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Raouya remplace Benabderrahmane aux Finances : Rectifier la trajectoire

Le nouveau ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, a été installé hier dans ses fonctions. 

Le nouveau premier argentier du pays, qui remplace Aïmene Benabderrahmane lequel devra désormais se consacrer exclusivement à ses fonctions de Premier ministre, a été assigné à une nouvelle tâche. Il s’agit officiellement de faire aboutir le chantier de modernisation et de numérisation des administrations sous sa tutelle. Une mission qui figure parmi les priorités du programme présidentiel. Il n’en demeure pas moins, qu’en tant qu’ancien Directeur général des impôts, Raouiya semble d’ores et déjà destiné à rectifier la trajectoire des politiques fiscales menées jusque-là.

Lors de la cérémonie protocolaire de passation de consignes, le Premier ministre a voulu donner le ton et  a affirmé que «le secteur des Finances est appelé à jouer un rôle important dans les réformes entamées par le Chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune». Il a dans ce contexte appelé les cadres du ministère du Finances « à soutenir le nouveau ministre dans ses missions et à la concrétisation des projets en chantier ». Aïmene Benabderrahmane est revenu sur la  numérisation sur laquelle il a mis l’accent. Il a insisté sur «le parachèvement du projet » en numérisant les segments névralgiques du département des Finances, en l’occurrence les Douanes algériennes,  l’administration fiscaleet la direction du budget, considérant que «ce chantier constitue l’une des premières priorités du secteur des finances».  Pour sa part, le nouveau ministre a fait état de sa plénitude à poursuivre les démarches entreprises par le Gouvernement et la mise en application du programme tracé par le premier ministre».  

Il est cependant aisé que comprendre qu’au-delà des projets de réforme qu’il a déjà eu à conduire par le passé et qu’il doit faire aboutir aujourd’hui, Abderrahmane Raouiya devra plancher sérieusement sur la gestion du budget, et notamment le volet recettes. Il devra rectifier les politiques fiscales pour qu’elles collent aux réalités et aux objectifs de réforme fixés. D’autant que la récente décision du président de la République de geler les taxes introduites par la LF 2022 sur les produits alimentaires a non seulement mis en lumière les limites de la politique fiscale menée jusque-là, mais appelle aussi à la révision des dispositions du budget initial dans le cadre d’une loi de finances complémentaire. Pour ce faire Raouiya semble avoir le profil de l’emploi, avec une expérience cumulée de près de quatre décennies dans le département des Finances, une expérience professionnelle internationale en tant qu’expert du Fonds monétaire international en République démocratique du Congo en sus d’avoir occupé tout à tour les fonctions de Directeur de la Législation fiscale, de Directeur général des impôts et de ministre des Finances de 2017 à 2019, puis en 2020 dans le Gouvernement Djerad I. Raouiya a également contribué à la rédaction des dispositions fiscales de nombreuses lois, notamment, la loi sur les hydrocarbures. 

Né en 1960 à Mostaganem, le nouveau ministre est un pur produit de l’école algérienne. Il a étudié le droit avant de se spécialiser dans les impôts  en poursuivant ses études dans l’institut français des impôts de Clermont Ferrand. Abderrahmane Raouya a entamé sa carrière en 1985 en tant qu’administrateur au niveau de la direction  des études fiscales relevant du ministère des Finances. En 1987, il est promu au poste de chef de bureau de la direction des conventions fiscales internationales, puis directeur du même service. Sur le plan international, Abderrahmane Raouya a exercé en tant qu’expert du Fond Monétaire International entre 2003 et 2005,  dans la République de Congo. Raouya a été associé plusieurs fois aux missions d’assistance technique du FMI dans plusieurs pays africains. Il a été aussi membre de plusieurs Conseils d’Administration en Algérie ainsi que d’institutions et d’organismes financiers internationaux notamment au niveau du groupe de la banque islamique de développement (BID).En 2005, il a été désigné comme responsable chargé de la synthèse auprès de cabinet du ministère des finances, avant qu’il ne soit nommé au poste du directeur général des Impôts en 2006.  Le nouveau ministre a pris part aux différents plans mis en place dans le cadre de la modernisation des services fiscaux, douaniers et les services des biens d’Etat.  Il a également pris part à l’élaboration des plans en relation avec le secteur des finances, comme les hydrocarbures, les mines, le système bancaire, en plus d’avoir pris part à plusieurs conventions entrant dans le cadre de la fiscalisation internationale. Abderrahmane Raouya a occupé le poste de ministre des Finances du 25 mai 2017 au 31 mars 2019, d’abord dans le gouvernement Abdelmadjid Tebboune puis au sein du gouvernement d’Ahmed Ouyahia. Il occupe cette fonction du 4 janvier 2020 au 23 juin 2020 avant qu’il soit rappelé à ce poste le 17 février de l’année en cours.

Salim Abdenour

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