Culture

4e Salon national du livre amazigh à Ouacif : Une célébration littéraire du patrimoine

C’est dans un cadre empreint de solennité culturelle que s’est ouverte mercredi la quatrième édition du Salon National du Livre Amazigh. Nichée dans les hauteurs de la Kabylie, la commune d’Ouacif accueille cet événement d’envergure nationale à la Maison de jeunes « Frères Martyrs Houacine Mohammed Amokrane et Boukhalfa », transformée pour l’occasion en véritable temple de la littérature berbère.

La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence d’un parterre de personnalités, avec à leur tête Mme Nabila Goumeziane, directrice de la Culture et des Arts de la wilaya de Tizi-Ouzou, accompagnée du président de l’Assemblée populaire de wilaya et du chef de daïra d’Ouacif. Le commissaire du Salon, M. Salem Ait Ali Belkacem, a orchestré cette inauguration rehaussée par la présence remarquée de l’artiste légendaire Lounès Ait Menguellet, figure tutélaire de la chanson kabyle, suscitant l’enthousiasme du public présent.

Cette manifestation littéraire, placée sous l’égide de l’association culturelle « El Anis d’Ouacif » et supervisée par l’Assemblée populaire de wilaya de Tizi-Ouzou, s’impose comme un rendez-vous incontournable pour les passionnés de la culture amazighe. Plus de vingt maisons d’édition, cent cinquante auteurs, ainsi que plusieurs centres de recherche et associations culturelles ont répondu présents, témoignant du dynamisme croissant de l’édition en langue amazighe.

« Ce salon représente bien plus qu’une simple exposition de livres. C’est un espace de résistance culturelle et de transmission intergénérationnelle », confie un jeune auteur venu présenter son premier roman. Le programme concocté par les organisateurs reflète cette ambition avec une riche palette d’activités : conférences thématiques, concours d’orthographe destinés aux meilleurs élèves des établissements scolaires d’Ouacif, soirées poétiques animées par les poétesses Hadjira Oubachir et Nacira Benyoucef, ainsi qu’une projection spéciale d’un documentaire sur l’écrivain disparu Imache Amar, réalisé par Yazid Arab.

La manifestation a également été marquée par un vibrant hommage rendu à des figures intellectuelles disparues ayant œuvré pour la promotion de la culture amazighe, notamment Ahmed Nekkar, Abderrahmane Ifassah et Youcef Merahi, dont les contributions à l’enrichissement du patrimoine culturel algérien demeurent inestimables.

Dans son allocution, Mme Goumeziane a souligné « l’importance cruciale de tels événements culturels qui jouent un rôle vital dans la préservation de l’identité nationale et le renforcement du patrimoine algérien ». Elle a particulièrement salué l’initiative de la production documentaire qui, selon ses mots, « renforce la présence amazighe dans le paysage culturel national à travers le septième art ».

Durant les quatre jours de cette manifestation, le public a eu l’opportunité de participer à des rencontres littéraires, assister à des séances de dédicaces, découvrir diverses expositions et savourer des lectures artistiques qui mettent en lumière la richesse et l’authenticité de la culture amazighe. Les organisateurs espèrent ainsi contribuer à l’essor de la littérature amazighe, longtemps transmise par voie orale et qui connaît aujourd’hui un renouveau éditorial significatif.

Ce salon s’inscrit dans une démarche plus large de valorisation des langues nationales et illustre la politique culturelle de l’État algérien visant à promouvoir la diversité linguistique du pays. À l’heure où la mondialisation tend à uniformiser les pratiques culturelles, des initiatives comme le Salon National du Livre Amazigh d’Ouacif apparaissent comme des bastions essentiels pour la sauvegarde d’un patrimoine millénaire et son adaptation aux défis contemporains de l’édition et de la diffusion littéraire.

Mohand Seghir

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