Achat des vêtements de l’Aïd : Le e-commerce bouleverse les habitudes des familles
Le e-commerce bouleverse les habitudes d’achat des familles algériennes à l’approche de l’Aïd Al-Fitr. Alors que le mois de Ramadhan touche à sa fin, les parents se trouvent confrontés à un défi traditionnel : habiller leurs enfants pour la fête, malgré des contraintes budgétaires de plus en plus pesantes.
Cette année marque toutefois un tournant. Face à la flambée des prix dans les magasins traditionnels, les consommateurs se tournent massivement vers les plateformes en ligne, transformant le e-commerce en véritable alternative au shopping conventionnel. Les tarifs pratiqués dans les boutiques du centre-ville d’Annaba par exemple illustrent parfaitement cette problématique : une petite robe pour fillette oscille entre 6 000 et 8 000 dinars, les chaussures et baskets entre 4 000 et 6 000 dinars, tandis qu’un ensemble pantalon et chemisette coûte entre 3 000 et 5 000 dinars. Pour une famille avec trois ou quatre enfants, ces prix deviennent rapidement prohibitifs. Les commerçants justifient cette inflation par l’importation des articles, une explication désormais répétée comme un mantra dans tous les magasins de prêt-à-porter pour enfants. Cette réalité économique pousse les consommateurs à explorer des alternatives plus abordables. Le e-commerce s’impose alors comme une solution séduisante. Les familles peuvent désormais naviguer sur des sites internet, des pages Facebook ou Instagram, et effectuer leurs achats sans quitter leur domicile. L’avantage est multiple : un large choix de produits, des prix généralement deux fois moins élevés que dans les magasins physiques, et surtout, la possibilité de comparer et de choisir en toute tranquillité.
Cette mutation n’est pas limitée aux vêtements pour enfants. Le spectre du e-commerce s’est considérablement élargi, couvrant des secteurs aussi variés que les cosmétiques, les bijoux, le linge de maison, les meubles, les gâteaux, les appareils électroniques et même les véhicules. Un client peut désormais acquérir un produit depuis n’importe quel point du pays, voire de l’étranger. Le processus d’achat s’est également considérablement simplifié. Après avoir passé commande en ligne, les clients peuvent choisir entre une livraison à domicile ou via un point relais. Fait remarquable, certains services proposent une livraison en seulement quatre heures, répondant aux exigences de rapidité des consommateurs modernes. Cette transformation numérique n’est pas sans conséquence pour le commerce traditionnel. Les boutiques physiques, souvent dépourvues de stratégie marketing adaptée, se retrouvent face à une concurrence de plus en plus agressive. Les jeunes entrepreneurs maîtrisant les rouages du commerce en ligne sont en train de redessiner le paysage commercial d’Annaba. L’engouement pour le e-commerce ne se dément pas. De plus en plus de commerçants disposant de boutiques physiques proposent désormais leurs articles en ligne, comprenant la nécessité de s’adapter à ces nouveaux modes de consommation. Le nombre d’établissements spécialisés dans la livraison ne cesse d’augmenter, répondant à une demande croissante. Pour les familles, cette révolution numérique représente plus qu’une simple alternative économique. C’est la possibilité de maintenir la tradition des nouveaux habits pour l’Aïd, sans sacrifier le budget familial. Le e-commerce offre un compromis entre le désir de préserver les traditions et la réalité économique actuelle. Malgré ces avantages indéniables, la transition n’est pas sans défis. Les commerçants traditionnels devront nécessairement repenser leurs modèles économiques, développer des compétences numériques et proposer des expériences d’achat plus attractives pour survivre dans ce nouveau paysage commercial. L’Aïd Al-Fitr 2025 semble ainsi marquer un point de bascule : le e-commerce n’est plus une tendance marginale, mais bien une réalité économique incontournable, transformant en profondeur les habitudes de consommation des familles.
Sofia Chahine