Culture

Un dossier pour l’inscription des bijoux kabyles déposé à l’UNESCO

Dans une démarche qui confirme l’engagement continu de l’Algérie pour la préservation de son riche héritage culturel, un nouveau dossier vient d’être soumis à l’UNESCO. Le ministère de la Culture et des Arts a annoncé jeudi le dépôt par voie électronique d’une candidature visant l’inscription de « l’art de l’ornementation avec des bijoux en argent émaillé de l’habit féminin de la région de Kabylie : fabrication, conception et port » sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie plus large de l’État qui œuvre avec détermination pour la protection et la valorisation de ses trésors culturels, tant matériels qu’immatériels. Selon le communiqué officiel du ministère, cette démarche intervient dans le cadre « des efforts constants de l’Etat algérien visant à protéger et à valoriser son patrimoine culturel matériel et immatériel ». La cérémonie marquant l’envoi électronique du dossier de candidature s’est déroulée le dimanche 31 mars au siège du Centre national des recherche en préhistoire, anthropologie et histoire (CNRPAH) à Alger, sous la présidence du ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou. Cette procédure a été réalisée « en coordination avec le ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines conformément aux procédures en vigueur », souligne le communiqué. Cette nouvelle candidature vient couronner une série de réussites dans le domaine de l’inscription d’éléments du patrimoine algérien auprès de l’UNESCO. L’Algérie compte déjà « 8 éléments nationaux » inscrits à ce jour, dont le plus récent est le « costume festif féminin de l’Est algérien » dans toute sa composante (gandoura, melhfa et caftan) et les bijoux traditionnels assortis. Au-delà des inscriptions purement nationales, l’Algérie a également fait inscrire « cinq éléments patrimoniaux communs avec des pays arabes et africains », se positionnant ainsi parmi « les pays leaders en matière d’inscription du patrimoine culturel vivant ». Ces réalisations témoignent de l’engagement profond du pays à préserver son identité culturelle et à mettre en valeur son patrimoine millénaire à l’échelle mondiale.

La préparation du dossier des bijoux kabyles illustre l’approche inclusive et participative adoptée par les autorités .Une équipe de travail élargie a été constituée, regroupant diverses institutions et acteurs du patrimoine : directions de la Culture et des Arts, établissements culturels, musées relevant du ministère, chercheurs universitaires, artistes, artisans, ateliers de couture et de confection de bijoux, ainsi que des associations de la société civile. Cette collaboration multisectorielle a été coordonnée par le CNRPAH, avec pour objectif d' »assurer l’opérationnalité de l’Algérie pour le rendez-vous annuel fixé par l’UNESCO le 31 mars de chaque année ».

Un art ancestral

L’art de l’ornementation avec des bijoux en argent émaillé constitue un pan essentiel de l’identité culturelle kabyle. Ces parures traditionnelles, remarquables par leur finesse et leurs motifs caractéristiques, représentent bien plus que de simples accessoires décoratifs : elles sont porteuses d’une symbolique profonde et témoignent d’un savoir-faire ancestral transmis de génération en génération. La confection de ces bijoux relève d’un artisanat d’excellence, dont les techniques ont traversé les siècles. Le travail de l’argent, le ciselage et l’émaillage nécessitent une grande maîtrise, fruit d’un apprentissage rigoureux. Ces bijoux accompagnent les tenues féminines traditionnelles lors des occasions importantes, marquant les différentes étapes de la vie et affirmant l’appartenance identitaire. Le ministère de la Culture et des Arts ne compte pas s’arrêter à cette candidature. Il poursuit activement « le recensement général d’autres éléments patrimoniaux proposés à l’inscription », avec une attention particulière portée aux « genres musicaux algériens des différentes régions du pays, les costumes traditionnels féminins et masculins de la région centre et du Grand sud ». Ces futurs dossiers sont actuellement en phase d’examen et de préparation, en vue de leur dépôt lors des prochaines sessions du comité intergouvernemental du patrimoine immatériel de l’humanité. Cette programmation s’inscrit dans le respect du « système adopté par l’UNESCO, permettant à chaque pays de soumettre un seul dossier par an ». L’Algérie démontre, à travers cette démarche, sa volonté de participer activement à la préservation de la diversité culturelle mondiale. En faisant reconnaître internationalement ses traditions et savoir-faire, le pays contribue au dialogue interculturel tout en affirmant la richesse de son patrimoine. Cette initiative reflète également une vision stratégique qui reconnaît l’importance économique et touristique du patrimoine culturel. La reconnaissance par l’UNESCO pourrait en effet générer un regain d’intérêt pour l’artisanat traditionnel kabyle, soutenant ainsi les artisans locaux et favorisant la transmission de ces savoir-faire aux nouvelles générations. La candidature des bijoux kabyles représente ainsi bien plus qu’une simple démarche administrative : elle témoigne d’une politique cohérente et ambitieuse de sauvegarde patrimoniale, inscrite dans la durée et mobilisant l’ensemble des acteurs concernés, des institutions aux détenteurs des savoirs traditionnels.

M.S.

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