Projection du long-métrage « Zighoud Youcef » à Constantine: Une fresque historique saisissante
La préservation de la mémoire nationale est une priorité pour les pouvoirs publics et notamment pour le secteur de la culture. Le cinéma est en effet appelé à jouer un rôle majeur dans la préservation de la mémoire.
Dans le cadre des célébrations de la Journée nationale du Chahid, le long-métrage « Zighoud Youcef », retraçant le parcours d’une figure emblématique de la lutte pour l’indépendance, a été projeté en avant-première dans la grande salle des spectacles Ahmed-Bey à Constantine, en présence d’une assemblée de personnalités officielles et de représentants des organisations mémorielles. Cette projection, organisée sous l’égide du ministère des Moudjahidine et des Ayants droits, s’inscrit dans une démarche plus large de transmission de l’histoire de la révolution algérienne aux nouvelles générations. Le ministre Laïd Rebiga a honoré l’événement de sa présence, accompagné de figures nationales importantes et de la famille révolutionnaire, notamment Hamza Laoufi, secrétaire général de l’Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), Khelifa Smati de l’Organisation nationale des enfants de chouhada, et Khalfa Mbarek de l’Organisation nationale des enfants de moudjahidine. Les autorités locales étaient également représentées par le wali de Constantine, Abdelkhalek Sayouda, soulignant l’importance institutionnelle accordée à cet événement culturel et mémoriel. Le film, fruit d’une collaboration entre le réalisateur Mounès Khammar et le scénariste Ahcène Tlilani, produit par le Centre national de l’industrie cinématographique, offre une plongée dans l’histoire de la résistance algérienne à travers le prisme de la vie de Zighoud Youcef. Le tournage, qui s’est déroulé à travers plusieurs wilayas dont Constantine, Mila, Skikda et Alger, témoigne de l’ampleur du projet et de son ambition de reconstituer fidèlement les lieux historiques de la lutte pour l’indépendance. L’œuvre retrace le parcours exemplaire de Zighoud Youcef, de sa naissance en 1921 jusqu’à sa mort héroïque en 1956, en passant par son engagement au sein de l’Organisation spéciale (OS). Son arrestation en 1950, suite à la découverte de l’OS par les autorités coloniales, et son évasion spectaculaire de la prison d’Annaba en avril 1954, constituent des moments clés du récit. Le film met particulièrement en lumière son rôle crucial dans les événements fondateurs de la guerre de libération nationale, notamment sa participation à la réunion historique des 22 et sa collaboration étroite avec Didouche Mourad dans le déclenchement de la Révolution dans le Nord-Constantinois. L’offensive du Nord-Constantinois du 20 août 1955, qu’il organisa, représente l’un des moments forts de cette fresque historique qui s’achève avec sa mort au combat le 23 septembre 1956. La réalisation s’attache également à mettre en valeur la dimension collective de la lutte armée dans l’Est algérien, à travers les figures de ses compagnons de combat comme Lakhdar Bentobbal, Ali Kafi, Amar Benaouda et Didouche Mourad. La bande originale, signée par le talentueux compositeur Safy Boutella, contribue à la puissance émotionnelle de l’œuvre. Le choix symbolique du lancement du tournage en août 2022 à Constantine, coïncidant avec la Journée nationale du Moudjahid et les anniversaires de l’offensive du Nord-Constantinois et du Congrès de La Soummam, témoigne de la volonté des autorités de lier création artistique et commémoration historique.
Mohand Seghir
