Soudan : Le HCR alerte sur l’aggravation de la catastrophe humanitaire
Au cœur d’un conflit dévastateur qui perdure depuis avril 2023, le Soudan traverse ce que les responsables des Nations Unies qualifient de « plus grande catastrophe humanitaire sur terre ».
Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité vendredi, le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a lancé un cri d’alarme quant à la détérioration continue de la situation dans ce pays d’Afrique du Nord-Est. Le conflit armé qui oppose les Forces armées soudanaises aux Forces de soutien rapide (FSR) a plongé le pays dans un chaos dont les conséquences humaines atteignent des proportions dramatiques. Selon Grandi, « trois millions et demi de personnes ont fui le pays, en plus des millions de déplacés à l’intérieur du Soudan ». Face à cette réalité accablante, le Haut-Commissaire a exprimé son « exaspération » face au manque de sensibilisation mondiale, malgré les avertissements répétés des organisations internationales. « J’ai assisté à de nombreuses réunions sur le Soudan et, à chaque fois, à juste titre, j’entends dire qu’il s’agit de la plus grande catastrophe humanitaire sur terre… », a-t-il déploré avec amertume. Pour tenter de remédier à cette indifférence relative, il a particulièrement insisté sur la nécessité d’un meilleur accès des médias afin que le monde puisse prendre la mesure de la gravité de la situation : « Si nous voulons mobiliser les ressources nécessaires, nous avons besoin de cette visibilité qui fait défaut ». Cette crise d’une ampleur exceptionnelle exerce une pression insoutenable sur les pays voisins qui accueillent les réfugiés. Grandi a souligné que « ces États fragiles ne pourront pas supporter une telle pression sans un soutien international significatif », appelant à une mobilisation urgente de la communauté internationale. Il a par ailleurs affirmé avec force que « des millions de réfugiés soudanais ne retourneront pas chez eux tant que les hostilités se poursuivent », exhortant toutes les parties prenantes à répondre à l’appel pour une cessation immédiate des combats. Cet appel fait écho à celui du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui, la veille à Addis Abeba, avait spécifiquement demandé un arrêt des hostilités durant le mois du Ramadhan, période qui approche à grands pas. S’exprimant lors d’une conférence sur la situation humanitaire au Soudan, organisée en marge du sommet de l’Union africaine (UA) en Éthiopie, M. Guterres avait déclaré : « Le mois sacré du Ramadhan approche à grands pas. Nous devons faire plus – et faire plus maintenant – pour aider le peuple soudanais à sortir de ce cauchemar ». Considérant cette période comme « bénie pour la paix, la compassion, le don et la solidarité », le Secrétaire général a invité les belligérants à soutenir « généreusement » la réponse humanitaire et à faire pression pour le respect du droit international, appelant de ses vœux non seulement une trêve temporaire mais aussi une « paix durable, dont le peuple soudanais a si désespérément besoin ». Les chiffres avancés par le Secrétaire général de l’ONU sont tout aussi alarmants que ceux du HCR : depuis le début du conflit en avril 2023, les affrontements entre l’armée et les Forces de soutien rapide ont fait des dizaines de milliers de morts et ont déplacé plus de 12 millions de personnes, soit près d’un quart de la population totale du pays. Face à cette tragédie qui se déroule loin des projecteurs médiatiques internationaux, les deux hauts responsables onusiens ont souligné l’urgence d’une attention soutenue et d’une réponse coordonnée de la part de l’Union africaine et de la communauté internationale dans son ensemble. Ils ont particulièrement mis l’accent sur trois besoins prioritaires : une couverture médiatique plus importante pour sensibiliser l’opinion publique mondiale, une augmentation substantielle de l’aide humanitaire pour répondre aux besoins les plus urgents, et des pressions diplomatiques accrues pour parvenir à un cessez-le-feu durable.
Lyes Saïdi