Travail en continu dans les principaux ports algériens : Le système effectif avant la fin du mois
Le Président-directeur général du groupe Serport, Mohamed Karim Eddine Harkati, a dévoilé hier un ambitieux programme de modernisation et d’investissement destiné à hisser les ports algériens aux standards internationaux. Lors d’une intervention sur les ondes de la Radio nationale, le responsable a détaillé les mesures concrètes mises en œuvre pour assurer la transition vers un système de travail en continu dans les principales infrastructures portuaires du pays qui sera effectif avant la fin du mois. Cette réforme majeure, ordonnée début février par le président de la République Abdelmadjid Tebboune lors d’un Conseil des ministres, vise à optimiser l’exploitation des installations portuaires et à réduire significativement les délais de traitement des navires et des marchandises. « Une cellule de suivi a également été créée pour assurer une mise en œuvre optimale des directives et garantir un traitement continu des navires », a précisé M. Harkati, soulignant que « le fonctionnement 24/7 permettra une meilleure exploitation des ports et une réduction significative des délais de séjour des navires et des marchandises dans les zones portuaires ». Pour concrétiser cette transition, plusieurs réunions ont été organisées sous l’égide du ministère des Transports afin de coordonner les efforts de tous les acteurs impliqués dans la chaîne logistique portuaire. Le passage au travail en continu concerne prioritairement les ports à forte activité économique, notamment ceux de Djendjen, Alger, Béjaïa, Annaba, Oran et Mostaganem. Sur le plan financier, le groupe Serport a alloué des ressources considérables pour accompagner cette transformation. « En plus des équipements commandés en 2024 et qui sont en cours de livraison, une enveloppe de 29 milliards de DA est dédiée, au titre du programme 2025, à l’acquisition de portiques de quais, de grues, de stackers, de scanners, etc. », a détaillé le P-dg lors de son intervention dans l’émission L’invité du jour sur la chaîne 3 de la Radio algérienne. Ces investissements visent à doter les ports d’équipements modernes capables d’accélérer les opérations de chargement et de déchargement des navires. Parallèlement, M. Harkati a annoncé qu' »une autre enveloppe, d’un montant de 14 milliards de DA, est affectée à la réhabilitation des infrastructures portuaires, notamment le renforcement des quais et le dragage des zones côtières des ports, afin de faciliter l’accostage des navires de grande taille ». Ces travaux concerneront plusieurs infrastructures stratégiques : « Les ports concernés par ces travaux sont ceux d’Alger, avec la réhabilitation de quatre quais, celui d’Annaba, où un quai sera renforcé pour assurer la liaison entre sa partie sud et nord, ainsi que ceux de Ténès et Ghazaouate, pour le dragage de leurs abords ». Le projet phare de cette stratégie de modernisation reste l’extension du terminal à conteneurs du port de Djendjen, dans la wilaya de Jijel. Selon le responsable, Serport prévoit de finaliser la construction de cette infrastructure qui portera sa capacité à 2 millions d’EVP (équivalents vingt pieds) par an. L’ambition affichée est de faire de ce port « un hub régional sur la rive sud de la Méditerranée », renforçant ainsi la position de l’Algérie dans le commerce maritime international. Pour améliorer la fluidité du transport des marchandises, le groupe mise également sur la création de zones de dégagement au sein des infrastructures portuaires. Un dossier pour la création d’une telle zone pour le port de Béjaïa, dans la région de Tixter (Bordj Bou Arréridj), a déjà été validé par la direction générale des Douanes, tandis que des études similaires sont en cours pour les ports d’Alger et de Skikda. La digitalisation constitue un autre axe majeur de cette transformation, avec la finalisation d’une interopérabilité entre la plateforme digitale douanière (ALCES) et celle de Serport (APCS). Cette connexion vise à automatiser les procédures de passage des marchandises, avec une première phase qui concernera les ports d’Alger, Skikda et Béjaïa. Le traitement des informations en amont permettra, selon M. Harkati, « de planifier l’orientation des navires vers les ports disponibles », contribuant ainsi à une meilleure gestion des flux maritimes. L’extension de la connectivité ferroviaire figure également parmi les priorités de Serport, conformément à la stratégie du ministère des Transports à l’horizon 2035. Cette intégration vise à désengorger les ports en réduisant la dépendance aux camions, dont le nombre reste insuffisant pour assurer efficacement l’acheminement des marchandises.
Lyna Larbi