Condamné en Tunisie, il s’en prend à l’Algérie : Le jeu trouble de BHL
Récemment condamné à trente-trois ans de prison par un tribunal tunisien pour « complot contre l’État » et « adhésion à un groupe terroriste », Bernard-Henri Lévy a choisi de détourner l’attention en attaquant frontalement l’Algérie lors d’une intervention médiatique calculée sur BFM TV.
Plutôt que d’aborder sa propre condamnation dans une affaire où quarante prévenus ont écopé de peines allant jusqu’à soixante-six ans d’emprisonnement, celui qui se fait appeler « philosophe » a préféré déclarer avec véhémence que « la France n’a aucune raison de se coucher devant l’Algérie », applaudissant la prétendue fermeté de M. Retailleau face à Alger et jouant sur l’enveniment des relations entre la France et l’Algérie. Cette sortie, symptomatique de sa stratégie habituelle, révèle une fois de plus le rôle trouble que joue BHL dans la déstabilisation de nombreux pays, particulièrement dans le monde arabo-musulman. Loin d’être anodine, cette intervention s’inscrit dans un contexte géopolitique déjà tendu entre Paris et Alger, marqué par des divergences profondes sur les questions mémorielles, migratoires et les intérêts régionaux en Afrique. Le timing même de cette attaque, alors qu’il fait l’objet d’une lourde condamnation en Tunisie, soulève de nombreuses interrogations quant à ses véritables intentions et son rôle dans un dossier particulièrement opaque où les contours du complot allégué demeurent flous pour l’opinion publique. Face à ces provocations, les acteurs de la société civile algérienne n’ont pas été surpris par ce qu’ils qualifient de « croassements d’un extrémiste fanatique ». Dans un communiqué cinglant, ils rappellent que BHL plaide « avec des mains tachées du sang des innocents » pour défendre des positions héritées du colonialisme contre une terre d’où il a été expulsé « avec ses semblables colonisateurs et colons usurpateurs qui semblent ne pas avoir assimilé que la terre est revenue à ses enfants ». L’idée d’une Algérie forte par ses institutions et sa société civile reste manifestement insupportable pour ceux habitués à « pêcher en eaux troubles », incapables de comprendre les nouvelles dynamiques nées de la conscience de la jeunesse et de la maturité des institutions algériennes.
Recours à la justice
Les diverses composantes de la société civile algérienne, imprégnées de l’esprit de Novembre, réaffirment leur soutien inconditionnel aux institutions de l’État et à sa politique étrangère à travers des déclarations et des activités organisées sur l’ensemble du territoire national. Elles se réservent également le droit de poursuites judiciaires contre quiconque tenterait de s’ingérer dans les affaires intérieures du pays ou d’instrumentaliser la société civile pour promouvoir des idées colonialistes destructrices. La question mémorielle, soulignent-elles, n’a jamais été une « rente » mais une cause nationale fondée sur la lutte des ancêtres, qui se poursuit de génération en génération contre tous ceux qui tentent d’effacer les crimes du colonisateur, qu’il s’agisse des massacres, des camps d’internement, des essais nucléaires ou des mines disséminées sur des milliers de kilomètres. Les acteurs de la société civile algérienne rappellent aujourd’hui que « la démocratie que le criminel Bernard Lévy a exportée vers certains pays, conduisant leurs peuples vers des mers de sang, des divisions et des conflits dont ils continuent de payer le prix, ne trouvera pas son chemin vers l’Algérie victorieuse. »
« BHL d’Arabie »
Bernard-Henri Lévy n’en est pas à son premier scandale dans la région. Surnommé ironiquement « BHL d’Arabie » dans la presse en référence au rôle joué par Laurence d’Arabie dans le morcelage du monde arabe et sa division entre les empires coloniaux du début du 20e siècle, il s’est illustré par son rôle particulièrement néfaste en Libye et dans d’autres pays arabes où il a contribué à semer le chaos. Personnage hautement controversé, cible de multiples « entartages » depuis 1985, il s’est également signalé par son négationnisme concernant la situation à Ghaza, allant jusqu’à contester la réalité du blocus humanitaire pourtant confirmée par de nombreux organismes internationaux. Son mépris pour le peuple palestinien et sa promotion active du sionisme sont constamment dénoncés par ses détracteurs. Il s’illustre d’ailleurs comme agent actif de la normalisation et de l’idéologie sioniste suprémaciste au point de susciter des soupçons d’appartenance au Mossad. Sa haine de l’Algérie et ses tentatives de déstabilisation ne sont pas nouvelles. En 2012 déjà, lors d’une confrontation mémorable, la moudjahida Zohra Drif Bitat avait relevé la haine manifeste de ce prétendu philosophe « qui a attaqué les chouhada, les combattants algériens et injurié tout un peuple ». La condamnation de BHL en Tunisie souligne l’ampleur de l’affaire, qui a vu le tribunal prononcer des peines d’une sévérité exceptionnelle contre une quarantaine de prévenus, dont plusieurs figures politiques et intellectuelles de premier plan. Nombre d’entre eux, incluant d’anciens ministres, des avocats, des entrepreneurs et des opposants majeurs, étaient emprisonnés depuis deux ans, certains demeurant en détention tandis que d’autres ont fui le pays. Cette affaire, qui se déroule dans un climat politique tendu en Tunisie, met en lumière les méthodes d’ingérence et de déstabilisation dont BHL s’est fait une spécialité à travers le monde arabo-musulman. Ses récentes attaques contre l’Algérie ne font que confirmer son rôle d’agent au service d’intérêts qui dépassent largement le cadre philosophique qu’il prétend incarner, révélant sa véritable nature d’instigateur de troubles et de promoteur zélé d’un agenda néocolonial et sioniste qui refuse obstinément de reconnaître les droits, les souffrances et même l’existence du peuple palestinien.
Salim Amokrane