Violations des droits humains au Sahara occidental : La répression de l’occupation marocaine s’intensifie
Une nouvelle attaque violente contre des militantes sahraouies vient d’être perpétrée dans les territoires occupés du Sahara occidental, illustrant la politique répressive systématique menée par les forces d’occupation marocaines contre les défenseurs des droits humains sahraouis. Le Collectif des défenseurs sahraouis des droits humains au Sahara occidental (CODESA) a dénoncé hier l’agression brutale subie par la défenseure des droits de l’homme Mahfouda Lefkir et la journaliste Salha Boutanguiza à Laâyoune occupée. Selon le communiqué publié par le CODESA sur les réseaux sociaux, les deux militantes sahraouies « ont été victimes d’agressions physiques et verbales d’un groupe de policiers marocains en civil qui se trouvaient dans deux véhicules de police » dimanche en soirée. Mahfouda Lefkir, ancienne prisonnière politique, a déclaré qu’elle se trouvait avec sa belle-sœur, la journaliste sahraouie Salha Boutanguiza, « quand elles ont été surprises par un groupe de policiers qui les ont agressées avec des coups violents, des insultes et des jets d’eau ». Cette attaque a causé « diverses blessures au visage, aux yeux et aux jambes pour Salha Boutanguiza ainsi qu’aux bras et aux zones sensibles du corps pour Mahfouda Lefkir », précise le collectif. Le CODESA a clairement identifié la motivation de cette agression comme étant « un acte de représailles contre les deux militantes sahraouies pour leur plaidoyer en faveur du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et leur appel au respect des droits de l’homme au Sahara occidental ». Cette agression s’inscrit dans un schéma plus large de répression visant à « empêcher de documenter et de surveiller les violations et les crimes contre l’humanité subis par les civils sahraouis dans la partie occupée du Sahara occidental », souligne le collectif. Le CODESA rappelle qu' »un groupe d’éléments de la police d’occupation marocaine s’est fait connaître pour avoir pris pour cible des défenseurs des droits humains, des blogueurs et des civils sahraouis qui réclament le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ». Ces agents ne se limitent pas à des actes de surveillance et d’intimidation mais procèdent également à des agressions verbales et physiques, constituant « une véritable menace pour la vie, l’intégrité physique et la sécurité personnelle de tous ceux qui luttent et défendent le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ».
Cette nouvelle agression intervient dans un contexte d’intensification des violations des droits humains dans les territoires occupés du Sahara occidental. Le jour précédent, les autorités d’occupation marocaines ont expulsé une délégation de juristes espagnols qui devait enquêter sur la situation des droits humains dans la région. La Plateforme latino-américaine et caribéenne de solidarité avec le peuple sahraoui (PLACSO) a condamné « fermement » cette expulsion dans un communiqué publié dimanche. La délégation de l’Association internationale des juristes pour le Sahara occidental (AIJUWS), composée des avocates Dolores Travieso Darias et Flora Moreno Ramos, ainsi que de l’expert Silvestre Suarez Fernandez, a été « empêchée de descendre de l’avion qui la transportait de Las Palmas à Laâyoune occupée, par des agents marocains en civil qui n’ont fait aucune déclaration et ont intimidé les avocates pour les empêcher de descendre sur le sol sahraoui ».
La mission de cette délégation était de s’enquérir de la situation des droits humains dans les territoires occupés, de rencontrer les familles des prisonniers politiques, d’engager un dialogue avec les organisations de femmes et de recueillir des informations auprès des organisations sahraouies de défense des droits de l’homme, notamment l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine (ISACOM) et l’Association sahraouie des victimes de graves violations des droits de l’homme commises par l’État marocain (ASVDH). La PLACSO a souligné que « ce n’est pas la première fois que des membres des services de renseignement et de sécurité marocains empêchent une délégation internationale de cette nature de mener à bien sa mission, conformément aux normes et standards internationaux en matière de droits de l’homme ». Elle a rappelé qu’en octobre 2021, « les avocates Inés Miranda Navarro et Flora Marrero Ramos, ainsi que le médecin, Raabub Mohamed Lamin Mehdi, ont été violemment expulsés de Laâyoune ».
Selon un rapport cité par la PLACSO, les autorités d’occupation marocaines ont expulsé plus de 300 militants des droits de l’homme, députés européens, observateurs et journalistes étrangers au cours de la dernière décennie, dont récemment quatre militants norvégiens des villes sahraouies occupées. Ces expulsions s’inscrivent dans une stratégie visant à « faire taire les voix dénonçant les violations graves, continues et systématiques des droits de l’homme contre la population civile sahraouie sans défense ». Face à cette situation, la PLACSO a exprimé « son soutien indéfectible à l’AIJUWS, en particulier aux membres de la délégation expulsés samedi ». Elle a également exhorté « les plus hautes autorités du ministère espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération à publier une déclaration concernant cette pratique étatique opaque et contraire aux droits humains » de la part des autorités d’occupation marocaines.
La plateforme a renouvelé son appel au « Conseil des droits de l’homme et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à se rendre dans les territoires sahraouis occupés par le Royaume du Maroc, conformément à son mandat et à ses obligations internationales ». Cette demande reflète l’urgence d’une intervention internationale face à la détérioration de la situation des droits humains dans les territoires occupés du Sahara occidental, où les défenseurs des droits, les journalistes et les militants sahraouis continuent d’être la cible d’une répression systématique et violente de la part des forces d’occupation marocaines.
L. S.