Niger: Début des Assises nationales de la refondation de l’Etat
Les Assises nationales de la refondation (ANR) de l’État du Niger ont débuté à Niamey samedi, marquant une étape importante dans le processus de transition politique du pays.
La cérémonie d’ouverture, qui s’est tenue au Centre des conférences internationales de la capitale nigérienne, a été présidée par le général Abdourahmane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Ces assises, qui se poursuivront jusqu’au mercredi prochain, rassemblent 716 délégués issus des différentes factions nationales nigériennes. Leur mission principale consiste à examiner les recommandations formulées lors des Assises régionales et à élaborer le projet de charte qui encadrera la période de transition dans le pays. Dans son allocution d’ouverture, retransmise en direct par la télévision d’État Télé Sahel, le général Tiani a expliqué les raisons du report de cette rencontre, initialement prévue peu après la prise du pouvoir par le CNSP. « Le retard accusé dans la tenue de cette rencontre, annoncée dès la reprise du Pouvoir, était dû aux défis et pressions extérieurs auxquels le Niger fait face depuis sa décision de reprendre sa pleine souveraineté, » a-t-il déclaré.
Le chef de l’État a ensuite appelé à l’unité nationale face aux défis que traverse le pays. « Ces assises ne sauront ‘servir de tremplin pour une conquête du pouvoir à venir’, » a lancé le général Tiani, soulignant qu’elles « doivent plutôt être un moment d’échanges constructifs » qui « va fédérer tous les Nigériens. » Il a exhorté les participants à « faire preuve de responsabilité, loin des conflits partisans ou régionaux » et leur a rappelé de ne pas oublier « les sacrifices du peuple nigérien. » Le président du CNSP a également insisté sur l’importance de ces discussions pour l’avenir du pays, affirmant que « ces rencontres ne sont pas de simples formalités, mais un débat constructif. » Au terme de son allocution, il s’est engagé à appliquer toutes les décisions issues de cette rencontre. La cérémonie a été marquée par la présence de trois anciens présidents nigériens : Mahamadou Issoufou, qui a dirigé le pays de 2011 à 2021 et prédécesseur de Mohamed Bazoum; Mahamane Ousmane, élu en 1993 et renversé par un coup d’État en 1996; ainsi que le général Salou Djibo, qui avait pris le pouvoir en 2010 après avoir renversé Mamadou Tandja. Des diplomates et représentants d’institutions internationales assistaient également à l’événement. Mamoudou Harouna Djingarey, président de la commission chargée de diriger les assises, également chef traditionnel et ancien fonctionnaire de l’ONU, a pris la parole lors de la cérémonie, déclarant : « Nous sommes ici réunis pour bâtir un Niger fort, digne, souverain et tourné vers l’avenir. » La commission qu’il préside devra remettre son « rapport final » au général Tiani au début du mois de mars. Ces assises interviennent dans un contexte particulier pour le Niger. Un mois après sa prise de pouvoir en 2023, le général Tiani avait annoncé une durée maximale de trois ans pour la période de transition. Début 2024, des concertations préparatoires se sont tenues dans les huit régions du pays, et le régime a annoncé son intention de retourner à l’ordre constitutionnel « dans les meilleurs délais. »
Lyes Saïdi