Sadi réélu à la tête de la FAF: Une stratégie en six axes
Sans surprise mais avec une écrasante majorité, Walid Sadi a été reconduit hier à la présidence de la Fédération algérienne de football (FAF) pour le mandat olympique 2025-2029. Réunissant 78 voix sur 80 votants lors de l’Assemblée générale extraordinaire élective (AGEXe) tenue au Cercle National de l’Armée à Beni Messous, le président sortant a présenté un ambitieux programme articulé autour de six axes majeurs destinés à redynamiser le football national.
À 45 ans, Walid Sadi, qui était le seul candidat en lice, entame désormais un mandat complet après avoir pris les rênes de la Fédération en septembre 2023 suite à la démission de Djahid Zefizef. Ce plébiscite, concrétisé par deux abstentions seulement (un vote contre et un bulletin nul), témoigne de la confiance que lui accordent les membres de l’assemblée générale, qui avaient déjà unanimement approuvé les bilans moral et financier de l’exercice 2024 lors de la session ordinaire du 1er février dernier. L’AGEXe s’est déroulée sous haute surveillance internationale, en présence des représentants de la Fédération internationale de football (FIFA) et de la Confédération africaine de football (CAF), garants de la transparence du processus électoral. Cette réélection consolide également le positionnement régional de Sadi, qui occupe actuellement le poste stratégique de vice-président de l’Union Nord-africaine de football (UNAF) et préside la Commission des compétitions de cette instance pour l’année 2024.
Dans son discours programmatique, le président réélu a exposé sa vision pour l’avenir du football algérien, plaçant l’accent sur une approche collaborative : « Ensembles, nous allons surpasser toutes les difficultés pour le développement du football national, avec la mise en place d’une stratégie basée sur six grands axes qui seront débattus dans le cadre du Collège technique national, seul organe habilité à tracer la feuille de route de notre future stratégie. » Le premier axe de cette stratégie concerne la réorganisation des compétitions nationales. Sadi envisage une modification à moyen terme du système de compétition, accompagnée d’un nouveau découpage des ligues régionales pour s’adapter à la création récente de nouvelles wilayas déléguées à travers le territoire national. Cette restructuration vise à optimiser le calendrier footballistique et à renforcer la compétitivité des championnats locaux, souvent critiqués pour leur manque d’attractivité et leur organisation parfois chaotique. La formation des jeunes talents constitue le deuxième pilier de son programme. La création d’académies sportives figure parmi les priorités absolues de Sadi, qui souhaite mettre en place « une politique adéquate et une formation qualitative des jeunes talents qui constituent le réservoir du football national. »
Le troisième axe concerne l’encadrement technique et arbitral. Le président préconise « une nouvelle vision de formation des entraîneurs, des arbitres ainsi que la continuité dans la promotion de l’arbitrage féminin comme c’était le cas lors du précédent mandat. » Cette volonté de professionnaliser davantage ces secteurs clés s’inscrit dans une logique d’élévation générale du niveau du football algérien, dont l’arbitrage a souvent été pointé du doigt pour ses performances inégales. La gouvernance et la communication constituent le quatrième volet stratégique. Pour promouvoir l’image de marque de l’instance fédérale, souvent écornée par des polémiques médiatiques, le président de la FAF a mis en exergue « la nécessité de mettre en place une véritable stratégie de communication et de marketing ainsi que la recherche de nouvelles ressources de financement et de ne pas compter uniquement sur les subventions de l’État. » Cette autonomisation financière représente un défi de taille pour le football algérien, traditionnellement très dépendant des fonds publics.
La lutte contre les fléaux qui minent le football national forme le cinquième axe du programme. Sadi s’est engagé à « accentuer les campagnes de sensibilisation afin d’éradiquer le fléau du dopage dans le football algérien et la violence dans les stades. » Enfin, le dernier axe, bien que moins explicité dans les déclarations rapportées, concerne vraisemblablement le rayonnement international du football algérien. En tant que vice-président de l’UNAF, Sadi dispose d’un levier d’influence non négligeable pour défendre les intérêts du football algérien sur la scène continentale et renforcer sa présence dans les instances décisionnelles du football africain et mondial.
Le défi de Sadi sera de traduire son ambitieux programme en résultats concrets, tant au niveau des performances de l’équipe nationale que du développement des infrastructures et de la formation La nouvelle équipe dirigeante qui accompagnera Sadi dans cette mission comprend deux vice-présidents, Nacer Chareb et Mohamed Al Amine Mesloug, ainsi que dix membres titulaires et cinq suppléants. Cette composition, marquée par un certain renouvellement par rapport à l’équipe précédente, devra faire preuve de cohésion et d’efficacité pour relever les nombreux défis qui attendent le football algérien.
Au-delà des six axes stratégiques annoncés, c’est bien l’ensemble de l’écosystème du football algérien qui est appelé à se transformer pour répondre aux standards internationaux et aux attentes des supporters. La tâche s’annonce immense mais le plébiscite dont bénéficie Walid Sadi lui donne une légitimité certaine pour entreprendre les réformes nécessaires et, peut-être, redonner au football algérien ses lettres de noblesse sur la scène internationale.
Moncef Dahleb