Les opportunités de coopération mises en avant lors du Salon africain des Affaires: L’Algérie se tourne vers sa profondeur africaine
La troisième édition du Salon Africain des Affaires, qui s’est tient à Oran du 26 au 28 avril, a confirmé la volonté de l’Algérie de renforcer ses liens économiques avec les pays du continent africain. Cet événement organisé par l’agence « Sada » a rassemblé vingt opérateurs économiques venus de sept pays africains, ainsi que plusieurs diplomates de haut rang, pour explorer de nouvelles opportunités de partenariat entre les entreprises algériennes et africaines. Dans un contexte mondial marqué par une compétition accrue pour l’accès au marché africain et à ses importantes ressources naturelles, les participants ont souligné l’importance de développer le commerce intra-africain et de renforcer la coopération entre les pays du continent, afin de progresser vers une intégration économique substantielle dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Lors de la conférence inaugurale, les ambassadeurs du Sénégal, du Mozambique et de l’Ouganda en Algérie, ainsi que des représentants diplomatiques de la Guinée et du Zimbabwe, ont insisté sur la nécessité d’exploiter les vastes ressources du continent pour concrétiser cette intégration économique. L’ambassadeur du Sénégal en Algérie, M. Mbaba Koura N’Diaye, a particulièrement mis en avant la volonté algérienne de renforcer la coopération avec les pays africains. « L’inauguration de la Banque algéro-sénégalaise est une preuve concrète des efforts visant à faciliter les investissements et les échanges commerciaux entre les deux pays, et plus largement en Afrique », a-t-il déclaré, ajoutant que cette institution financière « vise à soutenir les opérateurs économiques algériens et sénégalais, à encourager les investissements régionaux et à appuyer les initiatives multipartites pour une croissance équitable et inclusive en Afrique ». Le diplomate sénégalais a également souligné le positionnement stratégique de l’Algérie, qu’il considère comme « une véritable porte d’entrée vers l’Afrique », notamment grâce à ses projets structurants d’envergure continentale comme la route transsaharienne, qui devrait jouer un rôle crucial dans la promotion des échanges commerciaux à l’échelle du continent.
Coopération énergétique
Dans un entretien accordé à l’APS en marge du salon, l’ambassadeur sénégalais a exprimé un « vif intérêt » pour des partenariats avec l’Algérie dans plusieurs secteurs clés. « Nous souhaitons renforcer la coopération avec l’Algérie dans les domaines de la médecine, de l’industrie pharmaceutique, et de l’énergie », a-t-il précisé, tout en révélant que « le Sénégal offre des incitations fiscales pour encourager la coopération dans ces domaines ». La coopération énergétique apparaît comme un axe prioritaire pour le Sénégal, qui a récemment découvert d’importants gisements de pétrole et de gaz sur son territoire, notamment avec le champ Grand Tortue Ahmeyim (GTA) à la frontière maritime avec la Mauritanie. Ces découvertes représentent une opportunité majeure pour le développement économique du pays ouest-africain, mais nécessitent une expertise technique et des investissements considérables pour leur exploitation optimale. C’est dans ce contexte que l’expérience algérienne dans le secteur des hydrocarbures, acquise depuis plus de six décennies, s’avère particulièrement précieuse. L’ambassadeur a d’ailleurs confirmé que « l’Institut du pétrole et du gaz du Sénégal est en contact avec son homologue algérien et le groupe Sonatrach » pour développer cette collaboration. L’Algérie, forte de son expérience dans l’exploration, l’exploitation et la commercialisation des hydrocarbures à travers son fleuron national Sonatrach, pourrait ainsi jouer un rôle déterminant dans le transfert de technologie et le partage d’expertise avec le Sénégal, contribuant ainsi au développement d’une industrie énergétique africaine autonome et compétitive. De son côté, l’ambassadeur du Mozambique, M. Antonio Augusto Eduardo Namporti, a mis en avant l’importance de mieux exploiter les richesses africaines, tout en reconnaissant que « beaucoup reste à faire pour atteindre cet objectif ». Il a insisté sur le fait que « le renforcement de la communication entre les États africains est essentiel » pour progresser vers une véritable intégration économique. Évoquant les potentialités de son pays, qui dispose de vastes terres agricoles encore inexploitées, le diplomate mozambicain a estimé que « l’Algérie, grâce à ses technologies agricoles, pourrait devenir un partenaire stratégique dans le développement du secteur agricole et minier » au Mozambique. L’ambassadeur de l’Ouganda en Algérie, M. Julius Joshua Kefuna, a pour sa part affirmé que la zone de libre-échange africaine « représente l’avenir du continent et permettra aux pays africains d’atteindre une forme d’harmonie et de cohérence économiques », soulignant l’importance de cet accord pour le développement futur de l’Afrique. Dans cette même perspective, le représentant du Zimbabwe, l’ambassadeur Vusumuzi Ntonga, a identifié « plusieurs opportunités de coopération » entre son pays et l’Algérie, citant notamment « les domaines de l’agriculture, de l’industrie pharmaceutique, de l’industrie électroménager et bien d’autres ». Il a exprimé l’intérêt du Zimbabwe pour « les produits pharmaceutiques, l’électroménager et les énergies fossiles et dérivés en Algérie », tout en précisant la disponibilité de son pays à « acquérir ces produits, soit en les important ou en les produisant localement par le biais de partenariats avec les opérateurs algériens ». En contrepartie, le Zimbabwe « produit énormément de produits alimentaires qui peuvent intéresser l’Algérie », a-t-il ajouté, évoquant également la possibilité d’établir des partenariats financiers, « à l’instar de l’ouverture de banques algériennes au Zimbabwe pour faciliter le mouvement des capitaux, ainsi que l’ouverture de lignes aériennes directes entre les deux pays ». Le premier secrétaire et conseiller économique de l’ambassade de Guinée, M. Faraban Magassouba, a quant à lui qualifié la ZLECAF de « rêve de tout Africain », soulignant qu’elle permettra « la libre circulation des biens et des personnes », et contribuera à une intégration économique africaine qui donnera au continent « une place de choix sur la scène mondiale ». Cette édition du Salon Africain des Affaires, centrée sur le développement industriel sous toutes ses formes, illustre ainsi la dynamique de coopération sud-sud que l’Algérie s’efforce de promouvoir, en mettant son expérience et ses ressources au service du développement économique du continent africain.
Salim Amokrane