Monde

Alors que la première phase du cessez-le-feu a expiré à Ghaza : Le nettoyage ethnique s’intensifie en Cisjordanie occupée

Alors que la première phase du cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 19 janvier dernier, est arrivée à expiration ce samedi, l’entité sioniste poursuit et intensifie ses agressions contre la population palestinienne aussi bien à Ghaza qu’en Cisjordanie occupée, notamment à Tulkarem et dans les camps de réfugiés environnants. Cette situation alarmante s’inscrit dans un contexte où le bilan humain de l’agression génocidaire contre Ghaza ne cesse de s’alourdir, atteignant désormais 48.388 martyrs et 111.803 blessés depuis le 7 octobre 2023, tandis que la communauté internationale multiplie les appels à un cessez-le-feu permanent et à une solution politique durable. La ville de Tulkarem et ses camps de réfugiés, en particulier celui de Nour Shams, subissent depuis plus d’un mois une offensive militaire d’une brutalité sans précédent. Pour le 34ème jour consécutif à Tulkarem et le 21ème jour au camp de Nour Shams, les forces d’occupation sionistes imposent un siège implacable, contraignant les habitants à quitter leurs domiciles sous la menace des armes. Selon l’agence de presse palestinienne Wafa, les occupants ont forcé les citoyens à évacuer leurs maisons dans le quartier de Jabal al-Nasr dans le camp de Nour Shams, à l’est de Tulkarem, en raison du siège serré qui leur est imposé, au milieu des raids sur les habitations et de la transformation de certaines en positions militaires pour les tireurs snipers de l’armée d’occupation. Les témoignages rapportent des scènes déchirantes d’hommes, de femmes et d’enfants quittant le camp à pied, sous les tirs d’intimidation des soldats d’occupation. Non contents de déplacer la population, les forces sionistes ont également procédé à l’incendie de maisons dans le quartier d’Al-Manshiyah, provoquant d’importants dégâts matériels, au milieu d’une destruction systématique des infrastructures, des routes et des biens tant publics que privés.

La situation a pris un tournant encore plus dramatique ce samedi, avec le début des opérations de démolition dans le camp de réfugiés de Nour Shams. Les bulldozers lourds de type « D10 » ont commencé à raser des maisons et des bâtiments résidentiels, à commencer par les environs de la mosquée Abu Bakr al-Siddiq. Cette opération de destruction massive intervient après que l’occupation a notifié, il y a cinq jours, la démolition de 11 maisons sous le prétexte fallacieux de construire une route reliant la place du camp au quartier de Manshiya. Les propriétaires des habitations visées, appartenant aux familles Yousef, Jabali, Marei, Abu Shalbaya, Irani, Shihab, Younis et Ghannam, n’ont disposé que de trois heures pour évacuer leurs domiciles. Le camp de Nour Shams connaît ainsi, depuis le premier jour de l’agression, un vaste mouvement de déplacement forcé de ses résidents, incluant femmes, enfants, personnes âgées et malades, principalement dans les quartiers d’Al-Manshiya, Al-Maslakh, Jabal Al-Nasr et Al-Salehin. Le nombre de personnes déplacées a déjà dépassé les 5.500, contraintes de trouver refuge dans des abris de fortune ou chez des proches dans la ville, ses banlieues et sa campagne environnante. Cette politique de déplacement forcé et de destruction s’accompagne d’une campagne d’arrestations arbitraires. Pas plus tard que samedi à l’aube, les forces d’occupation ont arrêté deux jeunes hommes après avoir perquisitionné leurs domiciles respectivement dans le quartier Est de Tulkarem et à l’Ouest de la ville. Par ailleurs, les forces sionistes continuent d’ériger des barrages militaires dans la ville et vers les camps de Tulkarem et Nour Shams, patrouillant dans les rues et ruelles, et se postant le long de la rue Naplouse qui relie les deux camps, tout en s’emparant des bâtiments résidentiels pour en faire des positions militaires.

Cette escalade en Cisjordanie coïncide avec l’entrée dans le mois sacré du Ramadan, ajoutant une dimension particulièrement cruelle aux souffrances infligées à la population palestinienne. À Ghaza, malgré le cessez-le-feu en vigueur depuis le 19 janvier après plus de 15 mois d’agression génocidaire, la situation humanitaire demeure catastrophique. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a souligné l’urgence de maintenir ce cessez-le-feu, affirmant qu' »il n’y a pas de place pour un retour en arrière ». Dans un message publié sur les réseaux sociaux ce samedi 1er mars, le PAM a précisé qu' »après 6 semaines de cessez-le-feu à Gaza, ses équipes ont pu atteindre un million de personnes à travers la bande de Ghaza, en rétablissant les points de distribution d’approvisionnement, en rouvrant les boulangeries et en élargissant l’aide en espèces ».

Ramadhan sans aide alimentaire à Ghaza

Toutefois, avec le début du Ramadan, les Ghazaouis sont confrontés à des difficultés sans précédent pour s’assurer de la nourriture et de l’eau, les repas de l’Iftar et du Shor n’étant plus disponibles pour tous L’aide alimentaire reste rare et les prix des marchandises importées par les commerçants sont prohibitifs pour les familles ayant perdu leurs sources de revenus. Stéphane Dujarric, porte-parole de l’ONU, avait d’ailleurs confirmé mardi dernier l’existence de « nombreuses difficultés » pour acheminer l’aide dans la bande de Gaza, commentant la mort tragique de six nouveau-nés en raison des restrictions sionistes à l’entrée de l’aide, et ce malgré l’annonce du cessez-le-feu. Face à cette situation dramatique, les appels se multiplient au niveau international pour un cessez-le-feu permanent et pour une solution politique durable. L’ambassadeur de Palestine auprès des Nations unies, Riyadh Mansour, a insisté vendredi sur l’impératif d’un cessez-le-feu permanent dans la bande de Ghaza et appelé à mettre fin à l’agression sioniste en cours contre la Cisjordanie occupée. Lors d’une réunion de coordination tenue au siège de la mission indonésienne auprès de l’ONU, réunissant le Bureau du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. Mansour a réitéré le refus catégorique de tout déplacement forcé des Palestiniens de Ghaza. M. Mansour a appelé les États qui n’ont pas encore reconnu la Palestine à franchir ce pas décisif et à œuvrer pour son adhésion en tant que membre à part entière des Nations unies. Il a également présenté un exposé détaillé sur les missions à venir de la communauté internationale en vue de la conférence internationale prévue en juin prochain à l’Assemblée générale de l’ONU. Les participants à cette réunion ont unanimement souligné l’importance de l’application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, notamment la résolution 2735 du Conseil de sécurité. Dans ce contexte de tensions exacerbées, la Suisse a annoncé qu’elle accueillera le 7 mars prochain les représentants de 196 États parties aux Conventions de Genève pour une conférence sur la situation des civils vivant dans les territoires palestiniens occupés.  » La quatrième Convention de Genève fait partie d’une série de traités internationaux conclus en 1949 après la Seconde Guerre mondiale et établit une protection humanitaire pour les civils vivant dans des zones de conflit armé ou d’occupation. L’Assemblée générale de l’ONU avait demandé à la Suisse d’organiser cette réunion en septembre dernier, alors que l’agression sioniste génocidaire se poursuivait encore dans la bande de Ghaza.

Lyes Saïdi

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *