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L’Algérie accueillera le Sommet du GECF en mars 2024 : Reprendre la main sur les ressorts du marché gazier

L’Algérie accueillera le 7e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) en mars 2024. C’est un événement majeur destiné à marquer un tournant, dans la mesure où il est prévu que les travaux de ce sommet se penchent sur les enjeux du marché gazier dans un contexte de transitions mais aussi un contexte géopolitique où les questions de sécurité énergétique occupent une place centrale. Il s’agit aussi d’examiner les moyens « de planifier et de gérer de manière autonome les ressources gazières ».

C’est en perspective de ce sommet que le secrétaire général du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), Mohamed Hamel, effectue une visite de travail en Algérie. Le quatrième SG du GECF depuis sa création en 2001 d’ailleurs été reçu hier par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, ainsi que le ministère de l’Énergie et des Mines Mohamed Arkab. Des audiences qui ont permis de discuter des préparatifs du Sommet mais aussi des enjeux de la sécurité énergétique dans un contexte particulier. Selon un communiqué du MAE, Ahmed Attaf et Mohamed Hamel ont insisté sur « l’impératif d’intensifier la coordination et la coopération entre l’Algérie, en tant que pays hôte, et le secrétariat général du Forum des pays exportateurs de gaz, en vue de réunir toutes les conditions de réussite de cet important rendez-vous international ». L’accent a été mis lors de cette rencontre sur la nécessité de « poursuivre les efforts pour aboutir à des résultats qualitatifs reflétant l’importance croissante du dossier énergétique sur la scène internationale, et répondant aux aspirations des pays membres au développement de leurs capacités et à la contribution réelle et efficace dans le traitement des défis posés par la conjoncture internationale sur la sécurité énergétique internationale », ajoute la même source.

Le ministre de l’Énergie et des Mine et le SG du GECF ont, lors de leurs entretiens, passé en revue « l’état du marché mondial du gaz et les perspectives de son développement à court, moyen et long termes en sus des mécanismes à mettre en place pour permettre aux pays membres de planifier et de gérer de manière autonome les ressources gazières », note un communiqué du département de Mohamed Arkab. Le même communiqué souligne que le Forum entend soutenir les droits souverains des pays membres sur leurs ressources en gaz naturel et leur capacité à planifier et gérer de façon autonome leur développement durable efficace qui tienne compte des exigences environnementales en utilisant et en préservant les ressources du gaz naturel pour l’intérêt de leurs peuples. « Il vise à mettre en place un mécanisme de dialogue entre producteurs et consommateurs de gaz, à même de stabiliser et de sécuriser l’offre et la demande sur les marchés mondiaux de gaz naturel », souligne-t-il.

Il faut dire que le gaz naturel est appelé à occuper une place centrale sur les marchés énergétiques dans un contexte de transition. La guerre en Ukraine a d’ailleurs permis de mettre en avant les enjeux énergétiques, économiques et géopolitiques des marchés gaziers. Un conflit qui a d’ailleurs engendré dans son sillage des évolutions et des tentatives de la part des pays consommateurs d’imposer des mécanismes anti-marchés sur le marché gazier. Ce qui impose une réflexion sur les mécanismes à mettre en place pour renforcer la coordination entre les producteurs de gaz, notamment au sein du GECF qui compte 19 pays membres et représente 72% des réserves prouvées de gaz dans le monde et 44% de la production commercialisée. Une coordination pour mieux percevoir les enjeux du marché, mais aussi reprendre la main sur la gestion de la ressource et son développement. Notons que le SG du GECF a indiqué au mois de janvier dernier dans un entretien à l’APS que « le gaz continuera à jouer un rôle central en tant qu’énergie pour le développement durable, en raison notamment de l’augmentation de la population et de l’urbanisation, de la croissance de l’économie mondiale», mais aussi en tant qu’énergie de transition. Il a précisé dans ce sens que la demande mondiale d’énergie devrait augmenter de 22% d’ici à 2050, dont 36% de hausse pour le gaz naturel.  «La décarbonisation du gaz naturel lui-même offre un grand potentiel. Des technologies éprouvées, telles que le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (CCUS), peuvent rendre le gaz naturel encore plus propre, notamment pour la production d’électricité et les principales industries à forte intensité d’émissions, comme l’acier, le ciment et les produits chimiques», a-t-il ajouté. Il a mis en avant que le gaz jouera un rôle central en matière de sécurité énergétique soulignant la nécessité de mobiliser les financements pour les investissements nécessaires « pour la transformation des réserves de gaz naturel abondantes», a estimant que «le besoin en la matière s’élèvera à 10 500 milliards de dollars d’ici 2050 dans le seul secteur en amont».

Notons que les entretiens menés hier ont également été une opportunité pour examiner les derniers travaux de l’Institut de recherche sur le gaz (GRI) relevant du GECF, et dont le siège est abrité par l’Algérie après la décision prise lors des travaux du 6e sommet du Forum tenu à Doha (Qatar) en 2022.  Le GRI se veut un cadre de coopération scientifique et technologique entre les pays membres et un instrument de collaboration avec les instituts similaires à travers le monde. Il constitue également une voie pour le développement professionnel des experts des pays membres à travers l’organisation de sessions de formation, de rencontres et d’ateliers en la matière.

Samira Ghrib

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