qu’elles procédaient de « simples fantasmes ou illusions ». Sur le terrain, la résistance palestinienne continue de remporter des victoires significatives. Le mouvement Hamas a ainsi annoncé le retrait de l’armée d’occupation sioniste du couloir du Carrefour des martyrs (Netzarim) comme une victoire majeure, soulignant que le peuple palestinien « a réduit à néant les illusions de l’occupation et sa direction fasciste de contrôler et de diviser militairement la Bande ». Dans son communiqué, le Hamas a réaffirmé sa « détermination à maintenir notre peuple sur ses terres, à contrecarrer les plans de déplacement et à poursuivre la lutte jusqu’à ce qu’il parvienne à l’autodétermination avec El Qods comme capitale ». Le sommet du Caire s’annonce donc comme un moment crucial pour l’affirmation d’une position arabe commune face aux projets colonialistes américano-sionistes. L’enjeu est d’autant plus important que le cessez-le-feu en vigueur depuis le 19 janvier reste fragile et que la catastrophe humanitaire à Ghaza nécessite une mobilisation internationale sans précédent. La réunion devra notamment permettre de coordonner les efforts arabes pour contrer les tentatives de légitimation du nettoyage ethnique que constituent les propositions américaines de déplacement forcé, tout en œuvrant à la mise en place d’un mécanisme efficace de reconstruction de l’enclave palestinienne martyrisée. Face aux velléités coloniales qui rappellent les heures les plus sombres de l’histoire, l’unité et la fermeté du monde arabe apparaissent plus que jamais comme un rempart indispensable pour la préservation des droits inaliénables du peuple palestinien.
Lyes Saïdi