Guerres commerciales et menaces sur le multilatéralisme : L’Algérie plaide pour un FMI plus combatif
À Washington, Salah-Eddine Taleb, Gouverneur de la Banque d’Algérie, a vigoureusement plaidé en faveur du multilatéralisme et du libre-échange, au nom des pays de la région MENAP, lors de la 51ᵉ réunion du Comité monétaire et financier international du FMI. Face aux tensions commerciales croissantes et à l’incertitude économique mondiale, il a appelé le Fonds à « demeurer – comme il l’a toujours été – un ardent défenseur du libre-échange et une voix forte en faveur du multilatéralisme ». Alors que la désinflation semblait enfin maîtrisée et que l’économie mondiale entrevoyait un atterrissage en douceur, la dynamique est brutalement remise en cause. « Nous assistons, à un rythme que l’on n’aurait pas cru possible il y a encore quelques mois, au démantèlement du multilatéralisme tel que nous l’avons connu et encouragé depuis des décennies », a averti M. Taleb. Pour le représentant du MENAP, l’économie mondiale se trouve à « un tournant critique » et traverse « une mutation profonde », sous l’effet des restrictions commerciales massives imposées par certaines grandes puissances, jadis moteurs de la croissance globale. Le diagnostic est sans appel : « Il n’existe aucun gagnant dans cette course vers le bas que constitue la guerre commerciale en cours », a-t-il tranché, soulignant l’aggravation des clivages géoéconomiques et géopolitiques. La région MENAP, prévient-il, n’échappera pas aux répercussions, entre recul de la demande extérieure, durcissement des conditions financières mondiales et pression accrue sur les économies les plus endettées.
Volatilité des marchés internationaux
Pour les exportateurs de pétrole et de gaz, « une production pétrolière qui demeurera probablement modérée dans un contexte de volatilité des marchés internationaux devrait être partiellement compensée par la vigueur du secteur non pétrolier », permettant, espère-t-il, de maintenir une dynamique de croissance. Au-delà du constat, M. Taleb a rappelé l’exigence d’un FMI fort, doté de ressources suffisantes et appuyé sur un système de quotes-parts crédible. « Nous encourageons les membres n’ayant pas encore finalisé leurs procédures internes d’approbation de l’augmentation des quotes-parts dans le cadre de la 16ᵉ Revue générale à achever ce processus dans les meilleurs délais », a-t-il martelé, insistant sur l’urgence d’agir dans ce climat d’incertitude accrue. Il a, à ce titre, pressé « les membres n’ayant pas encore finalisé leurs procédures internes d’approbation de l’augmentation des quotes-parts dans le cadre de la 16e Revue générale des quotes-parts » à le faire rapidement, afin d’assurer l’entrée en vigueur des nouvelles répartitions dans « ce contexte critique d’incertitude mondiale accrue ». C. Refusant tout fatalisme, il a réaffirmé sa confiance dans l’institution de Bretton Woods, estimant que « le Fonds demeure une institution représentative, attachée à un traitement équitable et impartial de l’ensemble de ses membres, quel que soit le sujet abordé ou la dimension considérée ».
Salim Amokrane