Programme de modernisation des ports: Faire de l’Algérie un hub commercial régional
Le secteur portuaire connaît actuellement une transformation majeure grâce à une série de réformes structurelles visant à moderniser les infrastructures et améliorer l’efficacité des échanges commerciaux. Ces initiatives s’inscrivent dans une vision stratégique nationale pour positionner le pays comme un hub commercial régional incontournable, particulièrement vers l’Afrique et la région sahélo-saharienne. Dans ce sens, Mohamed Karim Eddine Harkati, Président Directeur Général du Groupe des services portuaires (Serport), a souligné hier dans son intervention sur les ondes de la Radio Algérienne que « l’Algérie s’oriente vers un avenir prometteur dans le domaine du transport et des ports grâce aux réformes et aux programmes de développement, de modernisation et de numérisation visant à améliorer l’efficacité de la gestion et de l’exploitation portuaires, dans un esprit de coopération et de coordination entre tous les intervenants, ce qui contribuera à atteindre les objectifs souhaités et à renforcer la position de l’Algérie en tant que centre commercial régional ». Les chiffres témoignent déjà d’une progression significative. Au premier trimestre 2025, les ports algériens ont traité plus de 31 millions de tonnes de marchandises et près de 484.000 conteneurs, enregistrant une hausse de 12% du nombre de conteneurs par rapport à la même période de 2024. Pour l’année 2024 complète, le volume total a atteint 130 millions de tonnes de marchandises, en hausse de 3% par rapport à 2023. Sur ce total, 65 millions de tonnes concernaient des marchandises hors hydrocarbures, dont 18 millions destinées à l’exportation. La numérisation constitue un pilier central de cette stratégie de modernisation. « La numérisation représente un aspect fondamental de cette nouvelle dynamique continue, à travers la création d’une plateforme numérique pour la communauté portuaire visant à organiser l’information et faciliter le transit des marchandises, en coordination avec la plateforme numérique de la Direction générale des douanes, » explique M. Harkati. Cette transformation numérique s’accompagne de l’instauration progressive du système de travail continu 24h/24 dans six ports majeurs du pays : Alger, Djen Djen, Béjaïa, Annaba, Oran et Mostaganem.
Un plan d’investissements de 29 milliards de dinars en 2025
Un plan d’investissement ambitieux a été mis en place pour concrétiser ces ambitions. « Nous misons sur le plan de modernisation approuvé d’une valeur de 29 milliards de dinars pour l’année 2025 afin de surmonter certaines insuffisances dans les aspects logistiques et humains, » précise le PDG de Serport. Ce plan comprend l’acquisition d’équipements modernes, notamment des portiques, des chariots élévateurs, des scanners et des dispositifs de surveillance et d’inspection conformes aux standards internationaux. Il prévoit également l’entretien des quais, le dragage des bassins et la formation continue du personnel pour améliorer leurs compétences. Dans la même lignée, des projets d’extension de plusieurs infrastructures portuaires sont en cours de réalisation. « Parallèlement à ces réformes, l’Algérie s’efforce d’achever les travaux d’extension dans certains ports, qui progressent à un rythme rapide mais variable, notamment le port de Djen Djen, qui vise à devenir une porte importante vers le continent africain et la région sahélo-saharienne, » souligne M. Harkati.
L’actualité récente a par ailleurs mis en lumière la capacité d’adaptation des infrastructures portuaires algériennes, avec la mise en place de dispositifs spéciaux pour l’importation de moutons destinés à la fête de l’Aïd. « Nous avons établi des couloirs verts en coordination avec les douanes pour faciliter le déchargement et le traitement des navires transportant les moutons importés, et avons alloué une flotte de camions pour transporter ces animaux vers les zones de quarantaine désignées par les autorités concernées, conformément aux directives du ministre des Transports, » précise M. Harkati. Ce dernier a également indiqué que « le port d’Alger a reçu hier un second navire transportant 11.000 têtes de moutons, et nous nous préparons à accueillir un nouveau navire pendant le week-end. » À travers ces multiples initiatives, l’Algérie affiche clairement son ambition de transformer son système portuaire pour en faire un levier stratégique au service de son développement économique et de son rayonnement régional, particulièrement vers l’Afrique subsaharienne.
Sabrina Aziouez