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Il recadre Bayrou et Retailleau et joue la carte de l’apaisement: Macron veut reprendre la main sur les relations avec Alger

Le président français Emmanuel Macron joue la carte de l’apaisement dans les relations franco-algériennes en recadrant fermement son Premier ministre François Bayrou et son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Le président français a tenu à clarifier sa position sur l’accord franco-algérien de 1968, affirmant que ce dossier relève exclusivement de sa compétence.

Lors de son déplacement à Londres pour le sommet sur l’Ukraine, il a déclaré au quotidien français le Figaro : « Chacun est dans ses compétences. L’accord de 1968, c’est le président de la République. » Il a également rappelé qu’un travail de modernisation de cet accord avait été acté avec le président de la République Abdelmadjid Tebboune en 2022. « Je suis totalement favorable, non pas à le dénoncer, mais à le renégocier », a-t-il précisé, prenant ainsi ses distances avec la logique d’escalade adoptée par son ministre de l’Intérieur. Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d’un dialogue constructif entre les deux pays. « C’est ensemble que l’on peut faire des choses intelligentes pour les deux côtés », a-t-il souligné. Il a également relativisé et démenti par la même occasion les accusations de Retailleau et de l’extrême droite française sur  la question des laissez-passer consulaires délivrés par Alger en 2024, jugeant que « les chiffres ne sont pas si mauvais ces derniers temps, surtout lorsqu’on les compare à ceux d’autres pays d’Afrique du Nord ».

Le chef de l’État français avait déjà tenté d’apaiser les tensions vendredi, lors d’une conférence de presse à Porto, où il avait recadré une première fois son ministre de l’Intérieur. « Il ne faut pas que les relations fassent l’objet de jeux politiques », avait-il averti, freinant ainsi les velléités de durcissement au sein de son gouvernement.

Ces déclarations s’inscrivent dans un contexte de forte détérioration des relations franco-algériennes, exacerbée par une campagne algéro-phobe de la droite et de l’extrême droite françaises sur fond de calculs politiques et d’enjeux électoraux liés à la prochaine présidentielle en France. Une escalade qui inquiète d’ailleurs les milieux politiques et économiques en France, conscients de ce qu’il y a perdre avec cette cabale de l’extrême droite. L’enjeu est de taille pour la France, qui demeure le deuxième partenaire commercial de l’Algérie et dont l’approvisionnement en gaz repose en partie sur son voisin du sud. Le message de Macron est clair : il n’est pas question de remettre en cause unilatéralement les accords de 1968. « On ne va pas les dénoncer de manière unilatérale. Ça n’a aucun sens », a-t-il martelé, tout en déplorant « les commentaires erronés » circulant à ce sujet.

Malgré cette volonté d’apaisement, son ministre de l’Intérieur persiste dans l’escalade. Bruno Retailleau a notamment ordonné, samedi, d’empêcher l’entrée en France de l’épouse d’un ambassadeur algérien en fonction. Le lendemain, une fuite organisée dans la presse française a révélé une note de trois pages détaillant les mesures de rétorsion envisagées, dont certaines visant directement Air Algérie.

Face à ces tensions croissantes, la dernière intervention d’Emmanuel Macron apparaît comme une volonté de reprendre la main sur le dossier des relations franco-algériennes, afin d’éviter une crise diplomatique qui pourrait avoir des conséquences économiques et sécuritaires importantes.

Hocine Fadheli

admin

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