Paternalisme, arrogance et deux poids, deux mesures: Un rapport du sénat français étrille la politique africaine de Macron
Le dernier rapport du Sénat français vient confirmer ce que les nations africaines, et particulièrement l’Algérie, observent depuis des années : la fin de l’hégémonie française sur le continent africain. Cette conclusion, tirée d’un document accablant de la Commission des affaires étrangères du Sénat français, révèle l’échec cuisant de la politique africaine d’Emmanuel Macron. Le président français, qui se targuait d’appartenir à une « génération nouvelle » censée rompre avec les pratiques néocoloniales, n’a fait que perpétuer l’arrogance et le paternalisme caractéristiques de l’ancien empire colonial, comme l’ont si souvent dénoncé les intellectuels et leaders africains, notamment algériens. Les tentatives superficielles de Macron de « renouveler » les relations avec l’Afrique, que ce soit à travers ses visites en Algérie ou l’organisation du sommet de Montpellier, n’ont fait que confirmer l’incapacité de Paris à se défaire de ses réflexes colonialistes. Le plus révélateur est sans doute la politique du « deux poids, deux mesures » dénoncée dans le rapport, notamment dans le traitement différencié des transitions politiques au Tchad et dans d’autres pays africains, une pratique qui rappelle douloureusement les manipulations historiques de la France dans les affaires internes des nations africaines. Cette attitude n’est pas sans rappeler les années sombres de la Françafrique. Le retrait forcé des forces militaires françaises du Niger, du Mali, de la Centrafrique et du Burkina Faso représente une victoire symbolique majeure pour la souveraineté africaine. La diversification des partenariats internationaux, avec l’émergence de nouvelles alliances avec la Russie, la Turquie, la Chine et les pays du Moyen-Orient, marque un tournant décisif dans l’histoire du continent. Même si le rapport sénatorial tente de minimiser ces nouvelles alliances en les qualifiant d' »ambiguës », elles représentent pour les nations africaines une réelle opportunité de s’émanciper de l’influence française. La perte d’influence de la France, manifestée notamment par la fin des programmes de formation militaire qui touchaient près de 17 000 militaires africains par an, témoigne d’une transformation profonde des relations internationales en Afrique. Cette évolution, particulièrement significative pour des pays comme l’Algérie qui ont longtemps plaidé pour une véritable indépendance stratégique du continent, marque peut-être la fin définitive de l’ère néocoloniale française en Afrique. L’échec de la politique africaine de Macron, documenté par ce rapport, n’est pas simplement celui d’un président ou d’un quinquennat, mais celui d’un système post-colonial qui n’a jamais su se réinventer. Pour l’ensemble du continent africain, cette situation représente une opportunité historique de redéfinir les relations internationales sur des bases véritablement égalitaires, loin des schémas de domination hérités du passé colonial. La francophonie, que Paris considère encore comme un « atout », apparaît désormais comme le dernier vestige d’une influence en déclin, face à l’émergence d’une Afrique qui s’affirme et choisit librement ses partenaires stratégiques.
Salim Amokrane