Économie

Perspectives économiques pour la région MENA  : La Banque mondiale prévoit une croissance modérée dans un contexte d’incertitude

La région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) devrait connaître une trajectoire de croissance prudente mais positive pour les prochains trimestres, selon les dernières projections de la Banque mondiale. Son récent rapport intitulé « Changer de vitesse : le secteur privé comme moteur de la croissance dans la région MENA » anticipe une progression du PIB régional de 1,9% en 2024, suivie d’une accélération à 2,6% en 2025. Cette amélioration graduelle masque toutefois d’importantes disparités entre les économies de la région. Les pays exportateurs de pétrole bénéficient principalement de l’assouplissement des quotas de production, tandis que les pays importateurs voient leur croissance soutenue par une reprise de la consommation et un ralentissement de l’inflation. Certaines économies profitent également d’un rebond du secteur agricole après plusieurs années difficiles. Les analystes de la Banque mondiale soulignent néanmoins que ces prévisions s’inscrivent dans un environnement particulièrement volatile. Les multiples facteurs de risque incluent les conflits régionaux persistants, l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes, les fluctuations des cours pétroliers et l’évolution des équilibres géopolitiques mondiaux. La reconfiguration des flux commerciaux internationaux constitue également une source d’inquiétude, avec des conséquences potentiellement significatives sur la croissance et l’inflation mondiales. Plus préoccupant encore, le rapport alerte sur l’impact durable des conflits qui pourraient compromettre des décennies de progrès économique dans certaines zones de la région. Le rapport met particulièrement l’accent sur les faiblesses structurelles du secteur privé dans la région MENA, identifié comme un frein majeur à une croissance plus vigoureuse. Plusieurs indicateurs témoignent de ce manque de dynamisme : déclin de la productivité du travail, faiblesse des investissements et de l’innovation, marchés caractérisés par une stagnation du tissu entrepreneurial, et persistance d’un large secteur informel à productivité réduite. « La région continue de sous-utiliser son capital humain, les femmes étant largement exclues du marché du travail », souligne Ousmane Dione, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « Réduire les inégalités entre les sexes en matière d’emploi pourrait permettre d’augmenter le revenu par habitant d’environ 50% dans une économie type de la région. » Les experts de la Banque mondiale préconisent une approche coordonnée entre secteurs public et privé pour relancer la dynamique économique régionale. Côté gouvernements, les priorités devraient inclure le renforcement de la concurrence sur les marchés, l’amélioration de l’environnement des affaires et l’investissement dans la collecte et l’accessibilité des données économiques. « Un secteur privé performant est essentiel pour promouvoir une croissance durable et la prospérité dans la région », affirme Roberta Gatti, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région. « Pour concrétiser ce potentiel, les gouvernements doivent pleinement assumer leur rôle de garants de marchés concurrentiels. » Quant aux entreprises, le rapport recommande l’adoption de meilleures pratiques de gestion et surtout une mobilisation accrue du potentiel inexploité des femmes entrepreneurs et travailleuses, identifié comme un puissant levier de croissance.

Amar Malki

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