Le Sultan d’Oman effectue une visite de deux jours en Algérie: L’axe Alger-Mascate se renforce
Vingt-et-un coups de canon ont déchiré le ciel d’Alger ce dimanche, annonçant l’émergence d’une nouvelle alliance diplomatique et économique. Sur le tarmac de l’aéroport international Houari-Boumediene, le président de la République Abdelmadjid Tebboune et le Sultan d’Oman Haitham ben Tariq ont scellé, par une accolade fraternelle, la consolidation de « l’axe Alger-Mascat ». Au-delà du protocole d’État habituel, cette visite de deux jours du souverain omanais symbolise l’émergence d’une alliance stratégique qui transcende les relations diplomatiques conventionnelles pour s’imposer comme un modèle innovant de coopération Sud-Sud.
Dès l’arrivée du souverain omanais à Alger, les deux chefs d’État ont entamé des discussions bilatérales au salon d’honneur de l’aéroport, en présence de hauts responsables algériens, de membres du gouvernement et des chefs de missions diplomatiques accrédités à Alger. L’accueil officiel, empreint de solennité, a vu les deux dirigeants écouter les hymnes nationaux respectifs avant de passer en revue des détachements des différentes Forces de l’Armée nationale populaire (ANP) qui leur ont rendu les honneurs. Cette cérémonie protocolaire témoigne de la dimension exceptionnelle que revêt cette visite dans les relations algéro-omanaises. Cette rencontre au sommet intervient quelques mois seulement après la visite historique effectuée par le président Tebboune au Sultanat d’Oman en octobre dernier, lors de laquelle huit mémorandums d’entente avaient été signés, couvrant des domaines aussi variés que la promotion de l’investissement, l’organisation d’expositions et de conférences, l’éducation, l’enseignement supérieur, l’environnement, le développement durable, les services financiers, l’emploi, la formation et l’information. Ce ballet diplomatique témoigne d’une volonté commune d’inscrire les relations bilatérales dans une perspective stratégique de long terme.
Un fonds d’investissement conjoint
L’élément phare de ce rapprochement demeure sans conteste la création annoncée d’un fonds d’investissement conjoint omano-algérien, véritable colonne vertébrale d’une coopération économique appelée à s’intensifier dans les années à venir. Ce mécanisme financier novateur devrait permettre la mise en place de partenariats et de projets communs dans des secteurs à fort potentiel de croissance tels que les énergies renouvelables, la pétrochimie, l’agriculture saharienne, les technologies, le tourisme et d’autres domaines prometteurs. L’initiative reflète la confiance mutuelle qui s’est instaurée entre Alger et Mascate, et leur détermination à bâtir ensemble un avenir économique prospère.
La volonté commune des deux pays de diversifier leurs économies respectives, trop longtemps dépendantes des hydrocarbures, constitue le moteur principal de ce rapprochement stratégique. Dans cette optique, la visite récente d’une délégation omanaise en Algérie, en avril dernier, pour explorer les opportunités d’investissement dans le secteur des mines et de l’exploitation minière, témoigne de l’intérêt croissant des investisseurs omanais pour le potentiel économique algérien. Cette mission économique a permis de mettre en avant la volonté des deux pays de sceller des partenariats stratégiques à long terme et d’approfondir les discussions concernant les mécanismes de mise en œuvre de projets de coopération concrets mutuellement bénéfiques. Le secteur pharmaceutique n’est pas en reste dans cette dynamique de coopération. Des opérateurs algériens se sont déjà manifestés pour engager des partenariats avec leurs homologues omanais dans la production de médicaments, s’inscrivant ainsi dans le cadre de la mise en œuvre des conclusions de la rencontre au sommet entre les dirigeants des deux pays.
La dimension culturelle n’est pas négligée dans ce rapprochement bilatéral. La participation de l’Algérie à la 29e édition du Salon international du livre de Mascate, avec 43 maisons d’éditions qui ont exposé 900 titres dans différents domaines, témoigne de la volonté de renforcer les passerelles de communication entre les peuples algériens et omanais. Ces échanges culturels contribuent à tisser des liens durables entre les sociétés civiles des deux nations, au-delà des relations gouvernementales.
Les questions régionales au coeur des discussions
Au-delà des aspects purement bilatéraux, la rencontre entre le président Tebboune et le Sultan Haitham ben Tariq revêt également une dimension géopolitique significative. Les deux dirigeants devraient échanger leurs vues sur diverses questions régionales et internationales, avec une attention particulière accordée à la cause palestinienne. Dans un contexte régional marqué par l’instabilité et les tensions, le rapprochement algéro-omanais pourrait constituer un pôle de stabilité et de modération, capable de peser sur les équilibres régionaux. Les observateurs soulignent que cette alliance en construction entre l’Algérie et Oman pourrait également contribuer au renforcement de l’action arabe commune, dans un contexte où les divisions au sein du monde arabe ont considérablement affaibli son influence sur la scène internationale. Les deux pays ont d’ailleurs souligné, lors de précédentes rencontres, « l’importance de la coopération et de la coordination dans les organisations et les fora régionaux et internationaux, au service des intérêts des deux pays et du renforcement de l’action arabe commune ». L’accent mis par les deux parties sur « le soutien aux efforts visant à privilégier les options pacifiques et à consolider les fondements de la sécurité et de la stabilité dans la région et dans le monde » illustre leur attachement commun aux principes du droit international et au respect de la légalité internationale. Cette convergence de vues sur les questions internationales pourrait favoriser l’émergence d’une diplomatie arabe plus cohérente et plus influente.
Hocine Fadheli