Cour internationale de Justice: L’Algérie défend avec fermeté les droits du peuple palestinien
Dans une plaidoirie rigoureuse prononcée mardi devant la Cour internationale de Justice (CIJ), l’Algérie a réaffirmé son engagement indéfectible en faveur de la cause palestinienne, dénonçant les violations systématiques commises par l’entité sioniste à l’encontre du droit international et des prérogatives des organisations onusiennes dans les territoires occupés.
La délégation algérienne, composée de l’experte en droits humains Maya Sahli Fadel, ancienne vice-présidente de la Commission africaine des droits de l’Homme, de Samia Bourouba, spécialiste en droit international et membre de la Commission de l’Union africaine pour le droit international, accompagnées de l’ambassadrice d’Algérie à La Haye, Salima Abdelhak, a présenté un réquisitoire documenté axé sur trois points fondamentaux concernant les obligations israéliennes dans les territoires palestiniens occupés.
L’intervention algérienne s’inscrit dans le cadre des audiences publiques entamées lundi et prévues jusqu’au 2 mai, auxquelles participent 40 pays et quatre organisations internationales, dont l’ONU, la Ligue arabe, l’Union africaine et l’Organisation de la coopération islamique. Ces audiences font suite à l’adoption d’une résolution par 137 États en fin 2024, saisissant la CIJ après l’interdiction des activités de l’UNRWA par l’entité sioniste.
Au cœur de l’argumentaire algérien figure la dénonciation des décisions israéliennes du 28 octobre 2024 visant à restreindre les activités de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies chargée des réfugiés palestiniens. La délégation qui rappelé les obligations de l’entité sioniste en tant qu’occupant a souligné l’importance vitale de cette institution qui fournit une assistance humanitaire, des services de santé et d’éducation à près de six millions de Palestiniens enregistrés, tout en facilitant l’exercice de leur droit au retour. « Ces mesures arbitraires constituent une violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire », a déclaré la délégation algérienne, rappelant que la fermeture des bureaux de l’UNRWA et les exactions contre son personnel représentent « une dangereuse première dans l’histoire des Nations Unies ».
Les conséquences humanitaires de ces décisions sont catastrophiques, particulièrement depuis le 2 mars 2025, date à laquelle l’entité sioniste a complètement bloqué l’acheminement de toute aide humanitaire vers Ghaza, utilisant délibérément la famine comme arme de guerre. Cette situation dramatique s’ajoute au lourd bilan humain de l’offensive israélienne qui, selon les autorités sanitaires palestiniennes, a fait 52.365 martyrs et 117.905 blessés depuis octobre 2023.
Un génocide en direct
L’Algérie a également dénoncé les arrestations et les mauvais traitements infligés au personnel des Nations Unies. Comme l’a révélé Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’UNRWA, plus de 50 employés de l’agence ont été arrêtés depuis le début de l’offensive israélienne. « Ils ont été battus, utilisés comme boucliers humains, privés de sommeil, humiliés et contraints à faire de faux aveux », a-t-il rapporté, qualifiant ces pratiques d' »effroyables et scandaleuses ».
Dans ses conclusions, la délégation algérienne a exhorté la CIJ à prendre quatre mesures décisives : confirmer que l’entité sioniste viole ses obligations légales envers l’ONU et ses agences dans les territoires palestiniens occupés, ordonner l’annulation des textes juridiques israéliens contre l’UNRWA, imposer le respect des immunités et privilèges du personnel onusien conformément à la Charte des Nations Unies, et contraindre l’entité sioniste à lever le blocus et les mesures arbitraires entravant l’entrée de l’aide humanitaire à Ghaza.
Cette intervention s’inscrit dans la continuité de l’engagement historique de l’Algérie auprès des instances juridiques internationales en faveur de la Palestine. Le pays avait déjà participé aux procédures consultatives de février 2004 concernant le mur de séparation et de février 2024 sur les conséquences juridiques de l’occupation prolongée des territoires palestiniens.
Alors qu’Amnesty International dénonce dans son rapport annuel publié le même jour « un génocide en direct » auquel « le monde assiste sur ses écrans », cette mobilisation diplomatique et juridique algérienne réaffirme son soutien « permanent et immuable au peuple palestinien dans sa lutte pour l’exercice de ses droits fondamentaux », notamment celui à l’autodétermination et à l’établissement d’un État indépendant et souverain dans les frontières de 1967, avec Al Qods-Est pour capitale.
Lyes Saïdi