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Lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique : Associer les acteurs de la société civile

Dans un contexte géopolitique mondial particulièrement complexe, où le terrorisme représente une menace transnationale persistante et multiforme pour le continent africain, l’Observatoire national de la société civile (ONSC) et le Centre de l’Union africaine pour la lutte contre le terrorisme (CUACT) ont organisé un colloque qui place les acteurs sociaux au cœur de la stratégie de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent. Cette rencontre, qui s’est tenue dimanche à Alger, s’inscrit dans une démarche novatrice visant à repenser les approches traditionnelles de la lutte antiterroriste en donnant une voix prépondérante à la société civile. Ibtissem Hamlaoui, présidente de l’ONSC, a d’emblée posé les bases d’une nouvelle gouvernance participative en soulignant « l’importance d’élargir le débat à tous les acteurs de la société civile et d’écouter leurs avis ». Sa vision est ambitieuse : transformer l’Observatoire en « un espace pour les idées, la créativité et l’élaboration de stratégies » en soutien direct aux pouvoirs publics. « Avant de parler de formations ou de renforcement des capacités, il faut d’abord écouter les véritables préoccupations », a-t-elle martelé, plaçant la concertation et l’écoute au cœur du dispositif de lutte contre le terrorisme.

Pour concrétiser cette approche horizontale, Mme Hamlaoui a annoncé que les portes de la présidence de l’Observatoire seront ouvertes deux jours par semaine (samedi et jeudi) aux acteurs de la société civile. Elle a également mis en lumière le rôle fondamental des acteurs locaux, affirmant que « les comités de quartiers, et les associations communales et de wilaya, constituent les piliers de la Société civile, étant son véritable prolongement ».

L’expertise algérienne, un modèle

Idriss Mounir Lallali, président du CUACT, a insisté pour sa part sur l’impossibilité pour les gouvernements de « remporter la bataille contre le terrorisme à eux seuls » et a plaidé pour « une approche globale et inclusive » impliquant toutes les composantes de la société.

L’expérience algérienne, forgée dans la douleur pendant la décennie noire des années quatre-vingt-dix, a été présentée comme un modèle de résilience et de transformation. Idriss Mounir Lallali a souligné que l’Algérie « avait payé le prix fort pour acquérir cette expérience qu’elle présente aujourd’hui », rappelant la période difficile « au cours de laquelle le peuple algérien a confronté un terrorisme barbare ».

Bakhta Selma Mansouri, secrétaire d’État aux Affaires africaines, a enfoncé le clou en soulignant que « le phénomène du terrorisme fait partie des axes majeurs auxquels s’intéresse la société civile internationale, eu égard à ses répercussions sensibles et dangereuses sur la sécurité et la paix internationales ». Elle a souligné qu' »aucun pays au monde, peu importe son niveau de développement, n’est désormais à l’abri des menaces sécuritaires que présente ce phénomène transfrontalier ».

Le président Abdelmadjid Tebboune, coordonnateur de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, a récemment proposé des mécanismes renforcés, approuvés par les chefs d’État et de gouvernement. Ces propositions démontrent l’engagement politique au plus haut niveau pour une approche collaborative et préventive.

Les discussions ont exploré des thématiques cruciales : l’approche algérienne de lutte contre le terrorisme, les partenariats entre sociétés africaines, le rôle de la société civile dans les questions migratoires, et l’intégration économique comme facteur de prévention. Un accent particulier a été mis sur « les opportunités d’intégration économique du citoyen africain comme facteur clé de prévention et de lutte contre le terrorisme ».

Un plan d’action commun pour la période 2025-2028 a été présenté, avec l’objectif ambitieux de mobiliser les institutions de la société civile pour sensibiliser les populations vulnérables, notamment les jeunes, aux dangers de l’extrémisme. Le lancement du Réseau de la société civile sur les questions de migration marque une étape supplémentaire dans cette dynamique de lutte.

L’expertise algérienne en matière de gestion des populations migrantes, reconnue par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, a été particulièrement mise en avant. Ibtissem Hamlaoui a souligné l’engagement du pays dans « la lutte contre la traite humaine et la défense des droits des migrants clandestins ». L’Algérie se distingue par une prise en charge globale incluant sécurité, soins médicaux et éducation.

Idriss Mounir Lallali a résumé l’esprit de la rencontre en affirmant que le partenariat avec l’ONSC « n’est pas simplement un accord de procédure, mais va au-delà pour concrétiser notre vision commune d’une Afrique plus stable, plus sûre et plus résiliente ».

Cette rencontre a par ailleurs été marquée par la signature d’un protocole de coopération entre l’ONSC et le CUACT, matérialisant une approche collaborative inédite dans la lutte antiterroriste.

Salim Amokrane

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