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Les tarifs douaniers de Trump entrent en vigueur: Le spectre d’une crise économique mondiale !

La déflagration promise est désormais une réalité. Depuis ce samedi, les droits de douane additionnels de 10% voulus par Donald Trump sur les importations américaines sont entrés en vigueur, provoquant une onde de choc sur l’économie mondiale. Cette mesure, justifiée par Donald Trump l' »urgence nationale » de réduire le déficit commercial américain, s’applique à la quasi-totalité des produits que les États-Unis importent du reste du monde, à l’exception de certains biens stratégiques comme le pétrole, le gaz, les semiconducteurs ou les produits pharmaceutiques. La riposte des partenaires commerciaux ne s’est pas fait attendre. Pékin a d’ores et déjà annoncé des droits de douane supplémentaires de 34% sur les produits américains dès le 10 avril. Et ce n’est que le début d’une escalade qui s’annonce préoccupante. À partir du 9 avril, l’addition sera encore plus lourde pour quelque 80 pays et territoires accusés par Washington d’exporter davantage vers les États-Unis qu’ils n’importent de produits américains. L’Union européenne se verra imposer une majoration de 20%, le Japon de 24%, et le Vietnam de 46%, tandis que la Chine culminera à 54% au total. Face à cette offensive commerciale d’une ampleur inédite depuis les années 1930, les marchés financiers ont réagi avec une extrême nervosité. Wall Street a connu deux séances consécutives de dégringolade, avec une chute de près de 6% vendredi, sa pire performance depuis la crise du Covid-19 en 2020. Le Dow Jones a perdu 5,50%, l’indice Nasdaq a fondu de 5,82% et l’indice élargi S&P 500 a lâché 5,97%. En seulement deux jours, la place américaine a vu s’envoler plus de 6.000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Les autres places n’ont pas été épargnées, avec des baisses de 4,26% à Paris, 4,95% à Londres et 2,75% à Tokyo. Les marchés pétroliers ont également fortement réagi, les cours du brut ayant perdu 13% de leur valeur en deux jours ! Il faut dire que cette mesure prise par Donald Trump qui espère ainsi capter la croissance au seul profit des États-Unis risque de plomber la croissance.

Inflation et croissance ralentie

Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine, a sonné l’alarme vendredi en prévenant que ces mesures protectionnistes risquaient d’avoir des conséquences économiques « significativement plus étendues qu’anticipé ». Il a évoqué « une plus forte inflation et une croissance ralentie », mais aussi un « risque accru pour l’emploi » aux États-Unis. Une analyse qui contraste singulièrement avec l’optimisme affiché par Donald Trump, lequel s’est montré indifférent à la déroute des marchés et a même fanfaronné sur sa plateforme Truth Social : « Sachez que je ne changerai jamais de politique. C’est un bon moment pour devenir riche, plus riche que jamais! » Les institutions internationales s’inquiètent. Le FMI, par la voix de sa directrice générale Kristalina Georgieva, alerte sur « un risque important » pesant sur l’économie mondiale et appelle à « éviter toute escalade qui pourrait fragiliser encore davantage la croissance mondiale ». L’ONU commerce et développement (Cnuced) s’est quant à elle inquiétée de voir figurer dans la liste des pays surtaxés les nations les plus pauvres de la planète, soulignant que les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement, responsables respectivement de seulement 1,6% et 0,4% du déficit commercial américain, « ne contribueront ni à rééquilibrer le déficit commercial ni à générer des recettes significatives ». Les répercussions de cette guerre commerciale dépassent largement les frontières américaines. Le Bangladesh, deuxième plus grand fabricant mondial de vêtements, qui exporte 20% de sa production aux États-Unis, a convoqué une réunion d’urgence ce samedi. Le dollar a reculé face aux principales devises, tandis que les cours du pétrole ont dégringolé d’environ 13%. Les économistes s’accordent à dire que ces barrières douanières seront aussi élevées que celles imposées par les États-Unis dans les années 1930, à une époque où les flux commerciaux étaient pourtant bien moins importants et les économies nationales moins interdépendantes. La question qui se pose désormais est de savoir si Washington et ses partenaires privilégieront la négociation ou s’engageront dans une spirale protectionniste aux conséquences potentiellement dévastatrices pour l’économie mondiale. Des négociations se sont tenues en coulisses vendredi pour tenter d’alléger le poids de ces nouveaux droits de douane, mais l’exécutif américain a d’ores et déjà menacé ses partenaires commerciaux de surtaxes encore plus lourdes en cas de riposte. Le spectre d’une crise économique mondiale n’a jamais semblé aussi présent.

Amar Malki

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