À la UneActualité

Importation d’un million de moutons pour l’Aïd: Les premières livraisons prévus en mai

Dans un effort sans précédent pour réguler le marché ovin en prévision de l’Aïd El-Adha, l’Algérie s’apprête à recevoir un million de têtes de bétail d’ici la fin du mois de mai. Cette initiative gouvernementale d’envergure, ordonnée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, le 10 mars dernier lors d’une réunion du Conseil des ministres, vise à contrer la flambée des prix des moutons qui avaient atteint des sommets vertigineux l’année précédente, culminant jusqu’à 170.000 dinars par tête.

Djamel Eddine Abdelghani Dridi, secrétaire général du ministère des Transports, a confirmé cette échéance ambitieuse lors d’une conférence de presse tenue vendredi en marge d’une visite nocturne au port de Djen Djen à Jijel. « Des instructions ont été données aux différents responsables portuaires afin de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le succès de l’opération d’accueil des bêtes de sacrifice », a-t-il déclaré, précisant que ces animaux « seront reçus à la fin du mois de mai prochain pour être répartis entre les différentes wilayas avant l’arrivée de l’Aïd El-Adha ». Cette opération d’importation massive s’inscrit dans un contexte particulier où les autorités cherchent à rendre accessible à tous les citoyens la pratique rituelle du sacrifice, pilier essentiel des célébrations de l’Aïd El-Adha. Face aux préoccupations croissantes concernant le pouvoir d’achat des Algériens, le gouvernement a engagé des mesures exceptionnelles pour garantir des prix abordables. Lors du Conseil des ministres du 23 mars dernier, le président Tebboune a franchi a approuvé l’importation du million de têtes de bétail tout en décrétant une exonération complète des droits et taxes afférents. Cette décision vise à répercuter directement cette économie sur le prix final proposé aux consommateurs, rendant ainsi le sacrifice accessible au plus grand nombre. À l’issue d’un processus rigoureux de sélection, les offres de trois pays ont été retenues, répondant scrupuleusement au cahier des charges établi par l’Algérie. Ce document technique, élaboré sur instruction présidentielle, fixe des exigences strictes en matière de qualité et de santé animale. Parmi les critères incontournables figurent l’âge minimum de six mois pour les ovins importés, un poids carcasse oscillant entre 40 et 45 kilogrammes, une certification sanitaire attestant de vaccinations conformes, ainsi que des conditions de transport respectueuses des normes internationales. Le ministère des Transports joue un rôle central dans cette opération logistique d’envergure. M. Dridi a souligné dans ce contexte que des « instructions strictes » ont été signifiées aux Présidents directeurs-généraux des ports algériens « à l’effet d’accélérer le traitement des cargos en s’engageant à travailler 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ». Cette nouvelle organisation du travail portuaire, déjà mise en œuvre dans six ports commerciaux du pays, vise à fluidifier les opérations de déchargement et à optimiser la gestion des flux. « L’adoption du système de travail 7/7 et 24H/24 dans six ports commerciaux, ainsi que l’inspection des interventions de terrain par les opérateurs, via la plateforme portuaire, permettra de réduire considérablement la durée de traitement des navires, améliorant ainsi l’efficacité des ports et permettant au trésor public d’économiser le coût élevé des séjours prolongés des navires à quai et en rade et, partant, de réduire du coût du transport maritime de marchandises », a expliqué le secrétaire général du ministère.

La distribution des ovins importés mobilisera plusieurs canaux complémentaires. Dès leur arrivée sur le sol algérien, les bêtes seront acheminées vers les différentes wilayas selon un plan de répartition préétabli. Pour la commercialisation, le président Tebboune a ordonné une collaboration avec des coopératives publiques spécialisées au niveau des wilayas, en coordination avec les instances et établissements habilités. Innovation notable, les services sociaux des entreprises et établissements sont également autorisés à participer à cette opération de vente, en coordination avec les partenaires sociaux, offrant ainsi une voie supplémentaire d’accès aux citoyens. Si cette importation massive répond à un besoin conjoncturel lié à la fête religieuse, elle s’intègre également dans une vision plus structurelle de développement de la filière ovine nationale. En parallèle de ces importations destinées au sacrifice, les autorités prévoient l’acquisition de 500.000 agnelles de renouvellement, dans le but de renforcer la reproduction locale et d’améliorer génétiquement le cheptel national. Cette stratégie à double détente – répondre à l’urgence de l’Aïd tout en préparant l’avenir – s’articule autour d’objectifs ambitieux : améliorer le taux de natalité ovin de 0,8 à 1,2 agneau par brebis et par an, créer des centres de reproduction étatiques, développer des partenariats public-privé pour l’engraissement, interdire l’abattage des femelles reproductrices, restaurer les 70% des 22 millions d’hectares de steppe actuellement dégradés, et atteindre 50% d’autosuffisance vaccinale d’ici 2030. Au-delà de sa dimension commerciale et économique, cette mesure revêt une importance sociale et culturelle majeure, l’Aïd El-Adha étant l’une des célébrations les plus importantes du calendrier musulman. Cette stratégie doit non seulement soulager le budget des ménages algériens pour cette fête religieuse, mais également poser les jalons d’une refondation structurelle de la filière ovine nationale, plaçant l’Algérie sur la voie d’une plus grande souveraineté alimentaire dans ce secteur stratégique.

Samir Benisid

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *